JOHNSON, LULU MAE (Eads), artiste et propriétaire d’hôtel, née vers 1877 aux États-Unis, peut-être en Alabama ; décédée le 25 octobre 1918 en mer dans le canal de Lynn, Alaska.
Lulu Mae Johnson arriva au Yukon en 1899 avec une troupe d’artistes. C’était, dit-on, l’une des grandes beautés du Klondike. Elle fit de la scène dans les diverses salles de danse de Dawson jusqu’à ce que, en décembre 1904, elle accepte d’épouser son patron, Murray S. Eads. Arrivé à Dawson au début de la ruée vers l’or du Klondike, Eads n’avait pas tardé à s’établir comme tenancier de saloon et de salle de danse. Quand il fit la connaissance de Lulu Mae, il exploitait le Flora Dora. Ils continuèrent de tenir cette salle de danse pendant une dizaine d’années, en la rebaptisant Royal Alexandra pour faire plus respectable.
De l’aveu même de Murray S. Eads, la prostitution se pratiquait à l’occasion au Flora Dora, mais il affirmait que, quand la chose se produisait, il renvoyait toujours les principales personnes impliquées. En fait, le contraire était plus ou moins la règle. Ainsi, en 1907, Zachary Taylor Wood, du détachement local de la Police à cheval du Nord-Ouest, signala qu’une vingtaine de femmes avaient une chambre au-dessus du Flora Dora et qu’on les reconnaissait généralement comme des prostituées. Les policiers surveillaient de près les établissements de ce genre à Dawson et, cette année-là, ils accusèrent Lulu Mae Eads d’autoriser des « femmes oisives aux mœurs légères ou suspectes » à loger dans son établissement « dans le but de tenir compagnie aux hommes et de boire avec eux ». Elle seule fut arrêtée, peut-être parce que son nom figurait à la fois sur le permis de la salle de danse et sur le permis d’alcool, peut-être parce que son mari était hors de la ville. Quoi qu’il en soit, il est évident qu’elle dirigeait le Flora Dora à l’époque. On suppose que cet arrangement permettait à Murray S. Eads de s’occuper d’autres affaires et de protéger une partie de son actif.
En 1918, Lulu Mae Johnson Eads et son mari s’embarquèrent pour Seattle ; c’était leur premier voyage vers le sud depuis 20 ans. Lulu Mac emportait dans ses bagages 5 000 $ de bijoux. Pour leur malheur, ils avaient réservé des places à bord du Princess Sophia, vapeur de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique qui partait de Skagway, en Alaska. Le Sophia leva l’ancre le 23 octobre. Le lendemain matin, au cours d’une tempête, il échoua sur le récif Vanderbilt, dans le canal de Lynn. Le 25, pendant que la flotte de sauvetage se mobilisait, le Sophia coula avec ses 353 passagers et membres d’équipage. Chose étrange, Lulu Mae et son mari, certainement inquiets de partir en mer, avaient fait leur testament et exprimé leurs dernières volontés quelques jours seulement avant d’entreprendre cette funeste traversée.
AN, RG 31, C1, 1901, Dawson City, Yukon ; RG 85, 658, dossier 3417.— Yukon Arch. (Whitehorse), GOV 1313 (acc. 82.86, Canada, dép. des Affaires indiennes et du Développement du Nord, Div. des lieux hist. nationaux, V. A. B. Faulkner, « The Palace Grande Theatre, Dawson, Y.T. ») ; GOV 1684 (Yukon government records, YRG 1 (central registry files), sér. 1, vol. 74), dossier 78 (mfm aux AN, RG 91) ; GOV 1686 (YRG 1, sér. 1, vol. 76), dossier 8, no 578.— K. [S.] Coates et [W. R.] Morrison, The sinking of the « Princess Sophia » : taking the north down with her (Toronto, 1990).
Charlene Porsild, « JOHNSON, LULU MAE (Eads) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/johnson_lulu_mae_14F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |