INCH, JAMES ROBERT, éducateur, né le 29 avril 1835 à New Jerusalem, Nouveau-Brunswick, huitième des neuf enfants de Nathaniel Inch et d’Ann Armstrong ; le 26 juillet 1854, il épousa probablement à Fredericton Mary Alice Dunn (décédée en 1904), et ils eurent une fille ; décédé le 13 octobre 1912 à Amherst, Nouvelle-Écosse.

Les parents de James Robert Inch avaient quitté Ederney Bridge (Irlande du Nord) avec leurs trois premiers enfants en 1824 pour s’établir à New Jérusalem, qui se trouvait alors en plein bois. Inch fit ses études au village et à la grammar school de Gagetown, non loin de là. Puis il passa à l’école normale de la province à Saint-Jean, où il reçut en 1850 un brevet d’enseignement de première classe. Il commença sa carrière à Keswick, puis accepta en 1854 d’enseigner dans les sections masculine et féminine de la Wesleyan Academy de Mount Allison à Sackville. En 1862, lorsque le Mount Allison Wesleyan College ouvrit ses portes, il se joignit au corps professoral tout en s’inscrivant comme étudiant. En 1864, l’année où il reçut sa licence ès arts, il devint vice-directeur de l’école des dames. En 1869, deux ans après avoir obtenu sa maîtrise ès arts, il accéda à la direction de cette école.

Inch appartenait au conseil du collège en tant que directeur de l’école lorsque, en 1872, il présenta la proposition suivante : « les dames qui ont réussi les examens d’admission et suivi le programme prescrit par [le] conseil ont le droit de recevoir les diplômes en arts et dans [d’autres] disciplines aux conditions qui régissent ou régiront dans l’avenir les collégiens de sexe masculin ». Cette proposition ayant été adoptée, Mount Allison décerna en 1875 à Grace Annie Lockhart la première licence (en sciences et en littérature anglaise) obtenue par une femme dans tout l’Empire britannique. Sept ans plus tard, une autre étudiante, Harriet Starr Stewart, devint la première femme à obtenir une licence ès arts au Canada. Entre-temps, soit en 1878, Inch avait succédé à David Allison* à la direction du collège, qui, la même année, lui avait décerné un doctorat honorifique en droit. En qualité de directeur, il lança un modeste programme de construction. La chose était nécessaire notamment à cause de l’augmentation du nombre d’étudiants (les inscriptions passèrent de 41 en 1878 à 107 en 1891), mais Inch voulait aussi de meilleures installations pour l’enseignement. Le pavillon des arts et de l’administration ouvrit ses portes en 1884. Le conservatoire de musique fut construit en 1891, peu avant le départ d’Inch.

Au fil des années où il appartint au corps professoral des divers établissements de Mount Allison, Inch enseigna la rhétorique, le français, l’allemand, la logique, la littérature anglaise et la philosophie intellectuelle. Éducateur populaire et respecté, il était toujours prêt à aiguillonner ses étudiants. Un jour, quand il était directeur de l’école des dames, il visita une classe où l’on tentait d’identifier la source de citations célèbres. De manière tout à fait impromptue, il en ajouta une. Elle était dans la même veine que les autres, mais les étudiantes ne purent en retracer l’origine. Elle provenait du livre des Juges.

De confession méthodiste, Inch participait activement à la vie de sa congrégation et de son Église. Il fut délégué à toutes les conférences générales du Canada de 1878 à 1910. En outre, il assista à titre de membre aux conférences œcuméniques méthodistes qui se tenaient tous les dix ans, soit celle de 1891 à Washington, celle de 1901 à Londres et celle de 1911 à Toronto.

En 1891, Inch accepta le poste de surintendant en chef de l’Éducation du Nouveau-Brunswick, qui incluait la présidence du conseil de la University of New Brunswick, et il s’installa à Fredericton. Tout au long de son mandat, il s’employa à rehausser les normes dans les écoles, à améliorer la situation financière des enseignants, à encourager, voire à obliger les districts scolaires à assumer plus de responsabilités dans l’éducation et à augmenter le financement local des écoles. La plus grande partie du xxe siècle s’écoula avant que bon nombre des programmes recommandés par Inch soient réalisés.

On put bientôt constater qu’Inch avait du jugement et qu’il voyait loin. D’abord, en 1891, il proposa que les grammar schools dont l’équipement ne répondait pas à certains critères et qui n’avaient pas un certain nombre d’élèves avancés perdent leur statut de grammar schools et subissent ainsi une réduction de subventions. L’année suivante, il recommanda d’ajouter à l’école normale une section jardin d’enfants et réglementa les examens imposés à la sortie des grammar schools et les examens d’admission à l’université. Dès 1893, les candidats à l’école normale, de même que les instituteurs souhaitant se soumettre à des tests préliminaires en vue d’obtenir un brevet plus élevé, pouvaient passer des examens en dehors de Fredericton. En éliminant les frais d’un voyage dans la capitale, Inch espérait encourager un plus grand nombre de personnes à opter pour la carrière d’enseignant et à se perfectionner par la suite. Par ailleurs, en 1894, il mit en œuvre un programme révisé dans toutes les écoles et instaura pour la première fois un programme autorisé pour le secondaire.

En 1896, Inch recommanda de regrouper les districts scolaires. Ils étaient alors au nombre de 1 600 ; certains comportaient une seule classe et à peine une demi-douzaine d’élèves. Les districts regroupés auraient des écoles plus grandes ; on financerait, à même les deniers publics, le transport des élèves qui habitaient trop loin de l’école pour s’y rendre à pied. Inch espérait également que la fusion atténuerait le problème des bas salaires des enseignants et encouragerait par le fait même des personnes qualifiées à demeurer dans la profession. Dès 1899, il pressait la province de prendre l’initiative du regroupement car, autrement, rien ne changerait à cause de l’apathie des contribuables des districts. Sa prédiction était juste : en 1908, on comptait seulement quatre écoles regroupées. Inch recommanda aussi que la fréquentation scolaire soit obligatoire ; l’Assemblée législative suivit son conseil en adoptant en 1906 une loi à ce sujet. Cependant, comme les districts scolaires étaient libres de l’appliquer, cette loi demeura lettre morte, seuls Fredericton et Saint-Jean faisant des efforts pour la faire respecter.

En 1909, à cause de son âge et de son état de santé, James Robert Inch abandonna son poste et retourna vivre à Sackville. La même année, la University of New Brunswick lui décerna un doctorat honorifique en droit et l’Assemblée lui octroya un an de salaire, soit 2 500 $, « en récompense de ses longues [années] de précieux services ». Sa compétence avait été largement reconnue. En 1876, il avait été nommé fellow et membre du conseil de la University of Halifax. En 1886, il avait été élu vice-président, pour le Nouveau-Brunswick, de l’American Institute of Christian Philosophy. En 1895, il était devenu vice-président de la Dominion Educational Association. En 1905, il avait été admis au Bureau de géographie du Canada. Deux ans plus tard, il avait été délégué à la Conférence fédérale sur l’éducation tenue à Londres par la League of the Empire. Il mourut à Amherst en octobre 1912, à la suite d’une intervention chirurgicale.

Graeme F. Somerville

James Robert Inch est l’auteur de « Historical sketch of education in New Brunswick », dans Canada, an encyclopædia (Hopkins), 3 : 225–234. Ses rapports à titre de surintendant en chef figurent dans N.-B., Dept. of Education, Annual report of the schools of New Brunswick (Fredericton), 1891–1909.

APNB, RS160, L4, c : 177.— Mount Allison Univ. Arch. (Sackville, N.-B.), 7719 (Dorothy Hunton papers) ; 7729 (A. P. James, [History of Mount Allison’s presidents], based on research paper for History 4100, 1976) ; Biog. files, « James Robert Inch » (s.d.) ; Mount Allison Univ., Board of regents, minutes of meetings ; Senate, minutes of meetings.— Morning Telegraph (Saint-Jean), 12 juill. 1866.— Tribune (Sackville), 14, 17 oct. 1912.— The Inch family of Ulster, Ireland, and New Brunswick, Canada, J. R. Inch, compil. (Sackville, 1912).— N.-B., Acts, 1909, c. 15.— J. G. Reid, Mount Allison University : a history, to 1963 (2 vol., Toronto, 1984).

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Graeme F. Somerville, « INCH, JAMES ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/inch_james_robert_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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