HARRISON, ROBERT ALEXANDER, avocat, écrivain, homme politique et juge, né le 3 août 1833 à Montréal, Bas-Canada, fils de Richard Harrison et de Frances Butler, décédé à Toronto, Ont., le 1er novembre 1878.

Venus de Skegarvey (comté de Monaghan, Irlande), les parents de Robert Alexander Harrison émigrèrent au Canada peu de temps avant sa naissance. Presque aussitôt après que Robert Alexander eut vu le jour, la famille partit pour Cookstown puis vint s’établir à Toronto. C’est là que le jeune Robert Alexander fit ses études. Il fréquenta Upper Canada College et Trinity College, devint bachelier en droit civil en 1855 et, en 1859, docteur. En juin 1859, il épousa Anna E. Muckle ; elle mourut en mars 1866, lui laissant une fille. En janvier 1868, Harrison épousa en secondes noces Kennithina Johana Mackay, dont il eut une fille.

Harrison commença à étudier le droit à Toronto, à l’âge de 17 ans, chez Robinson and Allan, et termina ses études dans le cabinet de Crawford and Hagarty. Admis au Barreau du Haut-Canada en 1855, il devint conseiller de la reine en 1867. Nommé par le procureur général John Ross, en 1854, et maintenu par son successeur John Alexander Macdonald*, en 1854, Harrison fut commis en chef au département des Terres de la couronne, du 10 septembre 1854 au 28 février 1859. Il quitta ce poste et exerça le droit en s’associant à James Paterson, puis, Thomas Hodgins et enfin John Bain vinrent se joindre à eux. Après la mort de Paterson, Harrison fonda avec Thomas Moss* et Featherston Osler l’étude Harrison, Osler and Moss. C’était un avocat brillant qui acquit rapidement une excellente réputation. Il était un travailleur consciencieux et, selon Macdonald, « très doué ». Son poste au département des Terres de la couronne lui avait permis de se faire des relations importantes et les diverses firmes avec qui il était associé faisaient souvent office d’agents de la couronne. Harrison fut à plusieurs reprises conseiller de la couronne. Il s’illustra tout particulièrement en prenant avec succès la défense des ministres de la couronne accusés d’avoir, en 1858, violé la loi sur l’indépendance du parlement, en pratiquant le « double shuffle ». Il s’était appuyé sur une loi promulguée en 1857 selon laquelle toute personne occupant une charge pouvait démissionner et accepter de nouvelles fonctions, en-dedans d’un mois, sans avoir à démissionner et à se faire réélire. On disculpa les accusés qui ne reçurent pas les sanctions prévues dans un tel cas et on déclara que la lettre de la loi n’avait pas été violée [V. Draper]. Lors des procès des Féniens en 1866–1867, Harrison et John Hillyard Cameron plaidèrent pour la couronne dans la plupart des causes. En 1871, Harrison fut nommé membre de la Law Society et, le 8 octobre 1875, il devint juge en chef de la Cour du banc de la reine de l’Ontario. Sa nomination fut en général considérée par les membres de la profession comme « une récompense justement et honnêtement méritée, et décernée à un homme qui, dans la pratique de son métier, avait une vaste expérience et faisait preuve d’une énergie inlassable ».

La contribution de Harrison à la jurisprudence ne se limita pas à son travail d’avocat et de juge. Il fut également dans ce domaine un auteur éminent d’ouvrages théoriques et pratiques. Il commença à écrire à l’âge de 18 ans alors qu’il faisait ses études de droit et publia avec James Lukin Robinson A digest of reports of all cases [...]. De plus Harrison collabora activement à plusieurs journaux et revues, tels que la Merchants’ Magazine and Commercial Review (New York) et le Daily Colonist (Toronto). À Toronto, il fut l’un des fondateurs et directeurs de la Local Courts’ and Municipal Gazette, codirecteur du Upper Canada Law Journal et directeur du Poker, journal humoristique, en 1859–1860.

Bien qu’il eût consacré la majeure partie de sa carrière au droit, Harrison remplit d’autres fonctions. Il fut membre du conseil municipal de Toronto, l’un des administrateurs de la Royal Canadian Bank et de la Life Association of Scotland. En 1876, il fut au nombre des arbitres chargés de délimiter la frontière du nord-ouest de l’Ontario. Il trouva moyen de goûter à la politique : en 1867 et en 1868, il occupa le poste de conseiller municipal de Toronto, et, de 1867 à 1872, il siégea à la chambre des Communes comme représentant de Toronto-Ouest. Il refusa de se porter de nouveau candidat en 1872, préférant se consacrer entièrement à la pratique du droit. Comme député, il présida le comité des bills privés pendant deux sessions. Son nom est associé à plusieurs mesures d’une certaine importance, tels les projets d’amendement à la loi sur l’estampillage des billets à ordre et des lettres de change et les projets de loi sur l’élaboration des statistiques relatives au crime. Il se fit l’ardent défenseur de l’extension et de la consolidation du dominion et c’est dans ce but qu’il favorisa l’élargissement et l’approfondissement des canaux et la construction des chemins de fer. Son intérêt pour ces derniers l’amena à faire partie du conseil d’administration de la Toronto Grey and Bruce Railway Company en 1869. En politique, il fut conservateur et un partisan inébranlable de Macdonald.

Carole B. Stelmack

R. A. Harrison fut l’éditeur de The Common Law Procedure Act ; and other acts relating to the practice of the superior courts of common law ; and the rules of court (Toronto, 1858 ; 2e éd., 1870) ; A digest of reports of all cases determined in the Queen’s Bench and practice courts for Upper Canada, from 1823 to 1851 inclusive [...], édité sous la direction de J. L. Robinson (Toronto, 1852) ; The new municipal manual for Upper Canada, containing notes of decided cases [...] (Toronto, 1859 ; 2e éd., 1867 ; 3e éd., 1876) ; The statutes of practical utility in the civil administration of justice, in Upper Canada, from the first act passed in Upper Canada to the Common Law Procedure Acts, 1856 (Toronto, 1857) ; et, en collaboration avec Henry O’Brien, Queen’s Bench, Common Pleas, and Chancery, in Upper Canada [...] (Toronto 1863).

APC, FM 26, A (Papiers Macdonald) ; FO 1, E7, 46, 67 ; FO 5, C1, 562, f.1 137 ; FO 5, C1, 607, f.370 ; FO 5, C1, 658, f.844 ; FO 5, C1, 672, f.103 ; FO 5, C1, 673, f.130 ; FO 5, C1, 879 f.541 ; FO 10, A8, 254 ; FO 19, A1, 1, 3e partie.— Globe (Toronto), 8 oct., 11 oct. 1875 ; 2 nov. 1878.— Mail (Toronto), 2 nov., 4 nov. 1878.— Can. biog. dict., I.— Can. directory of parliament (Johnson).— Can. parl. comp., 1867.— Dent, Canadian portrait gallery, IV.— Morgan, Bibliotheca Canadensis ; Sketches of celebrated Canadians.— Wallace, Macmillan dictionary.

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Carole B. Stelmack, « HARRISON, ROBERT ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/harrison_robert_alexander_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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