HUTCHINSON, JENNIE PHELAN (MacMichael), réformatrice et partisane du suffrage féminin, fille de Robert Hutchinson ; le 20 juin 1878, elle épousa à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, Charles Edward Hill MacMichael, et ils eurent une fille et deux fils ; décédée le 14 décembre 1902 dans la même ville.
Jennie Phelan Hutchinson MacMichael, que l’on a qualifiée de femme « aux exceptionnels talents d’organisatrice », fut l’une des initiatrices des sections néo-brunswickoises de l’Order of the King’s Daughters and Sons et de la Dominion Women’s Enfranchisement Association. Les King’s Daughters, organisation semblable, quant aux buts, à la Young Women’s Christian Association, firent leur apparition aux États-Unis en 1886. Des cercles s’organisèrent à Saint-Jean en 1888, et dès 1891 existait la Saint John City Union, dont Jennie Phelan MacMichael était présidente. En juin 1891, l’union fonda la King’s Daughters Guild, cercle où l’on donnait aux filles des leçons d’art culinaire, de dactylographie et de couture, où les mères tenaient des réunions et où s’accomplissait du « travail éducatif » sous d’autres formes. On y trouvait aussi un bureau de placement. En plus, les King’s Daughters offrirent bientôt des services d’aide aux nécessiteux et d’accueil aux jeunes immigrantes qui arrivaient à Saint-Jean par bateau ou par train. C’est sous l’impulsion de Jennie Phelan MacMichael que la guilde acheta un immeuble de trois étages et en fit son siège social en 1899. À son décès (elle mourut subitement pendant qu’elle se dévouait auprès des victimes de l’épidémie de variole de 1902), on forma à sa mémoire, à Saint-Jean, le Jennie MacMichael Circle des King’s Daughters.
Jennie Phelan MacMichael fut aussi l’une des fondatrices du cercle de suffragettes qui devint la section néo-brunswickoise de la Dominion Women’s Enfranchisement Association. Créé en 1894, ce petit groupe de 18 suffragettes, bien que de milieu respectable, affronta « indifférence et hostilité » dans sa lutte pour le suffrage féminin. Il servit toutefois de « porte-étendard » à cette réforme dans la province, car, comme le note Elspeth Tulloch, ce fut « la première et unique société d’envergure provinciale à se consacrer exclusivement à la cause du vote des femmes ». En 1899, la Women’s Enfranchisement Association de Saint-Jean, malgré le petit nombre de ses membres, réussit à faire signer par 4 000 personnes une pétition en faveur du suffrage féminin, qu’elle remit à l’Assemblée. Elle obtint cependant un succès plus immédiat en demandant la nomination d’une femme au bureau local des commissaires d’écoles. Bien des adhérentes de la Women’s Enfranchisement Association étaient liées au mouvement de tempérance, mais dès 1899, l’Union chrétienne de tempérance des femmes du Canada et l’association ne partageaient plus les mêmes orientations. La première défendait l’idéologie essentiellement conservatrice du féminisme maternel, c’est-à-dire le principe selon lequel les qualités supérieures de la féminité rendaient les femmes, en tant que mères, plus aptes que les hommes à diriger la société. Pour elle, le suffrage féminin n’était qu’un moyen de protéger la famille, surtout par l’institution de la prohibition. Par contre, la Women’s Enfranchisement Association s’intéressa à la théorie politique, débattant, à ses réunions, le collectivisme, le socialisme et les questions comme l’égalité des salaires pour un travail de valeur égale. On peut supposer que l’association était assez mal vue, car, dans la notice nécrologique de Jennie Phelan MacMichael, on mentionna qu’elle avait appartenu aux King’s Daughters et à l’Union chrétienne de tempérance des femmes du Canada, mais non à la Women’s Enfranchisement Association.
Jennie Phelan Hutchinson MacMichael était en mauvaise santé depuis quelque temps lorsqu’elle mourut, et elle avait subi, à l’occasion, des accès de maladie grave. Ses obsèques eurent lieu à l’église méthodiste Centenary, congrégation dont elle était devenue membre en 1874 et à laquelle elle s’était dévouée en s’occupant de l’école du dimanche, de la section de conférences et de la Woman’s Missionary Society.
On trouve un portrait de Jennie Phelan Hutchinson MacMichael à la page 413 de l’ouvrage de Gugle mentionné ci-dessous. Elle figure aussi dans une photographie de 1896 du personnel de l’école du dimanche de la Centenary Church reproduite dans Milestones in Methodism : a history of Centenary-Queen Square United Church of Canada, Saint John, N.B., 1791–1966, F. D. MacLean et M. G. MacCollum, compil. ([Saint-Jean], 1967).
Musée du Nouveau-Brunswick, Women’s Enfranchisement Assoc. of Canada, Saint John branch, minute-books, 1894–1912 ; Women’s Interchurch Council of Saint John (anciennement la Women’s Missionary Soc. of Saint John), minutes, 1 (1897–1906).— Daily Telegraph (Saint-Jean), 2, 9 juin 1899.— St. John Daily Sun, 15 déc. 1902.— S. F. Gugle, History of the International Order of the King’s Daughters and Sons, year 1886 to 1930 (s.l., 1931), particulièrement 410–415.— Elspeth Tulloch, We, the undersigned : a historical overview of New Brunswick women’s political and legal status, 1784–1984 (Moncton, N.-B., 1985), 41–45.
Cheryl Krasnick Warsh, « HUTCHINSON, JENNIE PHELAN (MacMichael) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hutchinson_jennie_phelan_13F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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