HÉBERT, JOSEPH, postillon et figure populaire, né le 12 juillet 1830 à Berthier (Berthier-sur-Mer, Québec), fils de Jean-Baptiste Hébert, journalier, et de Marie-Anne Blais ; décédé en octobre 1919 à l’hôpital de Harrington Harbour, Québec, et inhumé le 19 dans le cimetière de Tête-à-la-Baleine, Québec.

À l’instar de plusieurs habitants de Berthier, Joseph Hébert décide, à l’âge de 15 ans, de tenter sa chance sur la côte nord du Saint-Laurent. Il se fixe à Tête-à-la-Baleine, en Basse-Côte-Nord, où il pratique la pêche et la chasse au loup-marin. Selon le rapport d’un missionnaire oblat, qui visite la région en 1860, il y a alors trois familles catholiques à cet endroit.

En 1879, le gouvernement fédéral décide de mettre sur pied un service postal régulier sur la Basse-Côte-Nord. Cette vaste région est divisée en quatre sections, de Betsiamites à Pointe-des-Monts, de Pointe-des-Monts à Moisie, de Moisie à Pointe-aux-Esquimaux (Havre-Saint-Pierre), et de ce dernier endroit à Blanc-Sablon, à la frontière du Labrador. Jos. Hébert, comme on l’appelait populairement, est nommé postillon responsable de la dernière section. Le territoire qu’il doit couvrir s’étend sur quelque 450 milles, et seuls quelques établissements isolés jalonnent sa route dans de grands espaces parsemés d’embûches. Il devra faire le trajet de Blanc-Sablon à Pointe-aux-Esquimaux au moins deux fois par hiver. Comme le terrain est assez plat, il a l’idée d’utiliser le traîneau à chiens, ou cométique, pour transporter le courrier. Ce moyen de locomotion lui permet de parcourir quotidiennement de longues distances tout en portant jusqu’à environ 550 livres de courrier. À compter de 1893, Hébert ne dessert plus que les localités de Blanc-Sablon à Natashquan. Un autre postillon partira de Pointe-aux-Esquimaux pour aller le rencontrer. Sauf l’année 1890, où il est remplacé par Joseph Galibois, Hébert va assurer le service postal, hiver et été, jusqu’à sa mort, soit durant 39 ans.

Dans tous ces petits villages isolés où il passe, Hébert est accueilli avec empressement. On lui offre le repas et un endroit chaud pour dormir. Hébert apprécie cette hospitalité des villageois et se fait un plaisir de festoyer avec eux lorsque l’occasion s’y prête. Court et trapu, il portait la barbe et de longs cheveux pour mieux se garantir du froid. Il lui arrivait souvent de coucher à la belle étoile durant l’hiver. Il plaçait alors son cométique et les sacs de courrier pour se protéger, tout en s’entourant de ses chiens, qui lui procuraient la chaleur voulue. Quand la tempête le surprenait, il n’avait d’autre choix que de creuser un trou dans la neige et de s’y blottir avec ses chiens.

Celui qui a été « un des hommes les plus populaires de la côte et des mieux connus », au dire de Placide Vigneau, de Pointe-aux-Esquimaux, devait acquérir une renommée beaucoup plus large grâce à la chanson Jos Hébert, que Gilles Vigneault composa en 1959. Désormais, le postillon de la Côte-Nord, « Avec ses chiens de Kaska, / Son fouet, ses raquettes longues, / Ses sacs de malle, sa drague / Et puis son grand cométique », rappellerait qu’un pays se bâtit grâce à des gens de courage, d’endurance et de vitalité.

Gaston Saint-Hilaire

AC, Québec, État civil, Catholiques, Lourdes de Blanc-Sablon, 19 oct. 1919.— ANQ-Q, CE2-2, 13 juill. 1830.— Gaston Carrière, Histoire documentaire de la Congrégation des missionnaires oblats de Marie-Immaculée dans l’est du Canada (12 vol., Ottawa, 1957–1975),: 42–45 ;: 251256.— [J.-B.-A.] Ferland, Louis Gamache, le Labrador, opuscules (Québec, 1877).— Marc Gagné, Gilles Vigneault ; bibliographie descriptive et critique, discographie, filmographie, iconographie, chronologie (Québec, 1977).— Louis Garnier, Du cométique à l’avion ; les pères eudistes sur la Côte-Nord (1903–1946) (Québec, 1947).— Damase Potvin, « l’Être le plus extraordinaire que j’ai rencontré : Jos. Hébert, le premier postillon de la Côte-Nord », Concorde (Québec), 3 (1952), no 9 : 19s. ; no 10 : 25s.— Lucien Rioux, Gilles Vigneault (Paris, 1969), 82s.— Placide Vigneau, Un pied d’ancre ; journal de Placide Vigneau [...] (Lévis, Québec, 1969).

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Gaston Saint-Hilaire, « HÉBERT, JOSEPH (1830-1919) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hebert_joseph_1830_1919_14F.html.

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Auteur de l'article:    Gaston Saint-Hilaire
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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