HOUSTIE (Housty), DANIEL, artiste bella bella, né vers 1880, probablement sur le littoral central de la Colombie-Britannique ; il épousa une prénommée Jennie, et ils eurent huit enfants ; décédé en 1912, probablement à Bella Bella, Colombie-Britannique.

Dans la première décennie du xxe siècle, le village de Bella Bella était chrétien de nom et d’allure moderne. Il y avait là des maisons de style européen, une large rue de planches éclairée au gaz, des magasins tenus par des autochtones, un ensemble de cornettistes, une église, une école, une scierie et le seul hôpital permanent entre Vancouver et Port Simpson. Divers groupes de culture heiltsuk s’y étaient installés après la terrible épidémie de variole des années 1860. Les Houstie étaient des chefs de second rang dans le village et perpétuaient les traditions heiltsuks tout en soutenant les institutions nouvelles. Daniel Houstie était probablement un jeune parent du chef Tom Housty, qui était directeur en titre de la scierie de Bella Bella et participait activement aux fêtes et potlatchs traditionnels.

Houstie était l’un des cinq artistes de Bella Bella dont le Dr Richard Whitfield Large, missionnaire méthodiste, rassembla des œuvres entre décembre 1898 et 1906. Large vendit sa collection au Provincial Museum of Ontario, aujourd’hui le Musée royal de l’Ontario, à Toronto. La documentation reçue par le musée avec les objets en 1901 indique que Houstie avait fait cinq sculptures et fourni deux sifflets de cérémonie.

Les œuvres attribuées à Houstie par Large comprenaient un bâton d’orateur finement sculpté, un hameçon à flétan fait d’un os gravé, une pagaie peinte, un masque de danse et un petit bâton sculpté et peint servant à « tenir en place le coussinet utilisé pour aplatir la tête d’un bébé ». Apparemment, ce dernier instrument était neuf au moment où il fut recueilli ; vers 1900, on n’en utilisait certainement plus à Bella Bella. Sans doute fut-il fabriqué pour donner à Large un exemple des pratiques anciennes qu’il s’efforçait, pas toujours avec succès, d’enrayer. Les autres œuvres de Houstie semblent être aussi des répliques récentes d’outils et d’objets de cérémonie traditionnels. Il ne s’agit pas de nouveautés destinées aux touristes, mais plutôt d’objets didactiques illustrant la culture de la génération précédente, née avant l’épidémie de variole, le rassemblement des Heiltsuks à Bella Bella et l’arrivée des missionnaires.

On reconnaît le style bella bella adapté par Houstie dans un ensemble de boîtes non daté et non identifié et de mystérieux objets cérémoniels que Large envoya au musée de Toronto en 1906. Des collections telle celle du Musée McCord à Montréal comprennent d’autres objets non documentés qui présentent des caractéristiques stylistiques semblables. On viendra sûrement à découvrir d’autres objets attribuables à l’artiste en raison de leur style, mais la carrière relativement courte de Houstie (il mourut vers l’âge de 32 ans) pourrait expliquer pourquoi il semble y avoir peu d’œuvres de lui dans les musées.

Les renseignements qui subsistent au sujet de Houstie sont bien minces si on les compare à ceux qui existent sur la vie et l’œuvre des artistes de tradition européenne. Pourtant, ils sont relativement abondants par rapport à ce que l’on sait en général des artistes autochtones. La plupart des anciennes collections ethnographiques sont des ensembles d’œuvres anonymes. On ne notait pas le nom ni la biographie des créateurs, car on percevait leur art comme l’expression du génie d’une culture plutôt que comme l’œuvre d’un individu. S’il existe des précisions sur les artistes de Bella Bella et sur le contexte dans lequel ils ont vécu, c’est parce qu’un missionnaire entretint une relation suivie avec le village.

Les travaux ethnographiques montrent que les Heiltsuks étaient des sculpteurs et des peintres respectés au xixe siècle. L’œuvre de Daniel Houstie atteste que leurs traditions artistiques se poursuivirent au xxe siècle, en dépit de grands bouleversements culturels. Elle montre que l’art heiltsuk de Bella Bella est la création et la propriété d’individus, non la production d’artisans anonymes et indifférenciés.

Martha Black

Heiltsuk Cultural Education Centre (Waglisla, C.-B.), A. P. Streich, « The Bella Bella gravesites project » (texte dactylographié, Waglisla, 1983).— Martha Black, « The R. W. Large Collection : a Bella Bella document » (mémoire de m.a., York Univ., North York, Ontario, 1988) ; une version révisée de ce mémoire a paru à Toronto sous le titre Bella Bella : a season of Heiltsuk art.— Missionary Bull. (Toronto), 1 (1903–1904)–9 (1912–1913), particulièrement 5 (1908–1909) : 690–692.— Missionary Outlook (Toronto), nouv. sér. 16 (1898)–32 (1912).

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Martha Black, « HOUSTIE (Housty), DANIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/houstie_daniel_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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