HUMPHREYS, JAMES, imprimeur, marchand, fonctionnaire et homme politique, né le 15 janvier 1748/1749 à Philadelphie, fils de James Humphreys et de Susanna Assheton ; il épousa Mary Yorke, probablement de Philadelphie ; décédé le 2 février 1810 au même endroit.

En 1763, James Humphreys entrait au College of Philadelphia (University of Pennsylvania) pour entreprendre l’étude de la médecine. Vite désenchanté, il quitta l’institution avant de recevoir son diplôme et fut mis en apprentissage, par son père, chez William Bradford, imprimeur bien connu de Philadelphie, qui demeura un ardent partisan de la couronne britannique jusqu’à l’adoption de la loi du Timbre, en 1765. Sous la direction de Bradford, Humphreys apprit le métier d’imprimeur ; il assimila peut-être aussi certaines des idées politiques loyalistes de son maître. En 1770, son apprentissage était terminé, et deux ans plus tard il s’établissait à son propre compte.

Le premier imprimé connu de Humphreys, une brochure destinée à la Society of the Sons of St George, parut en 1772. L’année suivante, il produisit une grammaire grecque pour le College of Philadelphia, probablement le premier livre du genre imprimé dans les Treize Colonies. Au cours des années 1770, sa maison produisit au moins 80 ouvrages différents. Parmi ceux qui furent imprimés avant la Révolution américaine, on trouve quelques romans, un recueil en cinq tomes des œuvres de Laurence Sterne, un almanach qui parut de temps à autre et un bon nombre de brochures sur des questions politiques, religieuses et agricoles. Il entreprit aussi, en 1775, la publication d’un journal, le Pennsylvania Ledger : or the Virginia, Maryland, Pennsylvania, & New-Jersey Weekly Advertiser. Même si le Ledger prétendait être « libre et impartial », Humphreys déclara, quelques années plus tard, que lui-même était devenu impopulaire parmi les rebelles de Philadelphie en raison de l’appui de son journal à la cause britannique.

Refusant de renoncer à son allégeance britannique après qu’eut éclaté la révolution en 1775, Humphreys fut fréquemment dénoncé comme traître par le comité de correspondance local. Son loyalisme en fit la cible de Benjamin Towne, éditeur d’un journal rival, qui se révéla extrêmement habile, en faisant appel aux sentiments anti-tories pour obliger ses concurrents à fermer leurs portes. À la mi-novembre 1776, Towne publia une lettre, présentée comme venant de Humphreys, mais probablement rédigée par Towne lui-même, dans laquelle on invitait de façon pressante « tous les amis du gouvernement arbitraire » à venir en aide aux forces britanniques. Peu après, par crainte de représailles à cause de ses sympathies loyalistes, Humphreys abandonna le Ledger et quitta Philadelphie pour la campagne. Il n’y retourna qu’à l’automne de 1777, au moment où les Britanniques occupaient la ville, et il reprit la publication de son journal.

Pendant l’occupation de Philadelphie, Humphreys se vit confier la plus grande partie des travaux d’imprimerie du gouvernement : quelque 50 in-plano, surtout des proclamations sur des questions militaires et navales ou des annonces de concerts au bénéfice des veuves de guerre. Quand, en juin 1778, les troupes britanniques évacuèrent Philadelphie, Humphreys les accompagna à New York, où il s’établit comme marchand ; il s’y associa avec Valentine Nutter pour imprimer The duenna, de Richard Brinsley Butler Sheridan. À la fin de la guerre, il se rendit en Angleterre pour soumettre une pétition à la commission chargée des réclamations des Loyalistes ; les témoignages de Joseph Galloway, un des Loyalistes les plus en vue de Philadelphie, et de William Franklin, dernier gouverneur royal du New Jersey, étayaient sa pétition. Finalement, et après qu’il se fut installé dans le nouvel établissement loyaliste de Shelburne, en Nouvelle-Écosse, Humphreys se vit accorder. la somme rondelette de £800, soit les deux tiers du montant qu’il avait réclamé, en compensation pour ses pertes.

Humphreys arriva à Shelburne vers la fin de 1784 ou au début de 1785 ; il y reprit immédiatement sa carrière d’imprimeur et de marchand. En mai 1785, il lança un hebdomadaire de quatre pages, le Nova-Scotia Packet : and General Advertiser, le troisième journal de la vide. Contrairement à ses concurrents, la Royal American Gazette de James Robertson et le Port-Roseway Gazetteer ; and, the Shelburne Advertiser, le journal de Humphreys se spécialisait presque entièrement dans la nouvelle, les avis et les annonces d’intérêt local. La population de Shelburne diminuant, le Nova-Scotia Packet parut dans un plus petit format et moins fréquemment ; il semble qu’en 1790 la publication en fut suspendue. Pendant les années qui suivirent, Humphreys poursuivit son activité comme marchand, offrant un choix aussi varié que des produits pour la ferme et la maison, des livres et des spiritueux. Il fut aussi juge de paix et, de 1793 à 1796, député à la chambre d’Assemblée.

Découragé par les perspectives qu’offrait la Nouvelle-Écosse, en général, et par les attaques des corsaires français, en particulier, James Humphreys retourna à Philadelphie entre le mois de juin 1796 et le mois d’avril 1797. Après une brève tentative, en 1798, de publier un autre journal, le Weekly Price Current, il se concentra sur l’imprimerie de livres, avec l’aide de plusieurs de ses fils et de ses filles, qui continuèrent l’entreprise de leur père pendant deux ans, après sa mort en 1810. Qualifié par un contemporain de « bon imprimeur, consciencieux, et de digne citoyen », il fut enseveli dans le cimetière de la Christ Church, à Philadelphie.

Gertrude E. N. Tratt

Christ Church in Philadelphia (Philadelphie), Reg. of burials, 4 févr. 1810. PRO, AO 12/38 : 101 ; 12/95 ; 12/100 : 149 ; 12/109 (mfm aux APC).— Royal commission on American loyalists (Coke et Egerton).— DAB.— Directory of N.S. MLAs. Charles Evans et al., American bibliography [...] (14 vol., Chicago et Worcester, Mass., 1903–1959 ; réimpr., New York et Worcester, 1941–1959 ; réimpr., New York, 1941–1967), 4–5. C. K. Shipton et J. E. Mooney, National index of American imprints through 1800 [...] (2 vol., Worcester, 1969), 1. G. E. N. Trait, A survey and listing of Nova Scotia newspapers, 1752–1957, with particular reference to the period before 1867 (Halifax, 1979). Tremaine, Biblio. of Canadian imprints. D. C. McMurtrie, The royalist printers at Shelburne, Nova Scotia (Chicago, 1933). J. P. Edwards, « The Shelburne that was and is not », Dalhousie Rev., 2 (1922–1923) : 179–197. W. O. Raymond, « The founding of Shelburne ; Benjamin Marston at Halifax, Shelburne and Miramichi », N.B. Hist. Soc., Coll., 3 (1907–1914), n° 8 : 212, carte face à la p.228. J. J. Stewart, « Early journalism in Nova Scotia », N.S. Hist. Soc., Coll., 6 (1888) : 91–122. D. L. Teeter, « Benjamin Towne : the precarious career of a persistent printer », PaMagazine of Hist. and Biog. (Philadelphie), 89 (1965) : 316–330.

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Gertrude E. N. Tratt, « HUMPHREYS, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/humphreys_james_5F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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