JONES, DAVID ALLANSON, marchand, maître de poste, apiculteur et éditeur, né en 1836 dans le canton de Whitchurch, Haut-Canada, fils de Norman Jones, fermier, et de Theresa Jane Patterson ; le 3 février 1862, il épousa Jessie Arabella McPherson (décédée en 1908), puis Frances M. Barton (décédée en 1918) ; il n’eut pas d’enfants ; décédé le 20 novembre 1910 à Beeton, Ontario.
Dans sa jeunesse, David Allanson Jones s’installa aux États-Unis ; il travailla d’abord dans une ferme d’élevage de l’Illinois, puis fut dresseur de chiens et de chevaux. Ensuite, il vendit des livres et des arbres fruitiers. Comme aucune de ces tentatives n’avait particulièrement réussi, il retourna dans le canton de Whitchurch. Marié en 1862, il s’établit moins de deux ans plus tard au village de Clarksville, dans le comté de Simcoe, où il ouvrit un magasin général avec son frère, Lyman Melvin*. Vers 1867, il devint maître de poste ; il exercerait cette fonction jusqu’à sa mort. Peut-être en partie parce que Lyman Melvin alla s’installer à Brantford en 1873, il se désintéressa peu à peu de son commerce et le loua afin de pouvoir consacrer plus de temps à d’autres activités, principalement l’exploitation de la ferme de 50 acres qu’il avait achetée près de Clarksville en 1868.
En 1870, Jones avait obtenu d’une ferme voisine deux colonies d’abeilles dans des ruches Langstroth, ou ruches à rayons mobiles. Pionnier de l’apiculture aux États-Unis, Lorenzo Lorraine Langstroth avait mis ces ruches au point dans les années 1850 ; elles révolutionnèrent l’apiculture et stimulèrent la production à grande échelle. Jones se passionnait tant pour l’élevage des abeilles qu’il mit toutes ses énergies à créer une entreprise, qui prit plus tard le nom de D. A. Jones Company Limited. Le 15 juillet 1870, il breveta une ruche à double paroi dont l’intérieur était revêtu de fer-blanc et de verre, la ruche Jones Perfection. L’année suivante, il informa l’American Bee Journal de Philadelphie que, à partir de six ruchées, il avait « obtenu neuf ruchées et 1 707 livres de très beau miel ». « J’ai maintenant 16 ruchées, toutes en bonne santé, disait-il. Je procède à l’extraction tous les trois jours. » En 1880, le nombre de ses colonies s’élevait à 400 et sa production de miel atteignait les 70 000 livres ; Jones avait un contremaître apiculteur et plusieurs garçons comme assistants. George Lang, Frank Wesley Jones et R. F. Holtermann figurent parmi les nombreux apiculteurs éminents qui étudièrent d’abord avec lui. En 1890, la ferme de Jones comptait 1 000 colonies ; on disait que, de tous les apiculteurs de l’époque, c’était lui qui réussissait le mieux. En 1874, pour lui rendre hommage, on avait donné à Clarksville le nom de Beeton.
Jones importa des abeilles reproductrices d’Europe et du Moyen-Orient en vue d’améliorer la qualité de ses colonies. (Les abeilles domestiques n’étaient pas des insectes indigènes de l’Amérique du Nord, et il ne se contentait pas de capturer des abeilles sauvages, selon la coutume.) En janvier 1880, il se rendit à Chypre, en Syrie et en Terre sainte avec un ami, Frank Benton, du Michigan State Agricultural College. Les abeilles qu’ils recueillirent furent placées dans des cylindres d’argile et transportées dans une colonie de reproduction que Jones avait installée à Chypre. En juin, il se remit en route pour le Canada en emportant ses abeilles et aménagea des colonies de reproduction dans la baie Georgienne, sur des îles isolées. L’idée de faire de la reproduction était bonne, et Jones était en mesure de distribuer des abeilles dans toute l’Amérique du Nord, mais ces colonies ne furent pas une réussite commerciale et ne servirent que durant quatre ans.
Cet échec mis à part, tout alla bien pour Jones de 1880 à 1893. Il participa à la fondation de la Bee-Keepers’ Association of Ontario et en fut le premier président ; organisée en septembre 1880, cette société fut constituée juridiquement en 1886. Il lança le Canadian Bee Journal en 1885. L’usine qui produisait les ruches de son invention prit de l’expansion ; Jones se lança même dans la fabrication de portes et de châssis. En 1886, il figura parmi les producteurs canadiens qui présentèrent 30 000 livres de miel à la Colonial and Indian Exhibition de Londres. Cette production se vendit en totalité et rapporta un bénéfice.,
En 1893, le malheur frappa celui que l’on surnommait le « Roi canadien de l’abeille ». Le feu détruisit tout : son usine ainsi que les bureaux et la presse du Canadian Bee Journal et de deux autres publications lancées par Jones, le Canadian Poultry Journal and Pigeon Fancier et le Beeton World. Bien sûr, il avait encore ses ruches, mais peu après, elles furent contaminées par la pourriture du couvain, fléau des élevages d’abeilles de tout le continent dans les années 1890. Jones fit faillite.
À compter de 1893, David Allanson Jones se consacra à ses fonctions de maître de poste et au développement de Beeton, notamment en plantant des arbres le long des rues – des arbres que fréquentent les abeilles : de l’érable tendre, du tilleul, de l’orme. Il construisit une salle de réunion pour les agriculteurs, aménagea une patinoire et fit don d’un terrain à l’église presbytérienne St Andrew. L’esprit d’aventure qui l’avait caractérisé dans sa jeunesse lui revint peut-être à la fin de sa vie. Il projetait en 1900 d’aller prospecter l’Ungava, dans le nord de la province de Québec. À un moment donné, il acquit des terres à bois au nord de Parry Sound, en Ontario, et des actions d’une société de la région de Sudbury, la Mountain Mining Company Limited. Le fondateur de l’apiculture commerciale au Canada mourut en 1910, à l’âge de 74 ans, et fut inhumé au St Andrew’s Cemetery.
Le Canadian Bee Journal, de David Allanson Jones, a paru à Beeton, Ontario, à partir d’avril 1885 jusqu’à la destruction de la manufacture de Jones au cours de l’été de 1893 ; pendant plusieurs mois en 1889–1890, ce magazine a aussi été publié sous le titre Canadian Bee Journal Weekly and Poultry Weekly avant de paraître à nouveau sous le titre original. Plusieurs centaines d’entrées d’articles rédigés par Jones pour sa revue, répertoriées à partir d’exemplaires conservés à la MTRL, figurent dans Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald). Jones figure aussi dans Canadiana, 1867–1900 comme l’auteur d’un opuscule de 24 pages, The bee-keeper’s dictionary (Beeton, [1888]), « publié en rapport avec le Canadian Bee Journal », mais il semble qu’on ne trouve plus aucun exemplaire de ce texte.
On a commencé à publier une nouvelle série du Canadian Bee Journal en août 1893 à Brantford, Ontario ; R. F. Holtermann, ancien élève de Jones, en était rédacteur en chef.
AN, RG 31, C1, 1871, Tecumseth Township ; 1891, Beeton.— AO, F 977, cemetery records, St Andrew’s Presbyterian Church (Beeton) ; RG 8, I-6-B, 84 : 423–24 ; RG 22, Ser. 315, nos 5876, 6581, 9591.— Ontario Agricultural Museum Library and Arch. (Milton), « D. A. Jones memorial day, Beeton, Ontario, June 1, 1957 ».— Simcoe Land Registry Office (Barrie, Ontario), Tecumseth Township, abstract index to deeds (mfm aux AO).— J. H. Arnott, « Early history of beekeeping in Ontario » (mémoire, Ontario Agricultural College [maintenant Univ. of Guelph, Ontario], 1942).— Canadian Bee Journal (Brantford), nouv. sér., janv. 1911 : 14 ; notice nécrologique de Jones réimprimée à partir d’un autre journal de Brenton appelé aussi le Beeton World.— Dominion annual reg., 1880–1881 : 253.— U. P. Hedrick, A history of agriculture in the state of New York ([Albany, N.Y.], 1933 ; réimpr., New York, [1966]).— R. L. Jones, History of agriculture in Ontario, 1613–1880 (Toronto, 1946 ; réimpr., 1977).
Alan E. Skeoch, « JONES, DAVID ALLANSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jones_david_allanson_13F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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