HENDERSON, JULIA WILLMOTHE (Henshaw) (elle reçut à la naissance le nom de Julia Willmotte ; son deuxième prénom fut souvent orthographié Wilmotte et, plus tard dans sa vie, elle l’écrivit Willmothe ; elle utilisa les pseudonymes de Julian Durham et de G’wan), journaliste, romancière, alpiniste, botaniste, photographe et conférencière, née le 8 août 1868 à Durham, Angleterre, septième fille de William Henderson et de Lucy Durham ; le 15 juin 1887, elle épousa à Montréal Charles Grant Henshaw (décédé en 1927), et ils eurent une fille ; décédée le 19 novembre 1937 à Vancouver.

Julia Willmothe Henderson grandit à Durham, probablement dans des conditions aisées, mais elle passerait presque toute sa vie adulte dans l’Ouest canadien. En 1871, son père, prospère fabricant de tapis, employait plus de 500 ouvriers dans l’entreprise qu’il possédait avec son frère. Les Henderson avaient huit enfants et quasi autant de domestiques ; Julia Willmothe fut éduquée par des gouvernantes et des précepteurs et, au cours de sa jeunesse, étudia en France et en Allemagne. À l’instar de nombreuses femmes du xixe siècle intriguées par la science, elle subit l’influence de son père. Grand amateur de plein air, ce dernier signerait un livre à succès sur la pêche à la ligne et passa beaucoup de temps avec Julia Willmothe, sa fille cadette, qui développa très tôt un goût pour la nature et les activités extérieures, notamment l’alpinisme. Elle commença également à écrire dès son jeune âge et aurait collaboré au Girl’s Own Paper de Londres.

En 1881, pour des raisons inconnues, Julia Willmothe n’était déjà plus au domicile de ses parents. Alors âgée de 12 ans, elle habitait Durham avec sa sœur Lucy et son beau-frère, John George Norton, pasteur. Elle partit vraisemblablement avec eux vivre à Montréal, après que ce dernier eut accepté le poste de rector à la cathédrale Christ Church en 1884.

En 1887, Julia Willmothe se maria avec Charles Grant Henshaw, courtier en placements. Selon le Canadian Magazine, elle continua d’écrire et publia des articles dans le Montreal Daily Star, mais aucun n’a été retrouvé. Trois ans plus tard, les époux et leur fille, Doris, prirent le train pour se rendre en Colombie-Britannique et s’établirent à Vancouver. L’Ouest ouvrit d’autres perspectives à Mme Henshaw. Elle trouva de nouveaux sujets et marchés pour ses textes, tandis que son mari travaillait comme négociant-commissionnaire et juge de paix. Les Henshaw partageaient le goût de l’aventure et, en Colombie-Britannique, Julia put s’adonner à la botanique, à la photographie et à l’exploration de territoires inconnus, d’abord dans les montagnes Rocheuses, puis à l’intérieur de l’île de Vancouver. Animée d’une grande énergie, elle chercha à recréer le milieu social et culturel qu’elle avait connu en Angleterre ; dame de société, elle compta parmi les fondatrices du Vancouver Woman’s Musical Club, du Georgian Club (trésorière honoraire, 1911–1912) et du Club alpin du Canada (secrétaire honoraire, 1910–1912, 1914–1920). Elle participait activement aux activités de la section de Vancouver du Women’s Canadian Club, où elle occupa le poste de vice-présidente vers 1911, de l’Imperial Order Daughters of the Empire [V. Margaret Smith Polson*], dont elle fut vice-présidente nationale en 1916, et de la Canadian Society of Authors, où elle assuma la vice-présidence de la section provinciale en 1924.

En 1894, Mme Henshaw avait commencé à écrire pour le journal Province de Victoria. Quand le périodique devint un quotidien, en mars 1898, et fut transféré à Vancouver, elle y fit paraître des recensions de livres et des critiques de théâtre sous le pseudonyme de Julian Durham, qu’elle utilisait pour ses travaux qu’elle jugeait sérieux. De 1900 à 1910, elle fut rédactrice en chef de la page du dimanche du Vancouver Daily News-Advertiser et, sous le pseudonyme de G’wan, qu’elle réservait aux « écrits féminins », elle se chargeait du carnet mondain. Après la création du Vancouver Sun, en 1912, elle était responsable de sa page littéraire et rédigeait la chronique « Note book » ; elle collaborerait à ce journal jusqu’à sa mort.

Sous la signature de Julian Durham, Mme Henshaw publia deux articles dans le Canadian Magazine : « Vancouver, a twelve year old city », en 1898, et « The queen city of British Columbia », l’année suivante. Son premier roman, Hypnotized ? or, The experiment of Sir Hugh Galbraith : a romance, parut également en 1898 à Toronto sous le même pseudonyme. Elle fut la première romancière de la Colombie-Britannique. Après 1900, peut-être grâce au succès de son roman, elle commença à publier ses écrits sous son nom de femme mariée. Le roman Why not, sweetheart ?, dont l’histoire se déroule dans le sud de la province, parut à Toronto en 1901, quand elle avait 32 ans. Le livre, décrit dans Literary history of Canada comme un « mélodrame extravagant », relate ses observations sur le climat, la géographie, la flore, la faune et son expérience personnelle au contact du territoire et des gens. Il reflète la croyance courante dans les « possibilités illimitées de l’immense Ouest canadien […, dans] ses richesses inépuisables, et [dans] l’énergie intrépide de ses colons, élément clé de leur succès ».

Les expéditions de Mme Henshaw dans les Rocheuses, ainsi que son intérêt pour la photographie et la botanique, donnèrent lieu à la publication de plusieurs guides sur les plantes. À l’instar des ouvrages de Catharine Parr Traill [Strickland*], immigrante britannique arrivée plus tôt, ses livres s’inspiraient de son expérience sur le terrain. En 1906, Mme Henshaw publia à Toronto Mountain wild flowers of Canada : a simple guide to the names and descriptions of the flowers that bloom above the clouds, qui souleva quelque contrariété chez sa collègue Mary Townsend Schäffer [Sharpless]. Elle avait appris les techniques photographiques de cette dernière et de son mari, Charles, tous deux explorateurs des montagnes Rocheuses et naturalistes, et tiré profit de leurs études. En publiant avant eux, elle court-circuita l’attention que leurs travaux auraient pu recevoir. Son livre, qui sortit à Boston la même année sous le titre Mountain wild flowers of America […], et le volume subséquent, Wild flowers of the North American mountains, paru à New York en 1915, furent les premiers guides nord-américains sur les plantes alpines. Ils étaient novateurs par l’usage de photographies au lieu de lithographies. Leur contenu était agencé selon les couleurs des fleurs plutôt que selon l’ordre taxinomique (utilisé dans maints guides de plantes) ou selon les saisons (comme dans l’ouvrage de Traill paru à Montréal en 1868, Canadian wildflowers). De plus, Mme Henshaw publia plusieurs articles sur la végétation alpestre dans le Canadian Alpine Journal de Calgary, et ce, dès le premier numéro en 1907. Au début des années 1900, elle écrivit sur les fleurs alpines, les jardins, les voyages dans l’Ouest canadien, l’alpinisme et diverses activités de plein air pour le Canadian Magazine et de nombreux autres périodiques canadiens, américains et britanniques ; ses articles s’accompagnaient souvent de photographies, certaines probablement prises par elle-même.

Durant la Première Guerre mondiale, alors que son mari travaillait comme officier de recrutement à Vancouver, Mme Henshaw était capitaine honoraire de la British Red Cross Society. Elle se rendit au front pour évaluer les besoins non médicaux des patients et du personnel médical canadiens, puis donna des conférences dans tout le Canada pour recueillir des fonds en vue de procurer des commodités aux blessés. Plus tard, elle conduisit une ambulance en France et agit à titre de directrice de la Croix-Rouge. Le gouvernement français lui décerna la croix de Guerre en reconnaissance de ses services. À l’issue du conflit, elle rentra au pays pour reprendre ses explorations, écrits et conférences. Elle avait été élue membre de la Royal Geographical Society en 1913. En 1920, elle assista, en tant que déléguée du Club alpin du Canada, au Congrès de l’alpinisme international à Monaco. Elle y prononça plusieurs conférences sur les Rocheuses, illustrées de diapositives, qui furent bien reçues ; on la décora du titre d’officier de l’ordre de Saint-Charles de la principauté. Oratrice populaire, elle donna une causerie sur le fleuve Columbia à la Victoria League de Londres en 1924 ; l’année suivante, elle présenta les parcs nationaux canadiens devant la Royal Society of Arts et la Royal Scottish Geographic Society. Elle dirigeait à cette époque-là la Canadian National Parks Association. Le ruisseau Henshaw, dans l’île de Vancouver, fut nommé en son honneur. Ces distinctions, parmi d’autres, étaient des témoignages de ses réalisations.

Julia Willmothe Henshaw, femme énergique et déterminée, écrivit jusqu’à sa mort en 1937 ; un chèque non encaissé émis par la Sun Publishing Company se trouvait parmi ses effets personnels. Sa fille hérita de ses biens, évalués à 6 047 $. Le nombre et la diversité de ses livres et articles font également partie de son legs.

Marianne Gosztonyi Ainley

BAnQ-CAM, CE601-S63, 15 juin 1887.— BCA, GR-1415, file 23316 ; GR-2951, no 1937-09-536536.— City of Vancouver Arch., Add. mss 54 (J. S. Matthews coll.), topical files, Henshaw, Charles [and] Julia.— Durham County Council, Register Office (Bishop Auckland, Angleterre), Reg. of births, Saint Nicholas, 8 août 1868.— National Arch. (G.-B.), RG 10, piece 4966, f.12, p.17–18 ; RG 11, piece 4961, f.19, p.31.— Windermere Valley Museum and Arch. (Invermere, C.-B.), A314, A315 (Julia Henshaw photographs).— New York Times, 21 nov. 1937.— Vancouver Daily Province, 19 nov. 1937.— M. G. Ainley, « Last in the field ? Canadian women natural scientists, 1815–1965 », dans Despite the odds : essays on Canadian women and science, M. G. Ainley, édit. (Montréal, 1990), 25–62.— J. S. Beck, No ordinary woman : the story of Mary Schäffer Warren (Calgary, 2001).— Canadian annual rev., 1919, 1927.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Canadian who’s who, 1936–1937.— Joseph et Nesta Dunn Ewan, Biographical dictionary of Rocky Mountain naturalists : a guide to the writings and collections of botanists, zoologists, geologists, artists, and photographers, 1682–1932 (Utrecht, Pays-Bas, 1981).— « In memoriam : Julia W. Henshaw, F.R.G.S., 1869–1937 », Canadian Alpine Journal ([Banff, Alberta]), 25 (1937) : 128–131.— Marjory Lang et Linda Hale, « Women of The World and other dailies : the lives and times of Vancouver newspaperwomen in the first quarter of the twentieth century », BC Studies (Vancouver), no 85 (printemps 1990) : 3–23. — Literary history of Canada : Canadian literature in English, C. F. Klinck et al., édit. (2e éd., 4 vol., Toronto, 1976–1990), 1 : 314.— B. M., « Canadian celebrities : no. xxx, Julia W. Henshaw », Canadian Magazine, 18 (novembre 1901–avril 1902) : 220–221.— Rosemary Neering, Wild west women : travellers, adventurers and rebels (Vancouver, 2000).— E. O. S. Scholefield et F. W. Howay, British Columbia from the earliest times to the present (4 vol., Vancouver, 1914).— Cyndi Smith, Off the beaten track : women adventurers and mountaineers in western Canada (Jasper, Alberta, 1989).— Who’s who in Canada, 1923–1924.— Who’s who in western Canada [...] (Vancouver), 1911.— Who was who among North American authors, 1921–1939 (2 vol., Detroit, 1976).

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Marianne Gosztonyi Ainley, « HENDERSON, JULIA WILLMOTHE (Henshaw) (Julian Durham, G’wan) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/henderson_julia_willmothe_16F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2018
Année de la révision:    2018
Date de consultation:    1 décembre 2024