Titre original :  Photo of Mary Augusta Hiester Reid.jpg

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HIESTER, MARY AUGUSTA CATHARINE (Reid), artiste, née le 10 avril 1854 à Reading, Pennsylvanie, fille de John Philip Hiester, médecin, et de Caroline Amelia Musser ; le 13 mai 1885, elle épousa à Philadelphie George Agnew Reid*, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédée le 4 octobre 1921 à Toronto.

Les ancêtres de Mary Augusta Catharine Hiester avaient émigré d’Allemagne aux États-Unis au milieu du xviiie siècle. Son père mourut quand elle était bébé et, vers 1863, sa mère l’emmena avec sa sœur Caroline vivre chez des parents à Beloit, dans le Wisconsin. Après la mort de sa mère en novembre 1875, Mary Augusta Catharine retourna à Reading, dans la famille d’un cousin. Elle fréquenta la Philadelphia School of Design for Women de 1881 à 1883, puis s’inscrivit (probablement à temps partiel) à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts où, de 1883 à 1885, elle suivit des cours de Thomas Pollock Anshutz et de Thomas Eakins. C’est à cet établissement qu’elle fit la connaissance de l’artiste canadien George Agnew Reid, étudiant comme elle, qu’elle épousa en 1885.

Les Reid firent leur voyage de noces en Europe et, quatre mois durant, visitèrent Londres, Paris, l’Italie et l’Espagne. À Málaga, ils allèrent voir la sœur de Mary qui, élevée dans la foi luthérienne, s’était convertie au catholicisme et était devenue religieuse. À leur retour au Canada, ils s’établirent à Toronto et ouvrirent, au 31 de la rue King Est, un atelier où ils donnèrent des cours d’art. Probablement en 1888, ils emménagèrent dans un logement au Toronto Arcade, rue Yonge, puis en 1901, dans une maison située dans la rue Indian et finalement, en 1907, à Upland Cottage, maison dessinée par George Agnew à Wychwood Park, petite localité bucolique au nord de Toronto. Au printemps de 1888, la vente aux enchères de leurs œuvres leur rapporta suffisamment d’argent pour faire un deuxième voyage en Grande-Bretagne et en France en 1888–1889. Mary Reid s’inscrivit à l’Académie Colarossi à Paris, où elle étudia le costume et le dessin d’après modèle sous la direction de Joseph Blanc, Pascal Dagnan-Bouveret, Gustave Courtois et Jean-André Rixens. Elle y retournerait étudier en 1896, au cours d’un long voyage avec son mari à Gibraltar et en Espagne, voyage qu’elle décrivit dans trois articles du Massey’s Magazine (Toronto). Les Reid feraient deux autres voyages en Europe, en 1902 et en 1910. En outre, de 1891 à 1916, ils passèrent tous leurs étés au club littéraire et artistique privé d’Onteora, dans les monts Catskill, près de Tannersville, dans l’État de New York. Ils y avaient une maison et un atelier, dessinés par George Agnew suivant les principes du mouvement arts et métiers. Là, ils se consacraient à la peinture et à l’enseignement ; leur atelier pouvait recevoir dix élèves, dont certains venaient d’aussi loin que Toronto.

Mme Reid a laissé surtout des tableaux de chevalet et quelques aquarelles, mais elle a aussi peint un petit nombre de murales marouflées représentant des paysages. La plus fameuse de ces murales est une vue de la rivière Humber, réalisée pour l’hôtel de ville de Weston (Toronto) en 1912–1913. Mme Reid était cependant mieux connue comme peintre de natures mortes aux fleurs et, dès 1890, beaucoup la considéraient comme la meilleure peintre de fleurs du Canada. Les critiques vantaient tout particulièrement la finesse avec laquelle elle insufflait du « caractère » aux illustrations fidèles et purement botaniques que privilégiaient la plupart de ses prédécesseurs canadiens dans le genre. Mme Reid exposa régulièrement aussi des peintures représentant des jardins, des prairies et d’autres paysages domestiqués, des scènes nocturnes et, moins souvent, des intérieurs d’atelier et des études de personnages. Tout en empruntant au passage à l’impressionnisme, surtout dans les années 1880 et 1890, elle s’attacha durant toute sa carrière à travailler une gamme restreinte de couleurs susceptible d’évoquer une subjectivité poétique, comme dans A study in greys, tableau réalisé vers 1913. Ces peintures étaient typiques du tonalisme nord-américain de la fin du xixe et du début du xxe siècle. Cette palette l’attirait d’autant plus qu’elle lui rappelait les tableaux de Vélasquez, qu’elle avait étudiés et admirés à Madrid en 1896. Mme Reid incorporait aussi des éléments de l’esthétique de l’Américain James Abbott McNeill Whistler – entre autres les motifs orientaux que l’on trouve parfois dans ses natures mortes et ses scènes d’intérieur, par exemple dans Chrysanthemums : a Japanese arrangement (peint vers 1895) ; de temps en temps, elle employait aussi, comme Whistler, des titres suggérant des parallèles entre les arts visuels et la musique, par exemple Harmony in grey and yellow (1897). Plus que la plupart de ses contemporains, elle produisit des œuvres témoignant de ce souci décoratif présent aussi dans l’art nord-américain. En cela, elle avait l’appui de critiques tels que Hector Willoughby Charlesworth* du Saturday Night, qui a dit de ses peintures qu’elles possédaient un « raffinement exquis ». Malheureusement, en expliquant cette sensibilité féminine idéalisée qu’il voyait dans ses œuvres, Charlesworth eut recours au cliché ; il souligna en effet que Mme Reid était un modèle d’humble et gracieuse féminité – la parfaite compagne d’un plus célèbre mari. Mme Reid ne dit ni ne fit pas grand-chose pour démolir cette image. « Rien ne peut l’inciter à parler de ses tableaux », nota Marjory Jardine Ramsay MacMurchy* dans le Globe en 1910. Pourtant, Mme Reid se percevait clairement comme une artiste professionnelle. Un poème à sa mémoire publié en 1921 dans le Daily Mail and Empire et reproduit dans le Canadian Theosophist de Toronto, le rappellerait : « [Elle] vivait pour travailler et répandre le bonheur ; / et cela comblait son cœur de joie. » En l’absence de documentation plus fiable, toutefois, on ne peut affirmer rien de plus sur la personnalité de Mme Reid, et les deux principaux portraits d’elle qu’a exécutés son mari ne nous permettent que des conjectures.

Mme Reid faisait partie de l’establishment artistique de Toronto depuis son arrivée dans cette ville ou presque. Élue membre de l’Ontario Society of Artists en 1887, elle devint en 1907 la deuxième femme à faire partie de son comité directeur. Elle fut élue membre associée de l’Académie royale des arts du Canada en 1893 et membre de la Canadian Society of Applied Art en 1904. Bien qu’elle ait donné des cours tant à Toronto qu’à Onteora et enseigné notamment à Mary Matilda (May) Riter Hamilton, sa réputation se fondait principalement sur les œuvres qu’elle exposait. Elle participa à presque toutes les expositions annuelles de l’Ontario Society of Artists et de l’Académie royale des arts du Canada de son arrivée au pays jusqu’à sa mort, à certaines expositions annuelles de l’Association des arts de Montréal et de la Women’s Art Association of Canada, de même qu’à l’Exposition nationale canadienne. Ses œuvres furent présentées à l’Exposition universelle de Chicago en 1893, à la Pan-American Exposition de Buffalo en 1901 et à l’Exposition universelle de Saint Louis en 1904. Mme Reid exposa en outre avec Mary Evelyn Wrinch aux galeries de l’Art Metropole à Toronto en 1912, ainsi qu’avec son mari et Wrinch au Royal Ontario Museum pour venir en aide à la Croix-Rouge pendant la guerre (1915).

Après la nomination de George Agnew Reid comme directeur de l’Ontario College of Art en 1912, Mary Augusta Catharine Hiester Reid contribua activement au développement de cette école, du conseil de laquelle elle était membre. Durant 30 ans, elle fut de toutes les manifestations artistiques à Toronto. Elle commença à souffrir d’angine en 1919 et, à sa mort deux ans plus tard, beaucoup de ses peintures étaient en possession de collectionneurs privés et d’autres avaient été acquises par la Galerie nationale du Canada ou le gouvernement de l’Ontario. En 1922, l’Art Gallery of Toronto tint une importante rétrospective de ses œuvres, et la presse accueillit avec enthousiasme cette première exposition solo jamais consacrée à une femme dans ce musée. Toutefois, les artistes canadiens passaient à de nouvelles préoccupations et, déjà, l’esthétique de Mme Reid commençait à dater.

Brian Foss

Les articles de Mary Augusta Catharine Hiester Reid sur son voyage à Gibraltar et en Espagne ont été publiés, avec des illustrations de son mari, dans le Massey’s Magazine (Toronto), 1 (janv.–juin 1896) : 297–308, 373–384 ; 3 (janv.–juin 1897) : 375–383. Deux portraits remarquables d’elle ont été peints par son mari : Portrait of Mary Hiester Reid (1885), au Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa) et Mary Hiester Reid (1898) au Musée des beaux-arts de l’Ontario (Toronto). George Agnew Reid l’a aussi peinte dans Reverie (c. 1885), tableau conservé au Museum London (London, Ontario), dans Mortgaging the homestead (1890), au Musée des beaux-arts du Canada, et dans Sketch portraits of GAR and MHR (1896), au Musée des beaux-arts de l’Ontario. Les peintures de Mme Reid intitulées A study in greys et Chrysanthemums sont gardées au Musée des beaux-arts de l’Ontario, et Harmony est conservée dans la Coll. d’œuvres d’art du gouvernement de l’Ontario, qui a été transférée aux AO en 2001. On trouve d’autres de ses œuvres au Musée des beaux-arts du Canada, au Museum London, à la Robert McLaughlin Gallery (Oshawa, Ontario), à l’Agnes Etherington Art Centre, Queen’s Univ. (Kingston, Ontario), à l’Art Gallery of Windsor, Ontario, à l’Art Gallery of Hamilton, Ontario, et à l’Edmonton Art Gallery.

AO, F 1140, minute-books ; RG 22-305, nº 43899.— Moore College of Art and Design (Philadelphie), Philadelphia School of Design for Women, student registration records.— Musée des beaux-arts de l’Ontario, Bibliothèque, C. W. Jefferys papers, C. W. Jefferys, « The art of Mary Hiester Reid » ; George Reid scrapbook.— Pennsylvania Academy of the Fine Arts (Philadelphie), Records, school reg. of students, 1884–1885 (mfm aux Arch. of American Art, Smithsonian Institution (Washington), bobine no 62 : 221–236) ; student reg. in antique and life classes, 1858–1884 (bobine no 62 : 666–689).— Daily Mail and Empire, 11 oct. 1921.— Farmers’ Sun (Toronto), 24 oct. 1922.— Globe, 16 juill. 1910.— Annuaire, Toronto, 1887–1910.— Art Gallery of Toronto, Memorial exhibition of paintings by Mary Hiester Reid, 1922 (Toronto, 1922).— Canadian Farmer, Dairyman and Stockbreeder (Toronto), 30 déc. 1922 : 24.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Canadian Theosophist (Toronto), 2 (1921–1922), nº 10 : 144.— V. E. C[lymer] Hill, A genealogy of the Hiester family (Lebanon, Pa., 1903).— Brian Foss et Janice Anderson, l’Univers harmonieux de Mary Hiester Reid (catalogue d’exposition, Musée des beaux-arts de l’Ontario, 2000).— E. D. Gaillard, Onteora : hills of the sky, 1887–1987 (s.l., 1987).— Madge MacBeth, « Canadian women in the arts », Maclean’s (Toronto), 27 (1914), nº 12 : 23.— Muriel Miller Miner, G. A. Reid, Canadian artist (Toronto, 1946 ; éd. rév., George Reid, a biography, I. R. Coutts, édit., 1987).— M. L. Montgomery, History of Berks County in Pennsylvania (Philadelphie, 1886), 595s.— Saturday Night, 19 nov. 1898, 15 oct. 1921, 21 oct. 1922.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Brian Foss, « HIESTER, MARY AUGUSTA CATHARINE (Reid) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hiester_mary_augusta_catharine_15F.html.

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Auteur de l'article:    Brian Foss
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    1 décembre 2024