JANSON (Jeanson), dit Lapalme, DOMINIQUE, architecte, arpenteur, né le 2 avril 1701 à Québec, fils de Pierre Janson, dit Lapalme, et de Madeleine-Ursule Rancin, décédé le 27 mai 1762 à Québec.

La famille Janson, dit Lapalme, avait une solide tradition artisanale. Le chef du clan, Pierre Janson, dit Lapalme, maçon de Paris, fut amené au Canada par Mgr de Saint-Vallier [La Croix*], en 1688. Le séminaire de Québec engagea Janson par contrat et, pendant ce temps, il travailla à l’église paroissiale de Québec. Plus tard, il s’associa à Jean Le Rouge*, entrepreneur maçon, et entre autres entreprises, ils travaillèrent à l’érection de la porte Saint-Louis. Janson reçut une commission d’arpenteur en 1708 et, peu après, se rendit à Montréal où sa famille le rejoignit en 1710.

Pierre Janson, dit Lapalme, avait, de toute évidence, la réputation d’exceller dans la maçonnerie ornementale. En 1710, on lui confia l’achèvement de la façade inférieure de Notre-Dame de Montréal ; en 1712 puis en 1719, il travailla à la façade de la chapelle des récollets et au corps principal de l’église des jésuites à Montréal. Il fut également le constructeur et l’architecte de la deuxième église de Varennes, en 1718. Il ne subsiste aucun des ouvrages importants de Janson.

Pierre se maria trois fois et engendra 22 enfants. Parmi les sept fils qui atteignirent l’âge adulte, Christophe, Louis, Dominique, Charles et Philippe choisirent le métier de maçon. Cette solidarité professionnelle au sein d’une même famille était alors commune en France, mais beaucoup plus rare en Nouvelle-France où la liberté était plus grande. Dominique est celui qui connut la plus grande réussite. C’est probablement auprès de son père qu’il fit son apprentissage de maçon et de tailleur de pierre, et si l’on en juge par les contrats et les engagements que lui octroya la couronne, il était habile à dresser des plans. Le séminaire de Québec possède deux livres dont l’auteur est Augustin-Charles Daviler et qu’utilisait Dominique : L’architecture de Vignole avec les commentaires du S’ Daviler (Paris, 1720) et Explications des termes d’architecture (Paris, 1720).

Dominique était déjà, à 25 ans, maçon et entrepreneur indépendant à Montréal. En juillet 1726, il s’engagea à construire une maison de pierre à deux étages pour Pierre de Lestage « suivant les plans et dessins qui luy en seront fournis ». Le 12 février de la même année, Janson, qui s’intitulait « architecthe et Entrepreneur de massonnerie », épousa Marie-Joseph, âgée de 17 ans, fille de Pierre Couturier*, dit Le Bourguignon, constructeur de Montréal. En 1722, Louis, frère de Dominique, avait, lui aussi, contracté mariage avec une fille de Couturier, Jeanne-Charlotte.

Un programme de construction militaire mis sur pied dans les années 1730 contribua à la bonne fortune de Janson. Il était un constructeur de talent, mais les contrats privés n’apportaient que des bénéfices limités. En 1731, la couronne lui confia les travaux d’érection de trois des quatre grandes portes donnant accès à Montréal et la construction partielle des murs d’enceinte de la ville. L’intendant Gilles Hocquart* écrivit, le 18 octobre 1731 : « J’en ay acordé l’entreprise [celle des portes] au Sr La Palme qui l’executera suivant le devis du Sr [Gaspard-Joseph Chaussegrosi] DeLéry […] Le Sr LaPalme est un très bon ouvrier. »

Les travaux des fortifications se poursuivaient encore lorsque Lapalme reçut, en 1734, un des principaux contrats pour le fort Saint-Frédéric (Crown Point, N. Y.). À la fin de 1734 et au début de 1735, Janson recruta des maçons et des tailleurs de pierre à Québec et à Montréal. Pour exécuter ce grand projet, il signa des contrats avec des ouvriers carriers, des chaufourniers, des charretiers et un ouvrier préposé au mélange du mortier. Même s’il résidait toujours à Montréal, il fit de fréquents séjours au fort Saint-Frédéric entre 1735 et 1742. En 1742 on lui confia également certains travaux aux chapelles latérales de l’église Notre-Dame de Montréal.

Il exécuta sa plus importante entreprise de maçonnerie lors de la construction des portes et des guérites de Québec. À la suite de la chute de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), en 1745, on décida de terminer les défenses de Québec. Ces travaux se poursuivirent jusqu’en 1749. Dominique s’associa à Michel Denis et à ses propres frères, Philippe et Charles. Il y eut désaccord au sujet du partage des bénéfices et Charles se dissocia de l’entreprise en 1746.

Dominique reçut la reconnaissance officielle de la cour en 1751. Le 10 septembre, on lui décerna le titre d’« architecte du Roy » avec la commission suivante : « Tant pour servir sous nos ordres dans les differentes occasions du service, que pour La facilité des particuliers qui font batir des maisons. » Il n’y avait pas, semble-t-il, de nouvelles charges attachées à ce poste. Dominique servait déjà le public et la couronne en qualité de constructeur et d’architecte ; il continua, mais avec plus de fréquence, à agir en qualité d’arpenteur et d’estimateur officiel. Janson élit alors domicile à Québec. Sa femme mourut, sans lui avoir donné d’héritiers, quelques semaines après qu’ils eurent emménagé dans leur nouvelle maison de la rue de la Fabrique.

Le titre d’architecte du roi qui lui avait été décerné constituait pour Janson un tremplin pour accéder à la fonction plus prestigieuse de grand voyer intérimaire. En 1757 il remplissait les fonctions de grand voyer adjoint à Québec, c’est-à-dire, qu’il devait déterminer l’alignement des propriétés et leur bornage. Il exerça la fonction de grand voyer intérimaire depuis novembre 1758 jusqu’à sa mort, en 1762. Il ne laissa pas de descendant, son second mariage à Madeleine Trefflé, dit Rottot, veuve encore jeune de Luc Schmid, commerçant, ayant été également stérile.

La carrière de Dominique Janson apparaît comme l’heureux mariage de la compétence et de la chance. Tout comme Jean-Baptiste Maillou, dit Desmoulins, qui avait lui aussi été architecte du roi en Nouvelle-France, Dominique eut l’avantage de faire valoir son talent dans l’exécution d’ouvrages militaires. C’est ainsi qu’il se fit connaître du gouvernement et qu’il entra en lice pour une nomination officielle.

Pierre et Dominique Janson, dit Lapalme, ont tracé les plans d’un certain nombre des constructions qu’ils ont effectuées à titre privé mais leurs plus importantes entreprises furent le plus souvent exécutées d’après des plans que d’autres avaient établis. Leurs carrières montrent bien qu’en Nouvelle-France l’architecte n’était pas nécessairement celui qui traçait les plans du bâtiment qu’il construisait. L’appellation « architecte » était appliquée à un constructeur qui connaissait la terminologie de l’architecture et qui était en mesure de diriger les travaux de construction d’après les plans d’autrui.

Peter N. Moogk

AJQ, Registre d’état civil, Notre-Dame de Québec, 9 nov. 1751, 15 avril 1761, 29 mai 1762 ; Registre d’état civil, fort Beauharnois de la Pointe-à-la-Chevelure, 24 juill. 1735, 7 oct. 1742.— AN, Col., C11A, 55, pp. 183s. ; Section Outre-Mer, G3 (plusieurs originaux de contrats notariés pour la couronne furent apportés en France après la Conquête ; on en trouvera plusieurs dans les séries qui contiennent également les spécifications de Chaussegros de Léry au sujet des fortifications de Montréal et Saint-Frédéric.  [p. n. m.]) (copies aux APC).— ANQ, Greffe de R.-C. Barolet, 27 oct. 1734, 10 oct. 1747, 24 sept. 1751, 15 mai 1755 ; Greffe de Louis Chambalon, 18 déc. 1701, 28 févr. 1703, 10 juin 1704 Greffe de François Genaple de Bellefonds, 3 juin 1693 Greffe de J.-C. Panet, 24 août 1752, 12 avril 1761 ; Greffe de Simon Sanguinet, 26 oct. 1751, 20 juin 1755 ; AP, Dominique Janson-Lapalme ; NF, Coll. de pièces jud. et not., 1325, 1836, 1895, 1924.— ANQ-M, Greffe de J.-B. Adhémar, 12, 14, 22 nov. 1734, 3 mai 1735 Greffe de N.-A. Guillet de Chaumont, 8, 9, sept. 1732 ; Greffe de Michel Lepailleur, 11 févr. 1726, passim ; Greffe de J.-C. Raimbault, 27 févr. 1729, 9 mai 1731, 18 sept. 1732, 26 mars 1735 ; Greffe de Pierre Raimbault, 7 juill. 1726.— APC, MG 24, L3, pp. 22 253–22 258, 22 409–22 416, 22 460–22 464, 25 714–25 717, 25 910–25 913 (ce sont des contrats de vente ou d’achat de propriétés par Pierre et Dominique Janson Lapalme passés devant des notaires de Montréal au cours de la période 1715–1718.— ASQ, Seigneuries, VIII : 20, 20A ; Séminaire, XXXVII : 88, 89 ; Séminaire, CCII : 122.— L’île de Montréal en 1731 (A. Roy), 43.— Inv. des papiers de Léry (P.-G. Roy), II : 89.— É.-Z. Massicotte, Maçons, entrepreneurs, architectes, BRH, XXXV (1929) 139s.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 17171760, IV 302 ; V : 189 ; Inv. ord. int., II : 232 ; III : 87, 159.— Pierre Mayrand, Sources de l’art en Nouvelle-France (Québec, 1963).— Gowans, Church architecture in New France, passim.— Gérard Morisset, L’architecture en Nouvelle-France (Québec, 1949), 133.

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Peter N. Moogk, « JANSON (Jeanson), dit Lapalme, DOMINIQUE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/janson_dominique_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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