JOHNSON, JOHN (Sakayengwaraton, Shakoyen·kwaréhton, généralement connu sous le nom de Smoke Johnson), un des chefs dénommés pine tree de la tribu des Agniers, né le 2 ou le 14 décembre 1792 dans l’établissement de Johnson, au nord-ouest de Cainsville, Haut-Canada, fils de Tekahionwake (Jacob Johnson) et de sa première femme ; en 1815, il épousa Helen Martin, fille du chef agnier George Martin* et de Catherine Rollston (Wan-o-wen-re-teh), Blanche d’ascendance hollandaise capturée par les Agniers durant son enfance, et ils eurent de nombreux enfants, dont George Henry Martin Johnson ; décédé le 26 août 1886 à la réserve de la rivière Grand, près de Brantford, Ontario.

Le père et la tante de John Johnson furent baptisés au fort Niagara (près de Youngstown, New York) en présence de sir William Johnson*, surintendant des Affaires des Indiens du Nord, qui suggéra, de toute évidence, de donner son nom de famille aux enfants et leur servit de parrain. Cependant, Jacob utilisa son nom de famille indien, Tekahionwake, durant toute sa vie. John Johnson fut le premier de sa famille à se présenter sous un nom anglais. Son nom indien signifie : « il a fait se dissiper la brume pour eux ». C’est donc la brume, appelée fumée (smoke) par les Agniers, qui est à l’origine du prénom sous lequel Johnson est généralement connu.

Agnier de pure race appartenant au clan de l’Ours, Johnson connaissait bien Joseph Brant [Thayendanegea*] avec lequel il fréquentait régulièrement l’église Mohawk, près de Brantford. Il combattit avec les Britanniques durant la guerre de 1812, prenant part en tant que jeune guerrier – sous la direction, probablement, de John Norton* – aux batailles de Queenston Heights, de Stoney Creek et de Lundy’s Lane. C’est de sa main, semble-t-il, que fut allumé l’incendie qui détruisit Buffalo, New York, le 30 décembre 1813. Ses actions militaires lui valurent par la suite une pension de $20 par mois.

En raison de sa personnalité et de son talent d’orateur, Johnson devint un homme important au sein de la communauté de la rivière Grand après la guerre. Sa connaissance de l’anglais et de la langue des Agniers le rendit indispensable à ceux qui se succédèrent au poste de surintendant des Indiens des Six-Nations, notamment Jasper Tough Gilkison, surintendant de 1862 à 1891 et un ami intime de son fils. Les liens établis lui permirent de devenir chef, sur une recommandation venant du gouvernement britannique par l’intermédiaire du département des Affaires indiennes. L’un des porte-parole du conseil de la rivière Grand durant plus de 40 ans, il mérita, par la superbe éloquence qu’il déploya dans le style oratoire traditionnel des Iroquois, d’être surnommé « The Mohawk Warbler » (fauvette des Agniers).

Lorsqu’en 1869 le jeune prince Arthur* fut fait un des chefs honoraires des Six-Nations, Johnson et Skanawati (le chef John Buck) furent désignés par le grand conseil pour diriger la cérémonie, durant laquelle le fils de Johnson, George Johnson, servit d’interprète. On peut dire que cet événement marqua la fin de la vie publique de Johnson, alors âgé de 76 ans. Demeurant tout de même actif physiquement et mentalement jusqu’à sa mort, à l’âge de 93 ans, il devint le « grand vieillard » de la communauté des Six-Nations.

Intéressé depuis longtemps aux traditions des siens, même s’il fut toute sa vie profondément attaché à la foi anglicane, Johnson avait la réputation, au début des années 1880, d’être le seul homme qui connaissait encore la signification de tous les éléments du Livre des rites iroquois. Il devait malheureusement perdre le dernier manuscrit de cet ouvrage vers la fin de sa vie. En 1832, Johnson avait fait une copie du Livre des rites à la demande d’un vieil homme qui possédait le seul exemplaire existant. Ce fut un geste heureux, car ce dernier exemplaire fut détruit dans un incendie peu de temps après. En 1883, le philologue Horatio Emmons Hale fit paraître un volume sur le Livre des rites en se servant de la copie de Johnson. L’année suivante, une Américaine, Mme Erminnie A. Smith, acheta le livre de Johnson pour $10 et refusa de reconsidérer l’achat, même si plusieurs des fils de Johnson s’élevèrent contre le fait que le vieux chef avait été induit en erreur. Le livre fut vendu avec gros profit à la Smithsonian Institution de Washington, où il se trouve encore aujourd’hui.

Au début de 1886, Johnson fut invité à présider à la pose de la pierre angulaire d’un monument élevé à la mémoire de Joseph Brant, à Brantford ; il déclina cet honneur par respect pour les traditions iroquoises relatives aux défunts. Il assista à la cérémonie le 11 août, mais ne vécut pas assez longtemps pour voir le dévoilement du monument qui eut lieu le 13 octobre ; il mourut le 26 août en faisant des travaux de jardinage par une chaude journée.

Johnson vécut sa jeunesse durant une époque heureuse de l’histoire des Six-Nations. Sa longue vie adulte débuta durant la dernière période des guerres indiennes dans l’est du Canada et se poursuivit pendant les années où des dangers d’un nouveau genre vinrent mettre en péril la culture des Indiens.

Douglas Leighton

AO, MU 1 143.— The Iroquois book of rites, H. [E.] Hale, édit. (Philadelphie, 1883 ; 2e éd., Toronto, 1963).— The valley of the Six Nations : a collection of documents on the Indian lands of the Grand River, C. M. Johnston, édit. (Toronto, 1964).— Mme W. G. Foster [A. H. Foster], The Mohawk princess, being some account of the life of Tekahion-wake (E. Pauline Johnston) (Vancouver, 1931).— C. M. Johnston, Brant County : a history, 1784–1945 (Toronto, 1967).— Walter McRaye [W. J. McCrea], Pauline Johnson and her friends (Toronto, 1947).— F. D. Reville, History of the county of Brant (2 vol., Brantford, Ontario, 1920).— A. I. G. Gilkison, « Reminiscences of earlier years in Brant », OH, 12 (1914) : 81–88.— E. H. C. Johnson, « Chief John Smoke Johnson », OH, 12 : 102–113 ; The Martin settlement », Brant Hist. Soc., Papers ([Brantford]), 1908–1911 : 55–64.

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Douglas Leighton, « JOHNSON, JOHN (Sakayengwaraton, Shakoyen·kwaréhton) (Smoke Johnson) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/johnson_john_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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