ISBISTER, WILLIAM, marin et charpentier au service de la Hudson’s Bay Company, circa 1739–1751.

Un certain William Isbister, manœuvre, qui se trouvait au fort York (York Factory, Man.) et qui fut envoyé en Angleterre en 1735, ne semble pas être le même personnage qui fait l’objet de cette biographie ; le William Isbister qui nous occupe fut engagé en qualité de marin par la Hudson’s Bay Company, en 1739, et servit pendant trois ans à bord du sloop Eastmain stationné au fort Albany. Pendant la saison 1742–1743, il se trouvait au fort Moose (Moose Factory, Ont.) et travaillait à la réparation du sloop Beaver. En juillet 1743, son frère Joseph* le rappela à Albany ; ce dernier, de son propre chef, avait décidé de fonder le premier poste de la compagnie, à l’intérieur du continent.

Le commerce du printemps avait été désastreux à Albany, en 1743. Des traiteurs français avaient établi un camp au confluent des rivières Kenogami et Albany, et avaient arrêté au passage les Indiens qui se rendaient à la baie. Même les Cris (Home Indians), qui habitaient le plus près de la baie, arrivèrent vêtus d’étoffes françaises. Ils firent savoir que les commerçants comptaient revenir et construire un poste permanent. S’il fallait qu’il en fût ainsi, écrivait Joseph Isbister, « alors, il ne nous resterait plus qu’à fermer boutique et rentrer ». Ainsi il commença à ériger Henley House sur le côté nord du confluent.

Le 16 juillet 1743, William fut nommé commandant de Henley et envoyé en haut de la rivière pour achever le projet. Le comité de Londres émit des instructions sévères, stipulant que la fonction du poste était d’empêcher les Français de détourner à leur avantage les Indiens en route pour Albany. Le commerce à Henley devait être réduit à son minimum : il devait s’en faire en hiver seulement et pour les articles de première nécessité comme la poudre et les balles. Pour leur part, les Indiens ne pouvaient absolument pas comprendre pourquoi ils devaient faire le long trajet jusqu’à Albany.

L’isolement du lieu et la crainte d’une attaque de la petite garnison par les Indiens ou les Français ont pu contribuer à provoquer chez William une attaque de ce qu’aujourd’hui on appellerait le delirium tremens, à l’automne de 1745. Joseph signala que son frère « était tombé malade, frappé de délire et d’une sorte de folie [...] et saisi de frayeur ». En réalité, William, par suite de l’abus continuel de l’alcool, avait perdu la raison et menacé de faire sauter Henley avec de la poudre à canon. Ses hommes le maîtrisèrent et l’amenèrent, menottes aux mains, à Albany, où il divagua toute la nuit. Lorsqu’il recouvra ses esprits, Joseph le renvoya à Henley.

Pendant les quelques années qui suivirent, William montra plus de modération dans la consommation d’eau-de-vie, même si la situation au poste demeurait pénible. Des trafiquants français passèrent l’hiver 1745–1746 en haut de la rivière et s’approprièrent tout le commerce avec les Indiens des régions du haut. Au cours de juin et juillet 1746, les hommes durent demeurer à l’intérieur du poste à Henley dans l’expectative d’une attaque qui n’eut pas lieu. William eut une rechute en 1749 lorsqu’il défonça une barge remplie de marchandises destinées au poste, alors qu’abruti par l’alcool il tenait la barre. Plein d’optimisme, il avait demandé une augmentation de salaire qui entrerait en vigueur en 1750, mais la compagnie la lui refusa. En juin 1750, on fit savoir, qu’intoxiqué par l’eau-de-vie, il était devenu hors de lui, et les hommes du poste déclarèrent qu’ils préféraient retourner en Angleterre plutôt que de passer encore un an avec lui. Il rentra en Angleterre de son plein gré, en 1751. S’il n’en avait pas été ainsi, le comité de Londres se disposait à le rappeler à cause de son « abrutissement et de sa mauvaise conduite ».

George E. Thorman

HBC Arch. A.6/6, f.33d ; A.6/7, ff.16, 34, 70d, 76, 103d–105, 155, 161 ; A. 6/8, f.63d ; A.11/2, ff.111d, 116, 121, 124d, 128, 132d, 136, 140–141, 146, 148–148d ; B.3/a/29–43, B.3/b/1, B.3/d/48–58, B.59/a/4–6, B.86/a/1–7.— HBRS, XXV (Davies et Johnson) : 326.— Rich, History of the HBC, I.

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George E. Thorman, « ISBISTER, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/isbister_william_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024