JACQUET (Jacquiers), François, potier, né probablement à Bourgoin-Jallieu, France, vers 1731, fils de Joseph Jacquet, faïencier, et de Louise Giroux, décédé après 1777.
Arrivé au Canada comme soldat dans les troupes de la Marine, François Jacquet fut licencié le 2 décembre 1751. Le 10 janvier suivant il épousait, à Québec, Élisabeth Bourget. Son contrat de mariage passé la veille devant le notaire Gilbert Boucault* de Godefus nous apprend qu’il habitait chez la veuve Fornel [Marie-Anne Barbel]. « en qualité de poitier », ce qui permet de supposer qu’il avait fait son apprentissage en France auprès de son père. Le 31 mai 1752, Jacquet s’engagea par contrat à travailler au service de Marie-Anne Barbel pendant trois ans. mais dès la fin de l’été les problèmes surgirent. Jacquet voulut quitter la boutique, située près de la rivière Saint-Charles, alléguant que « le Batiment qui est la Potterie est inhabitable [...] que la ditte maison menace ruyne et qu’elle est percée de touttes parts estant croisée ». Au début de l’hiver il se plaint que « la terre [...] en la ditte potterie est tellement gelée qu’elle ne peut servir à l’usage pour laquelle elle est destinée ».
Bon gré, mal gré, Marie-Anne Barbel dut se passer des services de son potier car ce dernier entra en société avec le marchand Pierre Révol* le 18 novembre 1752. D’après le contrat, Révol avançait la somme de 2 913# 14s. pour acheter de la terre et les « ustancilles nécessaires pour la faire valoir » tandis que Jacquet s’engageait à travailler pour lui durant cinq ans, les profits et pertes devant être partagés également entre les deux hommes. Cette société dura à peine deux ans puisque le 16 mars 1755 Jacquet s’associait avec Jean Teissier pour fabriquer de la brique et engageait, « en qualité de briquetier, Pierre Fournier, habitant de Cap-Rouge ». Cette nouvelle association fut rompue le 2 juillet suivant.
Entre 1752 et 1766, François Jacquet acquit quelques terrains sur la rive droite de la rivière Saint-Charles. C’est là qu’il établit sa boutique, utilisant, semble-t-il, l’argile qu’il trouvait sur place. Rien n’indique qu’il forma des apprentis, mais il engagea en 1757 Joseph François, dit Saint-François, « pour et en qualité de compagnon potier ». et, en 1763, un potier du nom de Jacob Steinner. À partir de 1762. sans doute à cause de l’arrêt des importations françaises, Jacquet passa de nombreux contrats avec des marchands de Québec – entre autres avec François Dambourgès – pour fabriquer de la poterie. On lui commandait surtout des terrines, des assiettes et des plats de toute sorte. Plusieurs objets datant de cette époque ont été retrouvés. mais on ne peut lui en attribuer aucun avec certitude.
Tout laisse supposer qu’au printemps de 1770 Jacquet fut aux prises avec des difficultés financières. Il céda une partie de sa terre en mars et peu après toutes ses propriétés furent saisies : ce qui lui restait de sa terre et les bâtiments qui s’y trouvaient, c’est-à-dire deux maisons, une grange et une boutique avec un fourneau. En avril, il engagea une poursuite contre un certain Guillot Poulin pour se faire payer des poteries. Sa situation ne semble pas s’être améliorée par la suite puisqu’au mois de septembre il signait une obligation de 1 739# 19s. envers Gabriel Messayé, boulanger de Québec. Il quitta probablement cette ville à cette époque pour s’installer à Montréal. Le 18 octobre 1777, il fit dresser l’inventaire de sa boutique, située dans le faubourg Saint-Joseph, à la suite du départ précipité de son associé, un certain Joseph, « irlandais de nation ». On y trouva un grand nombre de terres cuites, dont des bols à soupe, des pots de chambre, des terrines, des pots à beurre. des soupières, des plats, et un restant de « terre pilée ». C’est la dernière mention que nous ayons de François Jacquet ; la date et le lieu de son décès demeurent inconnus.
François Jacquet avait été l’un des rares potiers établis en Nouvelle-France. Les importations massives en provenance de France expliquent sans doute cet état de fait. En 1747, le port de La Rochelle exportait vers les Antilles, la Louisiane et le Canada 250 000 livres de terres cuites et, en 1758. 51 000 livres. Cet artisanat ne prit son véritable essor qu’après la Conquête et une meilleure connaissance de la carrière de Jacquet permettrait peut-être de mieux l’illustrer.
En collaboration avec Michel Gaumond
AMHDQ, Papier terrier. Quartier Saint-Sauveur. Procès-verbal du terrain des pauvres [...]. 18 août 1762. no 4, ff.62. 63.— ANQ-M. Doc. jud.. Cour de, plaidoyers communs. Registres. 1770–1785 : Greffe d’Antoine Foucher. 18 oct. 1777.— ANQ-Q. État civil. Catholiques, Notre-Dame de Québec, 10 janv. 1752 ; Greffe de Claude Barolet, 20 déc. 1752 : Greffe de Gilbert Boucault de Godefus, 9 jans.. 26 juill. 1752, 21 août 1753, 16 mars 1755 ; Greffe de C.-H. Du Laurent. 31 mai 1752, 20 mai 1757 ; Greffe de Claude Louet. 13 déc. 1764 ; Greffe de F.-E. Moreau, 14 mai, 1er sept., 21 nov. 1764, 15 mai 1765 ; Greffe de J.-C. Panet, 18 nov. 1752 ; Greffe de J.-A. Saillant, 28 oct. 1762 ; Greffe de Simon Sanguinet, 2 sept. 1763, 7 mars, 12 sept. 1770 ; NF 19, 100, f.41v. ; QBC 28, Conseil militaire, 1er, 11 avril 1761.— Archives privées, J.-P. Cloutier (Prescott, Ont.), Lettre de Jean Chapelot.— IBC, Centre de documentation, Fonds Morisset, Dossier François Jacquet.— La Gazette de Québec, 10 mai 1770.— P.-G. Roy, Inv. jug et délib., 1717–1760, V : 249s. ; Inv. procès-verbaux des grands voyers, II : 247.— Tanguay, Dictionnaire.
En collaboration avec Michel Gaumond, « JACQUET (Jacquiers), François », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jacquet_francois_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
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