HEAVISIDE, MARY (lady Love), artiste et lithographe, baptisée le 25 juin 1806 à Halifax, Nouvelle-Écosse, fille cadette de Thomas Heaviside, mercier et plus tard marchand de bois, et de son épouse Elizabeth ; sa vie nous est connue jusqu’en 1866.
Mary Heaviside reçut son éducation en Angleterre où elle étudia également les beaux-arts. Le 16 juillet 1825, elle épousa le lieutenant-colonel James Frederick Love qui s’était joint, en 1804, au 52e régiment d’infanterie légère. Il avait combattu dans les guerres napoléoniennes à La Corogne et à Waterloo sous les ordres de sir John Colborne et était venu au Nouveau-Brunswick en qualité d’officier supérieur inspecteur de la milice. Pendant les années 1825 à 1830, il fut en garnison à Saint-Jean et à St Andrews.
Au cours de cette période, Mary Love cultiva, semble-t-il, à la fois son goût et son habileté pour le dessin. En 1830, elle exécuta au moins deux dessins portant la mention « Dessiné sur la pierre par M. Love ». Ceux-ci furent lithographiés par John B. Pendleton de Boston, Massachusetts, dont l’entreprise, fondée en 1826, avait déjà produit des lithographies dans un but commercial, aux États-Unis. Intitulées « A view near St. Andrews, New Brunswick (Chamcook) » et « A view on the St. Croix River, New Brunswick », les deux lithographies de Mary Love ont été décrites par un historien de l’art moderne, dans l’Art Bulletin du New Brunswick Museum de 1960, comme étant probablement les premières lithographies exécutées par un artiste né au Canada. Les dessins, qui représentent des scènes charmantes et dont la facture dénote beaucoup de sensibilité, se comparent avantageusement à l’œuvre d’autres artistes du début du xixe siècle.
Selon l’article paru dans le Bulletin, Pendleton aurait vraisemblablement publié un jeu d’au moins quatre dessins et les deux illustrations utilisées par Joseph Bouchette* dans son livre, The British dominions in North America [...] (2 vol., Londres, 1832), qui étaient signées « By a Lady », étaient l’œuvre de Mary Love. Les dessins intitulés « New Government House, Fredericton, N.B. » et « Barracks and Market Square, Fredericton, N.B. » semblent avoir la même facture que les autres dessins que l’on connaît de Mme Love. Une autre planche non signée du livre de Bouchette et ayant pour titre « On the Kennebeckasis near St. John » semble également être son œuvre.
Les illustrations « by a Lady » d’un livre de poésie intitulé A peep at the Esquimaux [...] publié à Londres en 1825, ont parfois été attribuées à Mme Love. Les dessins s’inspiraient en grande partie des gravures du capitaine George Francis Lyon parues dans le journal de voyage entrepris dans l’Arctique par William Edward Parry* et publié l’année précédente. Les hypothèses au sujet de l’identité de la « Lady » ne sont appuyées d’aucune preuve convaincante.
Après avoir servi en Grande-Bretagne et en Méditerranée, le lieutenant-colonel Love revint en Amérique du Nord britannique en 1838 pour participer aux opérations visant à mater la rébellion dans le Bas-Canada. Il fut par la suite commandant à la frontière de Sarnia, de 1838 à 1840. Il semble que Mary Love ait poursuivi sa carrière d’artiste : Henry James Morgan* cite un journal de l’époque signalant qu’elle avait exécuté des aquarelles d’une très belle facture représentant des paysages des Cantons de l’Est et d’autres coins du Bas-Canada. On y exprimait le vœu que « cette charmante artiste consente à être publiée afin que son goût et ses aptitudes naturelles soient reconnus par tous, autant que l’on a apprécié sa grâce et sa délicatesse, partout où elle a résidé au Canada ».
L’époux de Mary Love était de nouveau en Angleterre au début des années 40. Il occupa diverses charges militaires, dont celle de gouverneur de Jersey de 1852 à 1856, et fut fait chevalier en 1856. Lady Love était avec lui à Londres lorsqu’il mourut le 13 janvier 1866. Elle n’eut aucun enfant. Les recherches pour reconstituer les étapes subséquentes de sa vie et établir la date de sa mort effectuées chez les descendants de ses deux sœurs, Ann Maria, l’épouse de l’archidiacre Robert Willis de Halifax et Jane, l’épouse d’Alexander Wedderburn* de Saint-Jean, n’ont donné aucun résultat.
L’auteur remercie Donald C. Mackay pour les précieux renseignements qu’il lui a fournis. [p. c.]
St Paul’s Anglican Church (Halifax), register of baptisms, 1791–1816 (mfm aux PANS).— Arthur papers (Sanderson), I : 441s. ; II : 219–221, 318, 401 ; III : 54s., 64s., 104.— Gentleman’s Magazine, CCXX (janv.–juin 1866) : 442.— Ottawa Citizen, 11 févr. 1963.— Boase, Modern English biog. (1965), II : 562.— DNB.— Harper, Early painters and engravers.— Types of Canadian women and of women who have been connected with Canada, H. J. Morgan, édit. (Toronto, 1903).— N.B. Museum, Art Bull. ([Saint-Jean]), V, nº 1 (sept. 1960) : [10–12].— Judith St John, A peep at the Esquimaux through early children’s books, Beaver, outfit 296 (hiver 1965), 38–44.
Phyllis Creighton, « HEAVISIDE, MARY (Love) (lady Love) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/heaviside_mary_9F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |