HEARTZ, RICHARD JACOB, homme d’affaires et homme politique, né le 11 juin 1816 à North River, Île-du-Prince-Édouard, fils de John Martin Heartz et d’Ann Margaret Dawson ; le 2 mars 1841, il épousa Jane Howard, et ils eurent trois fils et trois filles ; décédé le 15 juillet 1908 à Charlottetown.

Richard Jacob Heartz naquit dans une famille qui avait des assises solides à l’Île-du-Prince-Édouard. D’origine allemande, son grand-père paternel avait immigré à New York, puis, en tant que loyaliste, avait reçu une concession de 500 acres sur la rivière Yorke (North). Sa mère était la fille d’un officier de milice d’origine irlandaise qui avait eu lui aussi une concession.

Après des études rudimentaires, Heartz s’installa à Charlottetown en 1832 pour apprendre le métier de tanneur et corroyeur dans l’entreprise de son oncle Thomas Dawson. Dès 1838, il était tanneur et marchand général à son propre compte. Durant 20 ans, son entreprise ne cessa de prendre de l’expansion. Lorsqu’il vendit sa tannerie en 1858 pour se faire banquier, un agent de la R. G. Dun and Company le décrivit comme un « homme d’âge moyen, consciencieux, de bonne réputation, sérieux, [qui détenait] un avoir de 9 ou 10 000 £ ». En 1865, avec son fils Benjamin comme associé, Heartz fonda un commerce de marchandises sèches, la Heartz and Son, dont il se retira un court moment en 1869–1870. On ignore quand cette association se termina. Jusqu’à la fin de sa vie, Heartz continuerait de s’intéresser aux affaires de son fils et de son petit-fils Frank Richard Heartz. Par ailleurs, il fit partie du conseil d’administration de la Charlottetown Gas Light Company et de la Charlottetown Mutual Fire Insurance Company. Dans sa vieillesse, il s’intéressa à l’agriculture et s’occupa d’une ferme modèle où l’on faisait des produits laitiers et de l’élevage, la Heartz Farm, en bordure de Charlottetown.

Cependant, Heartz semble avoir été plus un banquier qu’un commerçant. À l’époque où il se lança dans la finance, l’île ne comptait pas de banques, ce qui retardait le commerce. Les marchands à court de fonds avaient souvent besoin d’emprunter à des particuliers. Bien que, dit-on, certains prêteurs indépendants aient été durs, Heartz, lui, avait la réputation d’être juste. Il fit partie du premier conseil d’administration de la Bank of Prince Edward Island durant toute la période où elle fut active, soit de 1856 à 1881. Il se retira des affaires bancaires en 1900. Certes, il ne fut jamais l’un des plus gros hommes d’affaires de la ville, mais ce fut en partie grâce à lui si les ressources financières locales furent mobilisées dans un système bancaire qui avait ses assises dans le milieu. Ce système connut une brève période de prospérité, mais, faute d’être bien géré, et à cause de la concurrence extérieure et de la faiblesse de l’économie, il s’effondra.

Heartz avait un très grand sens civique. Il appartint à une compagnie de pompiers volontaires dès 1841, ce qui, à l’époque, était une marque de prestige dans la collectivité. Pendant un demi-siècle, à compter de 1858, il fut l’un des administrateurs de la Methodist Society of Prince Edward Island. Membre éminent de la congrégation wesleyenne de Charlottetown, il joua un rôle majeur dans la construction d’une nouvelle chapelle (appelée par la suite église First Methodist ; aujourd’hui l’église Trinity United) qui ouvrit ses portes en 1864. Quand Charlottetown devint une municipalité, en 1855, il fut élu au conseil ; il y resterait 17 ans entre cette date et 1878, période où, dans l’ensemble, servir dans l’administration municipale était peu prestigieux. Apparemment, il exerça toutes ses activités sans se signaler par aucune opinion tranchée ni par aucun trait marqué, si ce n’est une disposition à consacrer du temps et, à l’occasion, de l’argent au bien-être de ses concitoyens.

Richard Jacob Heartz vécut dans un milieu qui, pour le xixe siècle, était bien nanti, mais qui offrait à l’individu et au citoyen peu d’occasions de briller. Il fut un notable du groupe qui formait l’armature socio-économique de Charlottetown et qui présida à l’intégration de la ville dans la vie nationale.

Peter E. Rider

Des renseignements utiles sur Heartz et ses associés figurent dans la base de données Atlantic Canada Newspaper Survey, qu’on peut consulter en direct par le Réseau canadien d’information sur le patrimoine, administré par Communications Canada (Ottawa).

Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 9 : 337, 402, 421.— PARO, Acc. 2874/11 ; Acc. 3043/188–189 ; Acc. 3466/HF.78.210.4 ; HF.83.70.13 ; RG 19, marriage licence reg., 1832–1843 ; RG 20, 1–6.— P.E.I. Museum, Geneal. Div. files.— St Paul’s Anglican Church (Charlottetown), RBMS (mfm aux PARO, Acc. 3069A/2).— Trinity United Church (Charlottetown), RBMS (mfm aux PARO, Acc. 3297A/7, 10–11).— Daily Patriot (Charlottetown), 15, 17 juill. 1908.— D. [O.] Baldwin, « The Charlottetown political elite : control from elsewhere », Gaslights, epidemics and vagabond cows : Charlottetown in the Victorian era, D. [O.] Baldwin et Thomas Spira, éd. (Charlottetown, 1988), 32–50 ; « The growth and decline of the Charlottetown banks, 1854–1906 », Acadiensis (Fredericton), 15 (1985–1986), no 2 : 28–52.— Charlottetown, Annual report, 1877–1908 (exemplaires aux PARO).— Past and present of P.E.I. (MacKinnon et Warburton), 664s.— I. L. Rogers, Charlottetown : the life in its buildings (Charlottetown, 1983).— Henry Smith, « Methodism in Charlottetown – second paper », Prince Edward Island Magazine (Charlottetown), 5 (1903–1904) : 106.

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Peter E. Rider, « HEARTZ, RICHARD JACOB », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/heartz_richard_jacob_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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