HUNT, JAMES, voilier, fonctionnaire, homme d’affaires et homme politique, né le 9 septembre 1779 à Dartmouth, Angleterre, fils de Thomas Hunt ; en avril 1817, probablement à Kingsbridge, Devon, il épousa Mary Sloat Garland, et ils eurent au moins un fils et deux filles ; décédé le 1er avril 1847 à Québec.

Arrivé de Dartmouth en juin 1803, James Hunt loua immédiatement un atelier rue du Cul-de-Sac, près de la Place, dans la basse-ville de Québec. Il y ouvrit une voilerie et, comme la construction navale commençait à peine à prendre son essor, il eut d’abord peu de concurrents. En juillet 1804, on le nomma constable dans la basse-ville, ce qui peut être un indice de son physique imposant. Probablement était-il le « M. Hunt » qui confectionna des voiles pour le Wolfe, sloop de la marine construit à Kingston, dans le Haut-Canada, pendant la guerre de 1812. Il fit l’acquisition d’un atelier sur la Place en 1815, puis en acheta un deuxième en 1818, rue Saint-Pierre, où il prit quatre apprentis dans « l’art et les secrets du voilier ».

Hunt était un parent « éloigné » du deuxième associé de la Newman, Hunt and Company de Londres, pierre angulaire d’un complexe remarquablement ancien et solide de sociétés formées à Dartmouth. Elle faisait affaire en Angleterre, en Irlande, au Portugal, en Espagne, dans les deux Amériques et en Afrique orientale ; elle occupait également une place particulièrement importante dans le commerce terre-neuvien. La compagnie considérait Hunt comme « un personnage très respectable », et elle résolut vers 1820 de recourir à ses services « chaque fois » qu’elle avait des transactions à faire à Québec. Naguère d’avis que la concurrence dans le commerce des vins y était trop serrée, elle révisa sa position et se mit à lui expédier chaque année des cargaisons de son célèbre porto. Les associés se plaignirent d’abord de leur nouveau collaborateur, qui avait franchi le cap de la quarantaine mais en était à ses premières armes dans ce domaine. Selon eux, il interprétait mal leurs instructions ou « pass[ait] outre comme si elles n’avaient pas existé » et il n’appliquait pas les « méthodes [...] en vigueur dans les maisons de commerce ordinaires ». Mais Hunt sut s’adapter, et le porto de la compagnie fut bientôt une boisson de consommation courante dans les mess de la nombreuse garnison de Québec. Souvent sur le conseil de Hunt, la compagnie ajouta peu à peu à ses envois des produits méditerranéens, du madère et du cognac, du rhum, de la mélasse et du sucre des Caraïbes, du charbon de Newcastle, du fer suédois, du cuivre et du plomb. Hunt, de son côté, lui expédiait des produits forestiers et des comestibles, en particulier de la farine et du « porc du Canada ». Cependant, la compagnie n’en retirait guère de bénéfices : sa succursale terreneuvienne « n’aim[ait] pas » les bardeaux du Bas-Canada, les douves destinées aux tonneaux de ses ateliers d’Oporto, au Portugal, étaient jugées d’un bois « bien vert » par rapport aux douves américaines, et la farine, parfois « sure », se vendait « très mal ».

Apparemment, Hunt réceptionna et vendit des cargaisons, au moins jusqu’en 1835, au quai Rayner, près de la rue du Cul-de-Sac. En 1826, il acheta des docks sur la rivière Saint-Charles, au bout de la rue Saint-Paul, mais il les loua à bail. En 1837–1838, il fit l’acquisition du quai Hunt, auparavant propriété de son frère Thomas, important architecte et constructeur de Québec à qui le quai devait probablement son nom. Considéré comme le troisième quai de la ville en termes de valeur, il comptait « plusieurs entrepôts spacieux » et bureaux loués à de gros marchands et à la St Lawrence Steamboat Company. Petit à petit, Hunt acheta d’autres propriétés autour de ses ateliers et de ses quais. Ainsi, dans les années 1820, il devint propriétaire de plusieurs lots, souvent voisins, dans les rues du Cul-de-Sac, Saint-Pierre et Sous-le-Fort, et d’autres rue Saint-Paul (avec William Henderson, l’un des pionniers de l’assurance à Québec), rue du Sault-au-Matelot et à proximité du marché Saint-Paul. En même temps qu’il s’appropria le quai Hunt, il fit l’acquisition d’un îlot de propriétés qui s’étendait de ce quai à la rue Saint-Pierre, d’un autre îlot dans la haute-ville, face au glacis de la citadelle, et de la « Competence Farm » sur la Saint-Charles. À cela s’ajoutaient encore des lots dispersés dans les faubourgs Saint-Jean et Saint-Roch, et rue Champlain en bordure du Saint-Laurent, ainsi qu’une ferme et une scierie dans le canton de Stoneham, au nord de Québec. Il loua à bon prix plusieurs de ces propriétés, aménagées en magasins, auberges ou établissements commerciaux d’un autre type. Hunt avait aussi plusieurs caves voûtées dans lesquelles lui et ses locataires gardaient des vins. Son importance dans le milieu des affaires à compter des années 1820 est évidente : il faisait partie des conseils d’administration du Bureau d’assurance de Québec, de la Compagnie d’assurance de Québec contre les accidents du feu et de la Banque de Québec et était actionnaire de la Banque de la cité (à Montréal), de la Banque de l’Amérique septentrionale britannique, de la Welland Canal Company, de la Compagnie des propriétaires du canal de Chambly et de la Compagnie de la navigation par la vapeur entre Québec et Halifax, entre autres. En 1840, on le nomma conseiller municipal.

Riche et en bonne santé, James Hunt commença, à l’âge de 60 ans, à ralentir son rythme. En 1840, il confia à un employé de longue date, William Hunt, la moitié des actions et la gestion de sa voilerie qui, sous le nouveau nom de James Hunt and Company, continua ses activités dans ses deux ateliers initiaux. Quatre ans plus tard, il transféra son entreprise commerciale à l’un de ses gendres, Weston Hunt, qui en réinstalla le siège social au quai Hunt. Après avoir vécu 40 ans dans le bruit et la foule de la Place, Hunt s’installa dans l’une de ses maisons confortables et tranquilles situées en face de la citadelle, qu’il remplit de meubles de qualité et d’une multitude de livres ; quatre véhicules occupaient une partie des écuries. Au moment de sa mort, il touchait encore des loyers sur ses propriétés ; de plus, sa voilerie lui devait £5 000, et des chefs de file de nombreux secteurs commerciaux de Québec, dont le marchand de bois William Price*, l’homme d’affaires John William Woolsey*, le quincaillier François-Xavier Méthot*, ainsi que l’ancien constructeur de navires John Saxton Campbell*, lui devaient en tout près de £26 000. La famille Hunt continua de prospérer après la mort de James ; dans les années 1880, on disait d’elle qu’elle comptait parmi les plus gros propriétaires immobiliers de la ville.

A. J. H. Richardson

ANQ-Q, CE1-61, 3 avril 1847 ; CN1-16, 20 janv. 1815 ; CN1-49, 9 nov. 1818, 19 avril 1819, 7 mai 1840 ; CN1-67, 7 mai 1840 ; CN1-116, 30 mars 1821, 22 avril 1829 ; CN1-188, 19 févr. 1827 ; CN1-197, 27 oct. 1819, 1er juill., 20–21 nov. 1820, 1er févr., 20 mars, 1er août, 1er sept., 29 oct., 19 nov. 1821, 9 juill. 1822, 25 juin 1823, 20 janv., 1er juin 1825, 11 janv., 10 févr., 25 mars, 7 nov. 1826, 27 févr., 9 mars, 24 avril, 11 juill., 2 oct., 29 déc. 1827, 7 janv., 7 avril 1828, 2, 4 févr., 26 mai, 17 juin, 7 sept. 1829, 9 mars 1830, 13, 17 mai, 31 août 1831, 3, 24 sept., 31 oct., 13 déc. 1832, 9 mars 1833, 10 mars 1834, 17 janv., 22 mai, 22 août 1835, 25, 30 avril, 19, 21 mai 1838, 28 avril 1841, 24 mars, 30 avril, 5 juin, 12 juill., 13 août 1842, 31 oct. 1844, 28 févr., 12 mars, 22 déc. 1845, 18 févr., 31 juill. 1846, 28–29 janv., 11, 18–19 févr., 4 mars, 19 avril 1847.— APC, Coll. nationale des cartes et plans, H2/340-Québec 1835, 1845 ; H3/340-Québec 1829, 1830 ; H3/350-Québec [1836] ; MG 24, D48.— Hunt, Roope & Co. (Londres), Newman, Hunt & Co., records (mfm aux APC).— Mount Hermon Cemetery (Sillery, Québec), Pierre tombale de James Hunt.— « Les Dénombrements de Québec » (Plessis), ANQ Rapport, 1948–1949 : 186.— Recensement de Québec, 1818 (Provost).— La Gazette de Québec, 16 juin, 7 juill. 1803, 16 août 1804, 15 juin 1815, 31 oct. 1816, 8 janv. 1818, 18 févr., 6 mai, 14 juin, 29 nov. 1819, 24 févr., 15, 22 juin, 21 août 1820, 25 janv., 5 juill., 15 oct. 1821, 25 juill., 24, 31 oct. 1822, 9 juin 1823, 16 févr. 1824, 17 févr., 17 mars, 19 mai, 13 oct., 14 nov. 1825, 16 mars, 15 juin 1826, 15 févr., 16 août 1827, 17 janv., 17 avril 1828, 17 janv., 19 févr., 14 mai 1829, 17 juin 1830, 20 févr., 16 avril, 14 sept., 15 oct. 1832, 13 févr., 12 août, 14 oct. 1833, 10 janv., 19 mars, 18 avril, 13 juin, 22 oct. 1834, 13 mars, 15 juill., 12 août, 14 sept. 1835, 17 févr., 19 juill. 1836, 15 févr., 17 avril 1837, 23 juin 1838, 17 avril, 15 sept. 1839.— Quebec Mercury, 1er mars 1831, 12 févr., 1er mars 1842.— Almanach de Québec, 1823 : 117 ; 1828 : 121–123 ; 1833 : 147–148, 152, 154 ; 1838 : 158, 160, 166 ; 1841 : 41, 176.— Quebec directory, 1844–1845 ; 1847–1848 ; 1852 ; 1857 ; 1860–1861 ; 1865–1868 ; 1877 ; 1887–1888.— Christina Cameron et Jean Trudel, Québec au temps de James Patterson Cockburn (Québec, 1976), 43, 53.— Quebec Morning Chronicle, 22 sept. 1882.— F. C. Würtele, « The English cathedral of Quebec », Literary and Hist. Soc. of Quebec, Trans., nouv. sér., 20 (1891) : 63–132.

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A. J. H. Richardson, « HUNT, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hunt_james_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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