HAWKINS, ERNEST, ministre de l’Église d’Angleterre et secrétaire de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, né le 25 janvier 1802 à Hitchin, Hertfordshire, Angleterre, fils de Henry Hawkins et d’Anne Gurney ; il épousa en 1852 Sophia Anna Lefroy ; décédé le 5 octobre 1868 à Londres.

Ernest Hawkins fréquenta le Balliol College à Oxford où il reçut de l’Oxford University son baccalauréat ès arts en 1824, sa maîtrise ès arts en 1827 et son baccalauréat en théologie en 1839. Après son ordination, il devint fellow d’Exeter College à Oxford et il fut également assistant conservateur de la Bodleian Library. En 1844 il fut fait prébendier de la cathédrale St Paul à Londres et, en 1850, il succéda à Francis Fulford, évêque désigné de Montréal, comme ministre de Curzon Chapel à Londres. En 1838 il avait été nommé sous-secrétaire et, en 1843, secrétaire de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, organisme missionnaire de l’Église d’Angleterre. Après une carrière couronnée de succès dans cette fonction, il démissionna en 1864, à l’occasion de sa nomination comme chanoine de Westminster.

Pendant les 26 ans qu’il passa au service de la Society for the Propagation of the Gospel, Hawkins eut la lourde responsabilité d’assurer le bien-être de centaines de ministres anglicans et de leurs familles en Amérique du Nord britannique et à travers le monde. Par exemple, en 1838, la société fournit £12 254 à 99 missionnaires dans les diocèses de Québec et de la Nouvelle-Écosse. Trente-huit missionnaires du Haut-Canada furent payés à même les revenus des « réserves » du clergé et, en Nouvelle-Écosse, 28 reçurent des émoluments du parlement britannique. En 1864, lors de l’annexion des territoires du Nord-Ouest et de la Colombie-Britannique, il y avait 234 missionnaires anglicans dans l’Amérique du Nord britannique. Grâce à ses relations personnelles avec les missionnaires de la société, parmi lesquels plusieurs furent envoyés d’Angleterre, et grâce aux renseignements qu’une correspondance régulière lui donnait de leur travail, il acquit de vastes connaissances de la vie de l’Église. Et qui plus est, depuis la constitution du Colonial Bishoprics Council en 1841, jusqu’en 1864, il fut secrétaire honoraire de cet organisme qui avait pour but l’accroissement des évêchés dans les colonies. En cette qualité, il fut mêlé à l’érection de nouveaux diocèses et à la nomination de leurs évêques : John Medley* à Fredericton en 1845, et Francis Fulford à Montréal en 1850. Il s’occupa aussi de la création des diocèses de Huron en 1857, et d’Ontario en 1861, dont les évêques respectifs, Benjamin Cronyn* et John Travers Lewis*, furent élus par le laïcat et le clergé du Canada. Les rapports entre la Society for the Propagation of the Gospel et les évêques de l’Amérique du Nord britannique furent généralement cordiaux même si quelques-uns, par exemple Cronyn, désapprouvaient ce qu’ils considéraient comme une tendance de la société vers la High Church.

En 1849, Hawkins visita à titre privé l’est des États-Unis et l’Amérique du Nord britannique. Pendant le voyage, il tint son journal, document d’un style incisif qui, complété par des lettres à ses correspondants en Angleterre, nous fournit un récit captivant sur les endroits visités, les personnes rencontrées et les conditions de voyage. Outre son désir de visiter les missions de la société, Hawkins avait en vue l’établissement d’une nouvelle politique de la société. Plusieurs paroisses fournissaient elles-mêmes au missionnaire une résidence, l’église et un petit salaire, mais les honoraires de £100 à £125 de la société étaient encore fort appréciés par plusieurs membres du clergé parce qu’ils arrivaient régulièrement. Cependant Hawkins s’aperçut que certaines missions pouvaient suffire elles-mêmes à leurs besoins. C’est ainsi que depuis les années 1830 jusqu’aux années 1860 le nombre de missionnaires soutenus par la Society for the Propagation of the Gospel augmenta tandis que leurs demandes d’aide diminuèrent. Par exemple, les missions du Haut-Canada, après 1832, avaient un revenu provenant de la vente des terres réservées au clergé et, dans certains cas, après 1836, des fondations faites par le lieutenant-gouverneur sir John Colborne. Par la suite, le soutien apporté au diocèse de Toronto cessa en 1858, et les diocèses de Montréal, Huron et Ontario parvinrent à suffire à leurs besoins au début des années 1880. Les diocèses de Fredericton et de Nouvelle-Écosse continuèrent toutefois à recevoir des subsides pendant la première décennie du xxe siècle, le diocèse de Québec, jusqu’en 1900, et celui de Terre-Neuve, jusqu’en 1922.

Au cours de sa visite en 1849, Hawkins eut le souci de consulter les évêques en commençant par George Jehoshaphat Mountain, à Québec, au sujet de la politique missionnaire. Tous deux discutèrent avec le gouverneur général lord Elgin [Bruce] de la fondation du nouveau diocèse de Montréal. Elgin demanda à Hawkins d’en être le premier évêque, mais celui-ci déclina l’offre. Hawkins quitta donc Montréal pour Kingston où, le 19 août, il prit part à une cérémonie pendant laquelle 136 personnes furent confirmées et 12 diacres ainsi que 5 prêtres furent ordonnés par l’évêque John Strachan. À Toronto, il fut reçu chaleureusement par Strachan pour qui il avait beaucoup de considération. À Londres, Hawkins rechercha à plusieurs reprises parmi les hommes politiques anglais l’appui à des projets de loi concernant l’éducation et les « réserves » du clergé que Strachan et l’Église anglicane au Canada désiraient obtenir. Relatant sa visite à Toronto, Hawkins observa : « Nous examinâmes encore l’éternelle question des « réserves » du clergé – sa Seigneurie rend les armes et capitule. » Deux ans plus tard, Hawkins seconda Strachan dans la fondation de Trinity College en lui donnant £2 000 prises dans les fonds de la Society for the Propagation of the Gospel, et sept acres et demie de terrain de grande valeur. Il encouragea également Strachan à convoquer un synode, avec la participation du laïcat, pour redonner des forces à l’Église canadienne qui, avec l’avènement du gouvernement responsable au Canada, ne pourrait plus dépendre d’amis à Londres pour protéger ses intérêts.

Après avoir vu les impressionnantes chutes du Niagara, Hawkins voyagea jusqu’à Detroit et Sarnia. Puis il revint vers l’est en passant par Toronto, Kingston et Montréal, tout en visitant plusieurs missions de la société sur son chemin. Il alla à Bytown (Ottawa) et fit ensuite une randonnée dans les Cantons de l’Est où il passa quelque temps au Bishop’s College à Lennoxville. De Québec il poursuivit sa route jusqu’à Rivière-du-Loup, où il jugea que les £100 que la société y versait chaque année pourraient mieux servir ailleurs puisque « là on n’y faisait à peu près rien ». À Fredericton, il passa une semaine chez l’évêque John Medley, qui, cette même année (1849), déclara qu’il n’y aurait que « 12 des 40 missions de son diocèse qui pourraient faire vivre convenablement un pasteur », si la société lui retirait ses subsides. Hawkins se rendit à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, avant de faire une courte visite à l’évêque John Inglis*, près de Windsor en Nouvelle-Écosse. Hawkins alors retourna en Angleterre. Il visita Toronto de nouveau en 1853.

Pendant ces années au service de la société, Hawkins publia un certain nombre de brochures ayant pour titre général The church in the colonies. Plusieurs de ces brochures racontent d’une façon très détaillée les voyages de l’évêque de Terre-Neuve, Edward Feild*, avec qui Hawkins fut en relation intime. D’autres décrivent les voyages des évêques Inglis, Medley, Mountain et Strachan. Toutes ces publications ont une grande valeur historique. Hawkins publia aussi la collection Missions to the heathen, dont deux numéros traitent des missions indiennes de Frederick Augustus O’Meara* au lac Huron. En 1844, il dirigea la publication du Colonial church atlas, qui contient des cartes des diocèses canadiens. Il écrivit également l’histoire des diocèses de Québec, Toronto et Fredericton. On doit encore à sa plume plusieurs autres travaux historiques, bibliques ou de dévotion.

Les 26 années que Hawkins consacra au service de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts furent une période de développement sans précédent. Les contributions volontaires, qui étaient de £16 557 en 1838, s’élevèrent à £91 703 en 1864, et le nombre des diocèses d’outre-mer passa de 8 à 47. Tant en 1838 qu’en 1863, la société dépensa environ un tiers de ses revenus pour les missions de l’Amérique du Nord britannique. Après sa mort, Hawkins reçut les éloges du Guardian de Londres qui vanta son tact, son jugement, sa largeur d’esprit et son impartialité : « Il fut, concluait-il, un de ces hommes qui font dans l’obscurité les choses qui comptent vraiment dans la vie. » Un historien moderne de la Society for the Propagation of the Gospel nous le décrit comme étant peut-être le plus grand secrétaire que la société ait jamais eu. Assurément aucun homme d’Église anglais n’a eu une plus grande influence sur le développement de l’Église anglicane dans l’est du Canada, entre les années 1838 et 1864.

T. R. Millman et J. L. H. Henderson

Ernest Hawkins est l’auteur de Annals of the diocese of Fredericton (Londres, 1847) ; Annals of the diocese of Toronto (Londres, 1848) ; Annals of the diocese of Quebec (Londres, 1849) ; Historical notices of the Church of England in the North American colonies previous to the independence of the United Stases [...] (Londres, 1845) ; et il est l’éditeur des Documents relative to the erection and endowment of additional bishoprics in the colonies ; with a short historical preface (Londres, 1844).

USPG, Hawkins papers.— Soc. for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, Report (Londres), 1869.— Church, 1er, 15 sept. 1853.— Guardian (Londres), 7, 14 oct. 1868.— DNB.— W. F. France, The oversea episcopate ; centenary history of the Colonial Bishoprics Fund, 1841–1941 (Westminster, Angl., [1941]).— H. P. Thompson, Into all lands ; the history of the Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, 1701–1950 (Londres, 1951), 111, 154.

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T. R. Millman et J. L. H. Henderson, « HAWKINS, ERNEST », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hawkins_ernest_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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