HARRIS, MICHAEL SPURR, marchand de bois, constructeur de navires et homme d’affaires, né le 22 septembre 1804 à Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse, fils de Christopher Prince Harris et d’Elizabeth Spurr ; le 11 mai 1826, il épousa Sarah Ann Troop qui lui donna cinq fils et trois filles ; décédé le 26 janvier 1866 à Moncton, Nouveau-Brunswick.

Le grand-père de Michael Spurr Harris, Samuel Harris, arriva dans le comté d’Annapolis avec les premiers colons de la Nouvelle-Angleterre, en 1761. On croit que Michael travailla dans l’entreprise d’exploitation forestière que possédait sa famille à Annapolis. Quoi qu’il en soit, en 1821, il alla vivre à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, où, après une certaine période d’apprentissage, il devint carrossier. Quelques années plus tard, il s’établit à Norton, dans le comté de Kings, pour y exercer son métier. Le 27 juillet 1836, Harris fit l’acquisition, dans la petite communauté connue sous le nom de The Bend (Moncton), à l’endroit où la rivière Petitcodiac fait un coude, d’environ 11 acres de terre, dont une partie d’un marécage le long du ruisseau Hall. Il cultiva ses terres, ouvrit un magasin, bâtit un quai sur la Petitcodiac à un quart de mille environ de sa propriété et se mit à exporter du bois en Grande-Bretagne. En 1845, Harris se fit construire une fort belle résidence qui allait devenir plus de 30 ans après sa mort le premier hôpital de Moncton.

Les bénéfices que lui rapportait l’exportation du bois ainsi que ses fréquentes visites dans les ports britanniques firent de lui un personnage très en vue. Il fut nommé shérif adjoint du comté de Westmorland le 30 décembre 1845. Six ans plus tard, Harris construisit son premier navire au chantier naval du ruisseau Hall, le Flora, navire de 782 tonneaux, le premier des cinq qui furent construits pour Joseph Salter, autre homme d’affaires éminent de Moncton. En 1859, il mit le brick Isabella en chantier ; ce fut, à ce que l’on sache, le dernier des vaisseaux à sortir de son chantier naval. L’effondrement de l’entreprise de Salter et le fléchissement du marché de Liverpool mirent un terme à « l’âge d’or » de la construction navale à Moncton à la fin des années 50.

Harris fut actionnaire de la Westmorland Bank, mise sur pied en 1854, et un promoteur actif de la Petitcodiac Wet Dock Company en 1855. Cette compagnie fit le projet de mettre en valeur les grandes marées de la baie de Fundy en construisant un ensemble de murs en briques autour d’un chenal de dérivation du ruisseau Hall afin de permettre à un navire d’accoster, de charger ou décharger sa cargaison et de repartir durant la même marée. Faute de capitaux, le projet ne fut jamais réalisé. Harris appuya avec énergie le mouvement pour l’érection de Moncton en municipalité, et son nom figure dans la liste des habitants de la ville qui, le 30 janvier 1855, adressèrent au parlement une pétition à la suite de laquelle le « Bend [coude] de la Petitcodiac » devint la ville de Moncton, le 12 avril 1855.

Harris fut élu maire de Moncton en 1859 et, par la suite, fit partie de sa magistrature. Il appuya avec vigueur l’instauration de la responsabilité ministérielle, la construction d’un chemin de fer intercolonial, l’union des provinces Maritimes et, finalement, le regroupement en confédération des colonies britanniques de l’Amérique du Nord. Il vit les possibilités économiques qu’offrait Moncton comme centre industriel, grâce à des liaisons ferrovières et maritimes, possibilités qui devinrent plus tard des réalités, en partie grâce à l’esprit d’entreprise de deux de ses fils, John Leonard et Christopher Prince, et de son gendre John Albert Humphrey. Quoique Harris ne passât que 30 ans à Moncton, il en devint un des principaux habitants, et sa mort, en 1866, à la suite d’une longue maladie, fut ressentie comme un deuil par une large partie de la population de la ville.

C. Alexander Pincombe

APC, RG 31, 1851 census, Moncton parish (mfm aux PANB).— N.B. Museum, Edward Barron Chandler papers, 1821–1870.— Westmorland County Registry Office (Dorchester, N.-B.), libro 0, ff.578–579 (deed 7 149, 23 août 1836).— N.-B., flouse of Assembly, Journals, 1854, pp.626–639 ; 1855, pp.100, 103s., 256.— Moncton Times (Moncton, N.-B.), 11 déc. 1889, juin 1927.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose, 1888).— W. A. Calnek, History of the county of Annapolis, including old Port Royal and Acadia, with memoirs of its representatives in the provincial parliament, and biographical and genealogical sketches of its early English settlers and their families, A. W. Savary, édit. (Toronto, 1897 ; réimpr., Belleville, Ont., 1972), 523s.— E. W. Larracey, The first hundred : a story of the first 100 years of Moncton’s existence after the arrival in 1766 of the pioneer settlers from Philadelphia, Pa. (Moncton, N.-B., 1970).— C. A. Pincombe, The history of Monckton Township (ca. 1700–1875) (thèse de m.a., University of New Brunswick, Fredericton, 1969), 133s., 158, 178, 181, 304–306.— S. T. Spicer, Masters of sail : the era of square-rigged vessels in the Maritime provinces (Toronto, 1968), 83s., 95s.

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C. Alexander Pincombe, « HARRIS, MICHAEL SPURR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/harris_michael_spurr_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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