HILDRITH, ISAAC, constructeur, hydrographe et arpenteur, né en 1741 à Ellerton-upon-Swale (Ellerton, North Yorkshire, Angleterre) ; il épousa Ann Wood, du même endroit ; décédé le 16 septembre 1807 à Shelburne, Nouvelle-Écosse.

Après avoir émigré à Norfolk, en Virginie, en 1770, Isaac Hildrith s’adonna à plusieurs occupations. Établi comme modeste garde-magasin et charpentier, il travailla aussi comme hydrographe : il prépara des études de la chute de la rivière James et, en 1774, travailla à des projets relatifs à la construction de canaux pour le réseau des rivières North et Elizabeth. Quand éclata la Révolution américaine, en 1775, il repoussa les sollicitations des rebelles et alla se joindre aux forces de lord Dunmore, gouverneur de la Virginie, servant d’abord comme hydrographe et constructeur d’ouvrages fortifiés, et, plus tard, comme lieutenant au commandement d’une compagnie affectée à la défense du fort Great Bridge, près de Norfolk.

Hildrith perdit tous ses biens quand Norfolk tomba aux mains des rebelles en janvier 1776. Il renonça à sa commission le 5 août, retourna en Angleterre le mois suivant et s’installa dans son village natal. De là, il présenta au ministère des Finances, en 1778, la première de plusieurs pétitions dans lesquelles il demandait une compensation financière pour les pertes qu’il avait subies au service de la couronne. Bien que le gouvernement eût décidé d’ajourner l’examen de cette requête, Hildrith fit une nouvelle tentative en juillet 1781 ; il se vit accorder £100 et, pour lui et sa famille, le passage de retour en Amérique, où il espérait rentrer en possession de ses propriétés de Virginie. Peu après, la famille Hildrith s’installa à Charleston, en Caroline du Sud, où elle demeura jusqu’à l’évacuation de la ville par les troupes britanniques, en décembre 1782. Les Hildrith se rendirent alors à Kingston, en Jamaïque, et en juin et juillet 1783, à Shelburne via New York. À Shelburne, Hildrith obtint une concession de 360 acres et il s’installa assez confortablement. On le décrivait diversement : marchand, fermier et associé d’Aaron White dans la compagnie Hildrith and White, charpentiers.

L’importance de Hildrith dans l’histoire de la Nouvelle-Écosse vient de son activité comme prétendu architecte de deux édifices publics, le premier étant la Christ Church de Shelburne. Dans ce cas, toutefois, tout comme plus tard dans celui de la résidence du lieutenant-gouverneur, à Halifax, il serait plus exact de qualifier Hildrith de maître constructeur, d’autant qu’il n’existe aucune preuve qu’il ait dessiné les plans originaux de ces édifices. En mai 1788, les conseils de fabrique des paroisses anglicanes St Patrick et St George, à Shelburne, achetèrent un emplacement pour la construction d’une église [V. George Panton]. Bien que la soumission de £620 présentée par Hildrith and White fût la plus élevée, on accepta le plan de la compagnie jugé « supérieur par sa force, sa commodité et sa beauté ». Édifice en planches à clin, rectangulaire et sans ornements, de 65 pieds sur 42, contenant 82 bancs et comportant des jubés sur trois côtés, avec, au-dessus de la façade, une petite coupole pour recevoir une cloche, cette église reproduisait le style de la Nouvelle-Angleterre à cette époque. Le premier office y fut célébré le 25 décembre 1789.

Si on manque de précisions sur l’activité de Hildrith, celle-ci n’en est pas moins un reflet assez typique de celle du loyaliste de la Nouvelle-Écosse, qui, en jonglant avec une variété d’occupations et en tirant parti de chaque occasion d’exercer l’un de ses talents, redressait sa situation et acquérait une modeste compétence. Après 1797, Hildrith se rendit fréquemment à Halifax, qui offrait de plus vastes perspectives pour ses talents d’hydrographe, d’arpenteur et de constructeur ; à un moment donné, aux environs de 1802, il s’y installa à demeure. Sa première tâche, dans cette ville, fut de préparer, avec Theophilus Chamberlain*, un rapport sur un projet de canal pour la rivière Shubenacadie. En juillet 1797, le Conseil de la Nouvelle-Écosse acceptait une résolution de la chambre d’Assemblée selon laquelle un comité serait nommé « pour choisir une personne capable de faire l’étude hydrographique des eaux et l’arpentage de la terre ferme entre la rivière Shubenacadie et le port de Halifax », et de faire rapport sur le coût d’un canal entre le bassin des Mines et Halifax. Le rapport Hildrith-Chamberlain recommanda un tel réseau de navigation intérieure et en évalua le coût à £24 000 approximativement. Les commissaires recommandèrent la construction d’un canal ; en juin 1798, l’Assemblée étudia une résolution pour la création d’un comité afin de requérir la constitution juridique d’une compagnie spécialisée dans la construction des canaux. Le lieutenant-gouverneur Wentworth, promettant son appui à une telle requête, désigna une compagnie présidée par Andrew Belcher*. Toutefois, la session législative de 1798 prit fin sans que rien de plus ne fût entrepris relativement à ce projet. La question du canal de la Shubenacadie ne devait être reprise qu’en 1814, et la construction entreprise en 1826.

Entre-temps, le 23 juin 1797, l’Assemblée avait résolu de faire construire tant un « édifice public pour loger l’Assemblée générale, la Cour suprême, la Cour de l’Amirauté et des bureaux du gouvernement » qu’une nouvelle résidence pour le lieutenant-gouverneur. Un emplacement fut acheté aux fins du premier projet, mais les pressions exercées par l’exécutif qui se plaignait de l’état de la résidence du lieutenant-gouverneur amenèrent une modification des plans. En juillet 1799, l’Assemblée annonçait : « attendu que l’actuelle résidence du gouverneur est dans un tel état de délabrement qu’elle est impropre à loger le gouverneur ou commandant en chef de la province, il devient d’une urgente nécessité de procéder à la construction d’une résidence convenable pour le recevoir et le loger ». L’Assemblée vota £6 900 pour le coût des travaux. Cette somme fut plus tard portée à £10 500, en retour de subventions accrues au réseau routier de la province. Mais, comme les coûts continuaient d’augmenter, la résidence du lieutenant-gouverneur devint une pomme de discorde entre l’Assemblée et le lieutenant-gouverneur, et elle contribua à aigrir les travaux législatifs pendant les dernières années du gouvernement de Wentworth.

Assisté de John Henderson à titre de maçon en chef, Hildrith travailla pendant sept ans à la résidence du lieutenant-gouverneur. Dans un compte rendu, publié par un journal contemporain, de la pose de la pierre angulaire de l’édifice, Hildrith est désigné comme « architecte », qualificatif qui apparaît aussi dans d’autres sources ; mais ce terme, vraisemblablement, n’était pas employé d’une façon rigoureuse et ne désignait que la personne chargée officiellement d’interpréter les plans. Il y eut une tradition voulant que les architectes écossais Robert et James Adam eussent conçu et dessiné les plans. Mais certaines caractéristiques importantes de leur style font défaut dans cet édifice, et cette attribution le cède à l’hypothèse, plus vraisemblable, que l’on recourut à l’un des nombreux ouvrages de dessins architecturaux anglais qui circulaient alors aux États-Unis et en Amérique du Nord britannique. La résidence du lieutenant-gouverneur est un édifice aux lignes simples ; avec sa section centrale de trois étages et ses ailes de deux étages, elle reflète une certaine influence classique ; elle est solidement construite de pierres de taille de la Nouvelle-Écosse et d’autres matériaux locaux. Le successeur du lieutenant-gouverneur Wentworth, Prevost, jugeait cet édifice beaucoup plus grand que ne le permettait l’état de la province.

Le 31 décembre 1806, Isaac Hildrith démissionna de son poste ; la résidence du lieutenant-gouverneur n’était pas encore en tous points achevée. En 1803, on avait concédé à Henderson et à Hildrith des emplacements à bâtir dans la banlieue nord de Halifax. Le 23 juin 1807, il reçut une nouvelle marque d’appréciation pour son travail, quand l’Assemblée vota une somme de £50 « en témoignage de l’opinion favorable de l’Assemblée législative concernant sa capacité, son intégrité, sa diligence et son zèle ». Le 16 septembre de la même année, Hildrith mourait à Shelburne ; il fut enterré dans le cimetière de la Christ Church. L’inscription sur sa pierre tombale résumait sa vie et son caractère avec une simplicité qui rappelle celle des œuvres qu’il laissait derrière lui : « un sujet loyal, un architecte compétent et un homme honnête ».

M. Susan Whiteside

Christ Church (Shelburne, N.-É.), cemetery, gravestone of Isaac Hildrith.— PANS, MG 4, 140 (photocopie), MG 24, 43 ; 72, n° 10 ; RG 1, 303 ; RG 5, A, 6–14 ; GP, 1 ; S, 8, c.1, c.9, c.12 ; RG 20A, 12A, 1785, no 81.— PRO, AO 13, bundle 24 : 262–264 ; bundle 31 : 50–52 (copies aux APC).— Shelburne County Court of Probate (Shelburne), no 279, testament et inventaire des biens d’Isaac Hildrith, homologués le 5 févr. 1808.— Shelburne County Museum (Shelburne), Christ Church, Shelburne, vestry book, 1788–1908 ; burial reg., 1783–1813 (mfm aux PANS).— J. S. Martell, « Government House », PANS Bull. (Halifax), 1 (1937–1939), no 4.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1792–1798.— Colonial Churchman (Liverpool, N.-E.), 1er déc. 1836.— Royal Gazette and the Nova-Scotia Advertiser, 16 sept. 1800.— Sabine, Biog. sketches of loyalists, 2 : 530.— Akins, Hist. of Halifax City. J. S. Martell, The romance of Government House (Halifax, 1939).— C. B. Fergusson, « Isaac Hildrith (c.1741–1807), architect of Government House, Halifax », Dalhousie Rev., 50 (1970–1971) : 510–516.— Marion Robertson, « Isaac Hildrith : a Shelburne loyalist », Nova Scotia Museums Quarterly (Halifax), 1 (1970), no 2 : 18–21.

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M. Susan Whiteside, « HILDRITH, ISAAC », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hildrith_isaac_5F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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