HASWELL, ROBERT, trafiquant de fourrures, né le 24 novembre 1768, probablement à Hull, Massachusetts ; le 10 octobre 1801, il épousa à Reading, Massachusetts, Mary Cordis, et ils eurent deux filles ; décédé en mer en 1801.

Fils aîné de William Haswell, lieutenant dans la marine royale, Robert Haswell avait déjà navigué quand il s’embarqua comme second lieutenant à bord du Columbia Rediviva, à Boston, le 30 septembre 1787. Ce navire, sous le commandement de John Kendrick*, et le sloop Lady Washington, aux ordres de Robert Gray, avaient été armés par Joseph Barrell et cinq autres associés, pour la traite des fourrures sur la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord. Le journal de bord que tint Haswell au cours de ce voyage a une très grande valeur, d’autant que c’est le seul compte rendu contemporain de la première entreprise dans le trafic de la loutre marine à être parvenu jusqu’à notre époque.

Pendant que, sur l’Atlantique, on faisait voile en direction sud, Haswell fut promu officier de pont en second. Aux îles Malouines (îles Falkland), à la suite d’une dispute avec Kendrick, il fut muté sur le Lady Washington, comme officier de pont en second, position qui était encore sienne quand, en septembre 1788, l’expédition atteignit la baie de Nootka (Colombie-Britannique). Le printemps suivant, le Columbia Rediviva resta à l’ancre dans la baie pendant que le sloop naviguait le long de la côte, à la recherche d’Indiens avec qui trafiquer. Au cours de ce voyage, Haswell rencontra les chefs indiens Callicum et Muquinna*, et acquit une connaissance suffisante des Nootkas et de leur langue pour en dresser un vocabulaire. En juillet, Kendrick renvoya le Columbia Rediviva, sous le commandement de Gray, avec Haswell réinstallé comme officier de pont en second, à Boston, via les îles Sandwich (Hawaï) et Canton (république populaire de Chine). Le navire rentra à son port d’attache en août 1790, après avoir effectué la circumnavigation du globe.

Tout juste six semaines plus tard, Haswell se rembarquait sur le navire pour la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord, cette fois à titre de second de Gray. Le navire arriva à la baie Clayoquot (Colombie-Britannique) le 5 juin 1791 et trafiqua sur le littoral pendant la saison estivale ; conformément aux instructions des propriétaires du navire, Gray évita la baie de Nootka, que tenait une garnison espagnole aux ordres de Francisco de Eliza* y Reventa et de Pedro de Alberni. L’expédition hiverna dans l’anse Adventure (inlet Lemmens, île Meares), où l’on construisit le sloop Adventure, de 45 tonneaux. En mars 1792, Haswell reçut le commandement de ce petit navire, qui se révéla « un excellent bateau de mer », et, en avril, il mit le cap sur les îles de la Reine-Charlotte et le littoral adjacent, à la recherche de lieux de traite. Le 17 juin, il rencontra Gray, qui remontait vers le nord après sa découverte du fleuve Columbia ; le lendemain, à l’inlet Nasparti (Colombie-Britannique), il transféra sur le Columbia Rediviva les peaux de loutre marine et les autres fourrures qu’il avait acquises. Peu après, ce bateau frappa un rocher et Gray dut demander l’aide des Espagnols de la baie de Nootka. Les Américains se lièrent d’amitié avec les hommes qu’ils avaient jusque-là évités et, le 28 septembre, ils cédèrent l’Adventure au nouveau commandant espagnol, Juan Francisco de la Bodega* y Quadra, contre 75 peaux de loutre marine de première qualité. Haswell reprit, à bord du Columbia Rediviva, son poste de second et fit voile vers Boston, via la Chine, où il arriva à la fin de juillet 1793.

Au cours des cinq années qui suivirent, Haswell fit deux voyages aux Indes orientales. Le 4 mars 1799, il entra dans la marine des États-Unis avec le grade de lieutenant et y servit jusqu’en avril 1801. Pendant cette période, il fut assigné au Boston et obtint une part, en argent, du butin provenant de la prise par ce navire de la corvette française Berceau. Le 5 avril, Haswell, âgé de 32 ans et qui résidait alors, avec sa famille, à Charlestown (maintenant partie de Boston), quitta pour la dernière fois le Massachusetts aux commandes du navire de traite Louisa. L’itinéraire prévu lui était familier : le navire devait contourner le cap Horn, poursuivre sa route vers le nord–ouest de l’Amérique du Nord, pour atteindre la Chine et revenir à Boston, mais il se perdit en mer avant d’avoir gagné sa première destination.

Le succès que connut Robert Haswell au cours de sa carrière montre qu’il fut un officier de confiance et un trafiquant compétent, malgré le jugement ambivalent de John Box Hoskins, subrécargue à bord du Columbia Rediviva au cours du deuxième voyage de ce navire à la côte nord–ouest de l’Amérique du Nord. Hoskins admet dans son journal que les connaissances du littoral acquises jusque–là par les membres de l’équipage étaient dues à Haswell ; néanmoins, il écrivit à Barrell : « Mr. Haswell [...] a dit à ses officiers qu’il ferait 10 000 dollars, qu’il s’en irait ensuite en Angleterre, que les propriétaires pourraient aller au diable, avec son salaire et son pourcentage. » Dans ses propres écrits, Haswell insiste souvent sur son esprit d’indépendance et sur la qualité de son jugement, parfois aux dépens de ses supérieurs ; mais il paraît avoir été un chef intelligent et un bon navigateur.

Barry Morton Gough

Les manuscrits de Robert Haswell, « A voyage round the world onboard the ship Columbia–Rediviva and sloop Washington », [17871789], et « A voyage on discoveries in the ship Columbia Rediviva », [17911793], sont conservés à la Mass. Hist. Soc. Le premier de ces journaux de bord, dans lequel est inclus le vocabulaire de la langue nootka qu’il a compilé, a été publié dans Voyages of the Columbia to the northwest coast, 1787–1790 and 1790–1793, F. W. Howay, édit. ([Boston], 1941 ; réimpr., Amsterdam et New York, [1969]), 3107, et une partie du deuxième journal, dans le même ouvrage aux pages 293359.

F. W. Howay, « Some notes on Robert Haswell », Mass. Hist. Soc., Proc. (Boston), 65 (19321936) : 592600.— Halifax Journal, 3 oct. 1810.— Nova Scotia Royal Gazette, 21 févr. 1786, 6 nov. 1787, 16 juin 1789, 21 juin 1796, 7 oct. 1802, 2431 janv., 7 mars, 26 sept. 1805, 20 févr. 1810.— Directory of N.S. MLAs. M. J. [Lawson] Katzmann, History of the townships of Dartmouth, Preston and Lawrencetown, Halifax County, N.S., Harry Piers, édit. (Halifax, 1893 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972). J. P. Martin, The story of Dartmouth (Dartmouth : N.–É., 1957). N.–É., Provincial Museum and Science Library, Report (Halifax), 19321933 ; 19341935.

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Barry Morton Gough, « HASWELL, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/haswell_robert_5F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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