Titre original :  Judge John Carmichael Haynes was the law.

Provenance : Lien

HAYNES, JOHN CARMICHAEL, fonctionnaire et éleveur de bétail, né le 6 juillet 1831 à Landscape, Cork (République d’Irlande), fils aîné de Jonas Haynes et de Hester Carmichael ; le 6 septembre 1868, il épousa Charlotte Moresby (décédée en 1872), à Hope, colonie de la Colombie-Britannique, et ils eurent un fils, puis, le 14 janvier 1875, Emily Josephine Pittendrigh, à Osoyoos, Colombie-Britannique, et de ce mariage naquirent trois fils et trois filles ; décédé le 6 juillet 1888 à Princeton, Colombie-Britannique.

John Carmichael Haynes quitta l’Irlande en 1858, avec l’espoir d’entrer dans le corps policier que Chartres Brew*, un ami de son oncle, espérait mettre sur pied dans la colonie de la Colombie-Britannique. À bord du Sonora, parti de Panama, il fit la connaissance du colonel Richard Clement Moody, d’Arthur Thomas Bushby* et de Thomas Elwyn. « Paddy » Haynes fit bonne impression ; Bushby le considérait comme « un brave garçon ». Ils arrivèrent à Victoria le jour de Noël 1858, et, au début de janvier 1859, le gouverneur James Douglas* nomma Haynes et Elwyn constables spéciaux, chargés d’accompagner Brew dans une expédition qui avait pour mandat de réprimer les troubles survenus parmi les chercheurs d’or de Hills Bar. Une fois l’ordre restauré, Brew employa pendant quelque temps Elwyn et Haynes à recueillir les permis des mineurs. Ils n’y réussirent pas tellement bien, mais Brew fut satisfait de ce qu’ils s’étaient montrés compétents et capables d’accomplir n’importe quelle tâche « avec zèle et fidélité ». Haynes servit ensuite à Yale, comme constable aux ordres du magistrat Edward Howard Sanders, et, en novembre 1859, il fut promu constable en chef intérimaire.

L’année suivante, le gouverneur Douglas choisit Haynes comme adjoint de William George Cox*, juge de paix qui cumulait aussi les fonctions de commissaire adjoint de l’or et de percepteur adjoint des douanes à Rock Creek, à l’intérieur des terres, près de la frontière internationale, où l’on avait trouvé de l’or. Cette région largement ouverte, située autour de la rivière Kettle, était facile d’accès aux trafiquants, aux éleveurs de bétail et aux muletiers américains. Afin de donner la maîtrise du commerce aux Britanniques, Douglas ordonna la construction de la piste Hope-Princeton, qui devait traverser les monts Cascades, et mit Cox et Haynes en poste à Rock Creek. Haynes y arriva le 15 octobre 1860. Six semaines plus tard, Cox l’envoya à la rivière Similkameen, sur la scène d’une autre ruée vers l’or, où il ouvrit un poste de douanes en décembre. Ce même mois, Douglas imposa, le long de la frontière sud, un droit d’entrée sur les animaux importés et des droits de douane. En 1861, la ruée vers l’or dans la région de Cariboo draina les mineurs en direction du nord, et, en novembre, le dernier d’entre eux avait quitté la région de Rock Creek. À l’intérieur de la colonie de la Colombie-Britannique, le trafic en provenance des territoires américains empruntait maintenant la vallée du lac Okanagan, de sorte que Haynes fut transféré au lac Osoyoos, où il assuma la responsabilité de toute la région de Rock Creek, d’Okanagan et de Similkameen. Il devint percepteur adjoint des douanes en mars 1862, année au cours de laquelle 800 hommes et plus de 9 000 têtes de bétail, chevaux et mules passèrent par son poste, et où il perçut plus de £2 200 de droits. L’affluence des hommes et des animaux se maintint tout au cours de 1863 et pendant les premiers mois de 1864 ; puis les élevages établis par les conducteurs de bestiaux dans les vallées de l’intérieur commencèrent à suffire à la demande de nourriture du district de Cariboo, et les déplacements de bétail diminuèrent.

En juin 1864, Haynes fut muté dans le district de Kootenay, en qualité de juge de paix et de commissaire adjoint de l’or. Après un voyage difficile de 20 jours, via les forts Colvile (Colville) et Spokane (près de Spokane), dans le Territoire de Washington, il arriva, le 10 août, à Wild Horse Creek (Wild Horse River, Colombie-Britannique), où un campement de 1000 mineurs, boutiquiers et travailleurs avait tout à coup apparu. Dans cette communauté à prédominance américaine, l’anarchie prévalait, mais Haynes appliqua vigoureusement les lois de la colonie relatives aux mines et aux revenus. Quand, six semaines après son arrivée, Arthur Nonus Birch, secrétaire colonial de la Colombie-Britannique, et Arthur Bushby visitèrent le camp à titre officiel, ils ne purent « voir de pistolets, et tout [était] aussi tranquille et ordonné qu’il aurait pu l’être dans le district le plus civilisé de la colonie ». Haynes leur remit 75 livres d’or, droits perçus sur les importations trouvées à son arrivée. En reconnaissance pour son travail, le gouverneur Frederick Seymour* le nomma membre du Conseil législatif.

Sa présence aux sessions du conseil, en 1865 et 1866, renforça les liens de Haynes avec les fonctionnaires du gouvernement. Ces liens se révélèrent utiles : en 1865, il obtint la permission de réduire la dimension de deux grandes réserves indiennes à la tête et au pied du lac Okanagan, y taillant alors, en vue d’un établissement blanc, des pâturages et des étendues de terre où les troupeaux pourraient paître en toute liberté. Cette même année, Haynes dirigea aussi la construction d’un nouveau poste de douanes à l’étranglement du lac Osoyoos, mais il passa la plus grande partie de l’année et du printemps suivant au fort Shepherd, sur le fleuve Columbia. En août 1866, au cours de la brève ruée vers l’or au lieu dit Big Bend, sur le fleuve, il fut nommé juge de la cour de district au ruisseau French, mais retourna bientôt à l’établissement d’Osoyoos en qualité de percepteur des douanes. Lors de l’union des colonies de la Colombie-Britannique et de l’Île-de-Vancouver en novembre, Haynes resta fonctionnaire, à titre de percepteur adjoint des douanes à la frontière sud.

D’une façon inattendue, Haynes reçut l’ordre de retourner à Wild Horse Creek, en qualité de magistrat et de juge de la cour de district, à l’été de 1870. Il protesta contre sa mutation dans « le poste le plus à l’écart et le plus désagréable de la colonie », contre le « grand inconvénient, sur le plan personnel », de ce déménagement et contre le salaire de £450, inférieur à celui des autres magistrats. Il se rendit à Victoria, pendant l’hiver de 1870–1871, pour y chercher un accommodement. Le gouverneur Anthony Musgrave, qui faisait alors ses recommandations sur l’avenir des fonctionnaires de la colonie après son entrée dans la Confédération, pensait en son particulier que les nominations de Haynes aux postes de magistrat et de juge avaient été « temporaires », et qu’il devait être mis à la retraite, avec, toutefois, la permission de passer au service fédéral des douanes. Mais on avait besoin de Haynes dans la région de Kootenay, et il demeura à Wild Horse Creek, comme magistrat et juge de la cour de district, jusqu’en 1872, année où il retourna à Osoyoos comme juge de paix, travaillant aussi, jusqu’à sa mort, pour les douanes fédérales.

Sa vie assurée, Haynes accrut rapidement ses propriétés foncières après 1872. En août 1869, avec son associé, le constable William Hamilton Lowe, il avait acquis 160 acres de terre à la tête du lac Osoyoos, auxquelles il ajouta, l’année suivante, une autre terre, de 480 acres, adjacente à la précédente. En 1872, Haynes reprit les terres de Lowe qui avait subi un grave accident, et des acquisitions subséquentes, de 1874 à 1888, portèrent ses biens fonciers à 20 756 acres. Il créa un élevage de chevaux, mais, ne pouvant trouver de marché, il se tourna vers l’élevage des bestiaux ; il porta son troupeau jusqu’à 4 000 têtes et mérita le titre de « Roi du bétail de l’Okanagan sud ». Il conduisit des bestiaux par la piste Hope jusqu’à New Westminster, et par la piste Dewdney jusqu’au lac Kootenay et à Calgary (Alberta). Après qu’il eut construit une belle maison sur la rive est du lac Osoyoos, en 1882, la rumeur estimait ses biens à $200 000.

En 1888, en revenant par la piste Hope avec ses deux fils qui avaient fréquenté l’école à Victoria, Haynes tomba malade. Il mourut le 6 juillet à la résidence de John Fall Allison, à Princeton, et fut enseveli à Osoyoos. Ses terres et son cheptel passèrent à Thomas Ellis, que Haynes avait auparavant secouru, alors qu’il était un jeune immigrant irlandais. À Osoyoos comme dans la région de Kootenay, Haynes avait assumé ses fonctions avec fermeté, mais sans offusquer les mineurs, trafiquants et conducteurs de bétail américains. Avec d’autres propriétaires fonciers irlandais, il partagea par la suite une vie confortable de seigneur de village, dans un cadre pastoral, et, avec eux, il fit de l’élevage des bestiaux la première industrie de la vallée de l’Okanagan.

Margaret A. Ormsby

PABC, Add. mss 180 ; B.C., Colonial secretary, Corr. outward, 1859–1869 ; Dept. of Lands and Works, Corr. outward, 1865–1866 ; Colonial corr., Chartres Brew corr. ; W. G. Cox corr. ; J. C. Haynes corr. ; GR 112 ; GR 495 ; Herald Street coll. ; O’Reilly coll., Emily Haynes à Peter O’Reilly, 3 août 1888 ; Vancouver Island, Governor (Douglas), Corr. outward, 27 mai 1859–9 janv. 1864.— [Susan Allison], A pioneer gentlewoman in British Columbia ; the recollections of Susan Allison, M. A. Ormsby, édit. (Vancouver, 1976).— [A. T. Bushby], « The journal of Arthur Thomas Bushby, 1858–1859 », Dorothy Blakey Smith, édit., BCHQ, 21 (1957–1958) :83–198.— C.-B., Blue book, 1859–1870 ; Legislative Assembly, Journals, 1877.— Daily Colonist, 11 juill. 1888.— Government Gazette-British Columbia (New Westminster, C.-B.), 5 nov. 1864.— Kelowna Courier and Okanagan Orchardist (Kelowna, C.-B.), 12 mars 1908.— R. E. Cail, Land, man, and the law : the disposal of crown lands in British Columbia, 1871–1913 (Vancouver, 1974).— Matthew Macfie, Vancouver Island and British Columbia : their history, resources, and prospects (Londres, 1865), 255–262.— M. A. Ormsby, « Some Irish figures in colonial days », BCHQ, 14 (1950) : 61–82.— H. E. White, « John Carmichael Haynes : pioneer of the Okanagan and Kootenay », BCHQ, 4 (1940) : 183–201.

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Margaret A. Ormsby, « HAYNES, JOHN CARMICHAEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/haynes_john_carmichael_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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