HILL, PHILIP CARTERET, avocat, homme politique et auteur, né le 13 août 1821 à Halifax, fils du capitaine Nicholas Thomas Hill et de Hannah Harriet Binney ; le 24 juillet 1850, il épousa Margaretta Rhoda Collins ; décédé le 15 septembre 1894 à Tunbridge Wells (Royal Tunbridge Wells, Angleterre).
Philip Carteret Hill n’était peut-être pas tout à fait « destiné de naissance » aux honneurs, comme l’ont suggéré certains, mais sa famille, au fil du temps, ne cessa de se rapprocher de l’establishment de Halifax formé de marchands, de tories et d’anglicans. Son père était arrivé à Halifax avec le Royal Staff Corps en 1815 et avait épousé moins de trois ans plus tard Hannah Harriet Binney, dont les ancêtres avaient occupé des postes publics presque dès la fondation de la ville. Elle était la cousine de Stephen Binney*, qui allait être le premier maire élu de Halifax, et la petite-cousine de Hibbert Binney*, futur évêque de la Nouvelle-Écosse.
Le capitaine Hill avait quitté l’armée au début des années 1820 et s’était rendu à Boston pour apprendre à exploiter une banque. Il devint caissier (directeur) de la Halifax Banking Company, société privée fondée en 1825 et qui prospérait « comme une plante vivace ». En cette qualité, Hill entretenait des relations suivies avec les piliers de l’oligarchie marchande et fonctionnaire, soit Henry Hezekiah Cogswell*, Enos Collins*, Joseph Allison, Samuel Cunard* et James Tobin*, tous membres du conseil d’administration de la banque comme du Conseil de la Nouvelle-Écosse. Les six enfants de Hill, dont deux devinrent ministres anglicans, firent de bons mariages ; trois d’entre eux s’allièrent aux familles Allison, Almon et Woodgate. Cependant, Philip Carteret les surpassa tous : il épousa l’une des filles de Collins, qui avait déjà passé pour l’homme le plus riche d’Amérique du Nord.
Philip Carteret Hill fit de brillantes études au King’s College de Windsor, où il s’intéressa particulièrement aux matières religieuses. Bien qu’admis comme attorney et barrister le 7 mai 1844, il ne pratiqua guère le droit car il n’avait nul besoin de gagner sa vie, et le Morning Chronicle de Halifax dirait un jour qu’il portait « le titre d’avocat sans l’être ». « Peut-être, poursuivait le journal, lui est-il arrivé de donner un avis juridique ou de s’adresser à un jury mais, si c’est le cas, cela doit remonter si loin que personne n’en a gardé le souvenir. » À la fin des années 1850, après un long séjour aux États-Unis, il prononçait devant la Young Men’s Christian Association de Halifax un discours qui ne laissait aucun doute sur ses convictions conservatrices. Dénonçant les ambitions effrénées de la jeunesse américaine, il conseillait aux Néo-Écossais ordinaires d’imiter l’Anglais qui, assigné à une place de subordonné, faisait son devoir consciencieusement et sans se plaindre. Le respect des obligations, aussi mineures qu’elles soient, voilà à quoi, selon lui, on pouvait mesurer la valeur de chacun.
À cette époque, Hill devait surtout sa renommée à sa générosité envers les pauvres et à son appui à des causes communes. En 1862–1863, par exemple, il fut le premier président du Nova Scotian Institute of Natural Science. Son premier rôle actif sur la scène publique fut celui de maire de Halifax ; il exerça cette fonction de 1861 à 1864, avec compétence mais sans éclat. Aussi parait-il surprenant qu’à l’occasion du mariage du prince de Galles et de la princesse Alexandra du Danemark, en 1863, le lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, lord Mulgrave [Phipps*], ait recommandé que Hill soit fait chevalier, honneur qu’en semblables occasions on conférait souvent à quelques lords-maires des villes britanniques. Cependant, il ne reçut pas cette distinction car le cabinet de Palmerston, brouillé avec le lord-maire de Londres, William Andrew Rose, décida qu’aucun maire ne l’obtiendrait. Plus tard dans les années 1860, après un changement de gouvernement en Grande-Bretagne, quelques lords-maires devinrent chevaliers ; Hill tenta alors de décrocher ce titre en passant par le lieutenant-gouverneur, puis par le gouverneur général et par sir John Alexander Macdonald, mais chaque fois sans succès. Au moins peut-on signaler qu’en ces occasions il fit valoir non pas ses réalisations personnelles, mais le simple fait qu’il avait été maire d’une grande ville coloniale lors d’un événement important.
Hill fit une entrée assez inattendue dans la politique de parti le 4 juillet 1867, en prêtant serment à titre de secrétaire de la province, au sein de ce que l’on appelle parfois le gouvernement Blanchard-Hill. Le Morning Chronicle, rageur, déclara que Hill était « aussi apte aux fonctions de ce poste qu’il le serait au commandement d’un navire de guerre », mais un motif évident expliquait sa nomination : il fallait renforcer le caractère de coalition du gouvernement, partisan de la Confédération, en plaçant un homologue conservateur aux côtés du fédéraliste libéral Hiram Blanchard*. Comme les principaux fédéralistes conservateurs optaient pour un poste au gouvernement fédéral, on avait presque choisi Hill faute de candidats. Son mandat se termina dès le 18 septembre, jour où les fédéralistes essuyèrent une cuisante défaite et où il fut lui-même battu dans la circonscription de Halifax. En novembre 1870, à l’occasion d’une élection partielle, il refit campagne dans cette circonscription et remporta la victoire par 14 voix sur le brillant et éloquent William Garvie* grâce selon certains, aux tractations malhonnêtes de ses partisans. Il dirigea avec talent une opposition formée de trois députés pendant la session de 1871, après quoi un comité parlementaire des élections, composé exclusivement d’antifédéralistes libéraux, lui retira son siège. Il se présenta une dernière fois sous la bannière conservatrice aux élections générales de 1871, dans Halifax, mais sans succès.
Hill réapparut sur la scène politique en janvier 1874 dans des circonstances étranges. Les députés conservateurs de Halifax, sûrs de perdre les prochaines élections fédérales à cause du scandale du Pacifique [V. Lucius Seth Huntington*], décidèrent de ne pas entrer dans la course et, avec le concours de certains journaux conservateurs, appuyèrent le candidat ouvrier Donald Robb. Piqué au vif, Hill écrivit que ce n’était « pas une mince affaire que de monter une classe contre une autre et d’entretenir l’idée qu’une classe privilégiée vi[vait] aux dépens du travailleur ». Plusieurs journaux conservateurs l’accusèrent ensuite d’intervenir pour protéger son ami Alfred Gilpin Jones*, candidat libéral fédéral, et d’avoir conclu « une entente vénale [...] contraire au code de l’honneur ». D’après eux, il était mêlé à un complot qui lui permettrait de devenir secrétaire de la province une fois que le titulaire du poste, William Berrian Vail*, serait entré au cabinet d’Alexander Mackenzie à Ottawa. « Nous l’avons revêtu d’une brillante couche d’argent, mais le vil étain transparaîtra toujours », déplora le British Colonist de Halifax.
L’affaire ne connut son dénouement que dix mois plus tard. Par suite de la dissolution de l’Assemblée, le 23 novembre 1874, Hill devint candidat libéral dans la circonscription de Halifax et, peu après, secrétaire de la province. Apparemment, ce n’était que la première étape de son ascension, car le premier ministre William Annand* fit savoir qu’il céderait bientôt sa place à un homme plus jeune. Pour justifier son changement de camp, Hill affirma que, comme la question de la Confédération n’était plus à l’ordre du jour, il ne trouvait rien dans la politique du gouvernement provincial qui ne suscitât son entière adhésion. Selon lui, ce gouvernement avait surtout besoin, à ce moment, d’« hommes industrieux, travailleurs et efficaces aux postes ministériels ». On peut trouver plusieurs explications à son entrée au parti libéral, mais peut-être trois motifs jouèrent-ils principalement : le scandale du Pacifique lui faisait horreur ; il était l’ami de Jones ; comme il n’était pas obligé de gagner sa vie, il désirait faire carrière en politique, et les libéraux étaient les seuls à lui offrir quelque chance de succès. Il gagna ses élections sans difficulté et, au début, 25 des 38 députés appuyèrent les libéraux.
Comme Annand siégeait au Conseil législatif, c’est Hill qui dirigea le cabinet à l’Assemblée pendant la session de 1875. Dans son premier discours, il déclara, en citant certaines paroles récentes de Benjamin Disraëli, que même lorsque. « la passion politique [est] forte [...] les sentiments de courtoisie » doivent prévaloir. La réponse ne se fit pas attendre : on ne pouvait guère escompter que les tories néo-écossais imitent William Ewart Gladstone et Disraëli, qui se respectaient l’un l’autre parce qu’ils étaient restés fidèles aux traditions de leur parti respectif et n’avaient pas « troqué la cohérence et l’honneur politique contre un poste ». Tant en chambre qu’à l’extérieur, on le surnommait « le gendre » ou on le traitait d’« imbécile » et de « traître ». À l’Assemblée, il subit des attaques en règle de la part des conservateurs Simon Hugh Holmes*, Avard Longley* et Douglas Benjamin Woodworth, lequel était souvent fort turbulent. Pour un homme tempéré et raffiné comme Hill, c’était une expérience nouvelle et troublante que de se voir en butte à des demi-vérités et à des accusations sans fondement. Incapable d’égaler la rhétorique de ses adversaires, il répondait généralement par des discours brefs, factuels et raisonnés, qui auraient eu davantage leur place à Oxford, dans un cercle de débats, qu’à l’Assemblée néo-écossaise du milieu des années 1870.
Même si la plupart des huit députés du Cap-Breton étaient officiellement libéraux, ils semblaient tenir moins à respecter leur allégeance qu’à obtenir le prolongement des chemins de fer jusque dans leur île, si bien qu’au début de la session de 1875 les conservateurs nourrirent l’espoir de se servir d’eux pour évincer le gouvernement libéral. À cette fin, ils firent circuler une pétition round robin (à signatures disposées en rond, pour qu’on ne puisse identifier les premiers signataires) où ils s’engageaient formellement à promouvoir la construction d’une ligne jusqu’à Louisbourg. Toutefois, Hill fit une contre-offre, encore plus alléchante, et un seul député du Cap-Breton soutint les conservateurs. Ceux-ci connurent une nouvelle défaite quand ils tentèrent d’embarrasser le gouvernement en l’accusant d’avoir confié sans appel d’offres ses contrats d’imprimerie à trois journaux libéraux. Finalement, ils eurent leur revanche à l’occasion de ce qui, d’après l’Acadian Recorder, fut la « mesure la plus brutale et la plus inutile jamais prise dans une assemblée délibérante ». Pour s’assurer l’appui de John Barnhill Dickie*, de la circonscription de Colchester, les libéraux l’avaient nommé président de la chambre le 11 mars 1875, même s’il était député de fraîche date. De toute évidence, il s’acquitta mal de sa tâche car, lorsque Woodworth réclama sa démission, le 30 avril, 7 libéraux se joignirent aux 13 conservateurs pour battre les 12 autres libéraux, parmi lesquels figuraient tous les conseillers exécutifs. Cette session avait été une dure initiation pour Hill. Seule sa décision de confier aux tribunaux les cas d’élections controversées reçut un bon accueil, et à la fin de la session il semblait ne plus avoir d’autorité sur ses députés d’arrière-ban.
En mai 1875, une fois la session terminée, Annand transmit ses fonctions de premier ministre à Hill. Vu la faiblesse du cabinet et la nécessité de venir à bout d’une opposition intraitable, ce dernier dut se montrer opportuniste : il confia en novembre le poste de procureur général à Otto Schwartz Weeks, qui était de taille à affronter la hargne de l’opposition. Hill prenait un risque en nommant cet homme doué et populaire mais peu fiable et qui buvait. Pendant la session de 1876, les débats donnèrent parfois l’impression que c’était Weeks le vrai chef. D’un ton méprisant, Woodworth suggéra que les deux hommes pourraient se partager le leadership à la manière d’un taïcoun et d’un mikado, l’un ayant l’air d’exercer le pouvoir, l’autre l’exerçant réellement. Après que Woodworth, qui avait été expulsé de la chambre en 1874, eut obtenu en cour un dédommagement de 500 $ de la part des députés libéraux en cause, le gouvernement de Hill veilla à ce que jamais ne se reproduise un incident de ce genre. En 1876, il adopta une loi par laquelle la chambre renonçait à s’appuyer sur ses pouvoirs intrinsèques d’auto-protection et obtenait en échange une complète garantie légale de ses privilèges, pouvoirs et immunités. Cette loi, tout à fait appropriée à son dessein, n’a presque pas été modifiée depuis.
En 1876, Hill reçut des félicitations lorsqu’il appliqua la procédure des appels d’offres aux contrats gouvernementaux d’imprimerie, mais il eut moins de succès avec l’un de ses vieux projets les plus chers : la fondation d’une université provinciale. Son plan prévoyait que les collèges confessionnels continueraient de toucher des subventions gouvernementales pendant cinq ans, le temps de préparer la création d’un établissement qu’il voulait baptiser University of Halifax. Les conservateurs, qui défendaient depuis longtemps ces collèges, lui firent vivement opposition, de sorte que son projet tomba à l’eau. Pour le reste, l’éternelle question des chemins de fer domina la session de 1876. Comme rien n’avançait dans la construction du tronçon de l’Eastern Extension Railway qui devait relier New Glasgow au détroit de Canso et au Cap-Breton, le député Ebenezer Tilton Moseley passa dans le camp des conservateurs. Hill présenta de nouvelles propositions pour faire commencer les travaux sur ces lignes et sur un autre tronçon qui irait de Nictaux et Middleton jusqu’à l’Atlantique, mais lui-même n’en espérait pas grand-chose.
Weeks avait grandement allégé la tâche de Hill durant cette session mais, peu après, son intempérance donna lieu à des absences prolongées. Vers la fin de l’année, après qu’il eut refusé de remettre sa démission, le gouvernement lui retira son poste par décret du conseil, unique cas de ce genre dans l’histoire de la Nouvelle-Écosse. Pendant les deux années suivantes, Weeks tint en chambre une position indépendante, ce qui ne cessa d’embarrasser Hill. Ce n’est là qu’une des nombreuses difficultés qui l’amenèrent sans doute à se demander s’il avait bien fait de changer de parti pour devenir premier ministre. En 1877, la question du grand sceau revint sans cesse sur le tapis. Pendant des semaines, Woodworth et ses collègues prétendirent que le sceau de la province n’était plus valide depuis 1869, que l’ensemble des nominations et cessions de terre faites sous ce cachet étaient illégales et que même la chambre et le gouvernement étaient illégalement constitués. En définitive, ce fut beaucoup de bruit pour rien ; la crise financière qui pointait à l’horizon se révéla, elle, grave.
En 1877, la province se trouvait dans une situation précaire, en partie à cause d’un fléchissement de l’économie qui, à compter de la fin de 1875, s’était transformé en une récession globale. Les choses allaient empirer le 1er juillet 1877, à l’échéance des versements que Joseph Howe* avait obtenus pour la province au moment de la renégociation de la participation néo-écossaise à la Confédération (82 968 $ par an pendant dix ans). Au début de 1877, Hill prévint le premier ministre Alexander Mackenzie et le ministre des Finances Richard John Cartwright* que la perte de ces fonds obligerait la Nouvelle-Écosse à recourir à l’imposition directe, mais le gouvernement d’Ottawa répondit qu’il ne pouvait être d’aucun secours. Pour épargner de l’argent, Hill tenta de ranimer le vieux débat sur l’union des Maritimes. « Il semblerait [...] tout aussi logique, déclara-t-il en chambre en mars 1877, d’employer un marteau-pilon à vapeur Narmyth pour écraser une coquille d’œuf que d’utiliser un si [énorme] appareil » administratif pour gouverner trois petites provinces. Cependant, les autres provinces firent la sourde oreille. Hill prit aussi des mesures pour faire passer de cinq à quatre le nombre de ministres en combinant les postes de procureur général et de commissaire des Terres de la couronne. Weeks railla cet « amalgame curieux et incongru », et les conservateurs se gaussèrent du fait qu’il entraînerait une économie annuelle d’à peine 2 000 $. Le seul motif de réjouissance pour Hill fut la conclusion tant attendue d’un contrat de construction pour l’Eastern Extension Railway. Mais au même moment Woodworth faisait valoir que le Western Counties Railway, entre Annapolis Royal et Yarmouth, avait été « largement construit avec des broussailles et des billes de bois », si bien que « le ciel [risquait bientôt de] s’emplir de fumée à cause de l’embrasement » de la voie ferrée.
Après la session de 1877, le gouvernement s’affaiblit davantage : il perdit une élection partielle aux mains de John Sparrow David Thompson dans la circonscription d’Antigonish, puis une autre dans Shelburne au profit de Nathaniel Whitworth White. Sa position à l’Assemblée, naguère si solide, était devenue plutôt précaire : il détenait une majorité de trois voix seulement, car le président était un libéral. En 1878, Hill rédigea le discours du trône du mieux qu’il put, mais sans parvenir à masquer la morosité qui régnait. Les problèmes ferroviaires étaient quasi insolubles : les ouvriers de l’Eastern Extension Railway réclamaient leur dû et on avait interrompu les travaux du Western Counties Railway, comme ceux du Nova Scotia, Nictaux and Atlantic Central Railway. Hill ne s’était pas montré assez ferme avec les comtés, qui consacraient trop d’argent à la voirie. La seule tentative de compression des dépenses qu’il fit au cours de cette session, soit de faire passer à trois le nombre de ministres à portefeuille (il confia les fonctions de trésorier au secrétaire de la province), ne permettrait que des économies minimes. Il n’avait pu empêcher Woodworth de bousculer les travaux de l’Assemblée. L’année précédente, celui-ci et Edward Farrell* avaient presque transformé la chambre en pétaudière ; en 1878, Hill tenta de mettre Woodworth sur la défensive en faisant instituer une enquête sur la façon dont il avait utilisé les crédits de voirie dans le comté de Kings, mais il réussit à s’en tirer et continua de semer le désordre jusqu’à la fin de la session.
Le dernier geste politique important de Hill fut de choisir la date des élections. Conscient de l’impopularité de son gouvernement, il crut illusoirement qu’il pourrait gagner en s’accrochant aux basques du gouvernement de Mackenzie. Mais il ignorait que ce gouvernement était aussi fragile que le sien. Quoi qu’il en soit, les élections fédérales et provinciales se tinrent le 17 septembre 1878. La principale intervention de Hill durant la campagne fut d’adresser à la population néo-écossaise une lettre dans laquelle il affirmait être un bon intendant et se vantait d’avoir réussi à prolonger les chemins de fer vers l’est et l’ouest. Cette lettre montrait qu’il avait pris quelque habitude de la politique car, même si elle rapportait des faits exacts, elle exagérait les réalisations plutôt maigres du gouvernement et glissait sur les problèmes irrésolus. Les élections furent un désastre pour les libéraux tant provinciaux que fédéraux. Hill perdit dans Halifax et son parti ne remporta que 8 des 38 sièges de l’Assemblée.
Cette défaite mit fin à la carrière politique de Hill, qui se retira sans mot dire. Quatre ans plus tard, en 1882, il s’installa à Tunbridge Wells, en Angleterre, où il se laissa aller à son penchant pour la littérature et collabora à des revues anglaises. Quand, en 1883, l’évangéliste écossais Henry Drummond publia Natural law in the spiritual world, Hill se tourna vers les questions religieuses, qui l’intéressaient déjà à l’époque de ses études au King’s College. Il écrivit une brochure sur l’œuvre de Drummond qui connut trois éditions et fit l’objet de recensions élogieuses. Sans doute ses dernières années furent-elles plus heureuses que celles où il avait été premier ministre de la Nouvelle-Écosse.
En d’autres temps, Philip Carteret Hill aurait pu réussir en politique, mais sa personnalité cadrait mal avec le contexte où il se trouvait. Si la politique l’attirait, c’était moins par devoir de faire honneur à son nom que parce qu’il avait un grand besoin de reconnaissance sociale, besoin qui explique en partie son passage au parti qui lui offrait les meilleures chances de succès. Cependant, il paya très cher son ascension facile et rapide. En Nouvelle-Écosse, le renégat est souvent malmené, surtout quand son geste lui procure des avantages immédiats et importants. De plus, ce qui ne l’aida pas, Hill avait peu d’expérience lorsqu’il assuma le leadership d’une Assemblée indisciplinée. Chose peu surprenante, il n’en saisit jamais la mentalité. Son caractère ne lui aurait d’ailleurs pas permis d’agir de façon tellement différente. Rarement se résignait-il à employer certains des expédients courants en politique. Il demeurait fondamentalement un homme cultivé, courtois, digne, qui usait de raison plutôt que de grands mots et qui, même devant les pires provocations, refusait de recourir aux insinuations ou aux insultes. Même un homme comme Douglas Benjamin Woodworth ne put l’amener à modifier ses habitudes.
L’allocution que Philip Carteret Hill a prononcé devant la Halifax Young Men’s Christian Association a été publiée sous forme de brochure sous le titre de The United States and British provinces, contrasted from personal observations [...] (Halifax, 1859). Deux éditions de sa réponse au livre de Henry Drummond, intitulé Drifting away : a few remarks on Professor Drummond’s search for Natural law in the spiritual world, sont parues à Londres en 1885.
On trouve des renseignements biographiques sur Hill dans quelques sources seulement. Outre la présente biographie, il est le sujet de deux ouvrages de J. M. Beck : « Philip Carteret Hill : political misfit », N. S. Hist. Soc., Coll., 42 (1986) : 1–16 ; et Politics of Nova Scotia (2 vol. Tantallon, N.-É., 1985–1989). Pour rédiger ces portraits on s’est quelque peu inspiré de T. M. Punch qui dans « The Halifax connection, 1749–1848 : a century of oligarchy in Nova Scotia » (thèse de m.a., St Mary’s Univ., Halifax, 1972) a contribué à montrer la relation qui existait entre la famille Hill et la bonne société de Halifax. La brochure de Hill, The United States and British provinces, a jeté un peu de lumière sur sa pensée conservatrice, et les papiers Macdonald (AN, MG 26, A) renferment des lettres qui révèlent son aspiration au titre de chevalier. Les autres principales sources sur la vie de Hill sont les journaux et les débats énumérés ci-dessous. [j. m. b.]
N.-É., House of Assembly, Debates and proc., 1871 ; 1875–1878.— Acadian Recorder, 26 nov. 1874, 5 mai 1875.— British Colonist (Halifax), 5 févr. 1874.— Evening Express (Halifax), 2 févr. 1874.— Halifax Evening Reporter and Daily and Tri-Weekly Times, 3 févr. 1874.— Halifax Herald, 1875–1878, 19 sept. 1894.— Morning Chronicle (Halifax), 5 juill. 1867, 31 oct. 1870, 1875–1878.
J. Murray Beck, « HILL, PHILIP CARTERET », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hill_philip_carteret_12F.html.
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Auteur de l'article: | J. Murray Beck |
Titre de l'article: | HILL, PHILIP CARTERET |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |