HANS HENDRIK (appelé Hans Christian par Elisha Kent Kane*), guide et chasseur inuit, né vers 1834 à Fiskenæsset, Groenland, deuxième des cinq enfants de Benjamin et d’Ernestine, décédé le 11 août 1889 à Godhavn, Groenland.

Hans Hendrik passa sa jeunesse à Fiskenæsset où il reçut son éducation des frères moraves. En juillet 1853, il fut embauché comme chasseur dans l’expédition du docteur Kane à la recherche de sir John Franklin* ; il fit voile à bord de l’Advance en direction de la baie de Rensselær, dans le nord-ouest du Groenland, où l’expédition passa deux hivers. En juin 1854, Hans accompagna William Morton au cours d’un voyage en traîneau vers le nord, le long de la côte du Groenland, où ils découvrirent et explorèrent le passage de Kennedy jusqu’au cap Constitution. Kane considéra Hans comme un adjoint précieux à son équipage, surtout au cours du second hivernage forcé. Même si le moral était bas et les provisions presque épuisées, Hans conserva sa bonne humeur et continua de chasser alors que tous, sauf lui et Kane, étaient malades ou blessés. Kane, à plusieurs reprises, fit l’éloge du travail de Hans et écrivit un jour : « Si Hans s’effondre, que Dieu nous vienne en aide. » En avril 1855, Hans déserta l’expédition en raison, semble-t-il, de sa crainte grandissante de Kane dont l’arrogance le bouleversait. Il alla vivre avec les Inuit à Etah et demeura plusieurs années dans le Nord.

En août 1860, l’expédition du docteur Isaac Israel Hayes, qui tentait de prouver l’existence d’une mer polaire libre de glaces, débarqua au cap York pour retenir les services de Hans comme chasseur. Hans accepta et fit monter sa femme, Merkut, et son tout jeune fils à bord du navire de Hayes, l’United States. Ils firent voile en direction du fjord de Foulke où l’expédition passa l’hiver. Hayes avait passablement moins de considération pour Hans que Kane et se montra toujours méfiant, le décrivant comme « un représentant de la pire espèce de la race esquimaude ». Il l’accusa même d’être responsable de la mort de deux membres de l’équipage, bien qu’il soit évident, selon le compte rendu que fit Hans des incidents, qu’il mit tout en œuvre pour les sauver du froid.

Hans repartit vers le sud à la fin de l’expédition, à l’été de 1861, et travailla pour la Greenland Trading Company dans la région d’Upernavik. Il se trouvait à Proven en août 1871, au moment où Charles Francis Hall* lui demanda de se joindre à son expédition vers le pôle Nord. À cette époque, Hans et Merkut avaient trois enfants et on leur permit de les emmener à bord du Polaris de Hall. Hans et sa famille faisaient partie d’un groupe de 19 personnes qui furent coupées du Polaris et emportées sur une banquise, en octobre 1872, et qui survécurent à une remarquable dérive de six mois vers le sud, par le détroit de Davis, avant d’être cueillies sur la côte du Labrador en avril 1873. La survie de tous les membres ne fut possible que grâce aux efforts de Hans et d’Ipilkvik (Joe Ebierbing), un Inuk canadien ; abattus et maussades, les marins du groupe refusaient de s’aider tandis que Hans et Ipilkvik chassaient sans relâche. Le chef du groupe, George Emory Tyson, reprocha injustement à Hans d’être moins bon chasseur qu’Ipilkvik et le jugea « un peu étourdi ». On l’accueillit néanmoins en héros à son arrivée à St John’s, et par la suite au cours d’une visite de plusieurs villes aux États-Unis.

Lorsqu’il revint à Upernavik, Hans reprit son travail à la Greenland Trading Company mais, en 1875, on fit encore une fois appel à ses services ; cette fois, il se joignit à l’expédition arctique britannique de George Strong Nares et navigua à bord du Discovery jusqu’à Discovery Harbour, sur la côte nord-est de l’île d’Ellesmere. Il semble que le capitaine du Discovery, Henry Frederick Stephenson, ait eu grande confiance en Hans et qu’il fît largement appel à ses talents ; Nares rapporta que « tous pari[aient] en termes fort élogieux de Hans [...] qui, inlassablement, manœuvr[ait] le traîneau à chiens et rapport[ait] du gibier ». En 1876, après l’expédition, Hans retourna à la compagnie de traite à Godhavn. Il participa pour la dernière fois à une expédition dans l’Arctique en 1883, année où il accompagna Alfred Gabriel Nathorst au cours d’une exploration scientifique de l’ouest du Groenland.

Les Inuit ont souvent été appelés à participer, au xixe siècle, à des expéditions polaires ; ils étaient payés en argent et en marchandises pour leurs services. Hans se distingue cependant parmi eux, non seulement en raison du nombre d’expéditions auxquelles il participa, mais aussi parce que ses mémoires ont été publiés. Ceux-ci constituent un excellent aperçu des impressions qu’avaient les Groenlandais des explorateurs et des traitements brutaux que subissaient souvent les autochtones. Il est difficile de se faire une idée juste de Hans d’après les comptes rendus contradictoires des expéditions : certains explorateurs le considéraient digne de confiance, laborieux et gai ; d’autres, Hayes en particulier, le jugeaient instable, incompétent et morose. Ses mémoires, cependant, le montrent sensible, chaleureux envers ceux qui lui témoignaient de l’affection et le traitaient équitablement, mais aussi troublé et affligé par les sarcasmes et les menaces dont lui et d’autres Inuit étaient trop souvent victimes.

Clive A. Holland

Les mémoires de Hans Hendrik ont été publiés sous le titre Memoirs of Hans Hendrik, the Arctic traveller, serving under Kane, Hayes, Hall and Nares, 1853–1876, H. [J.] Rink, trad., George Stephens, édit. (Londres, 1878).

[C. F. Hall], Narrative of the north polar expedition, U.S. Ship Polaris, Captain Charles Francis Hall commanding, C. H. Davis, édit. (Washington, 1876).— I. I . Hayes, The open polar sea : a narrative of a voyage of discovery towards the North Pole, in the schooner « United States » (Londres, 1867).— E. K. Kane, Arctic explorations : the second Grinnell expedition in search of Sir John Franklin, 1853, ’54, ’55 (2 vol., Philadelphie et Londres, 1856).— G. S. Nares, Narrative of a voyage to the polar sea during 1875–6 in H.M. ships « Alert » and « Discovery » (2 vol., Londres, 1878).— [G. E. Tyson], Arctic experiences : containing Capt. George E. Tyson’s wonderful drift on the ice-floe, a history of the Polaris expedition, the cruise of the Tigress, and the rescue of the Polaris survivors, Euphemia Vale Blake, édit. (New York, 1874).— Dan Laursen, « Grpnlaendere i forskningens tjeneste II : « Hans Hendrik » fra Fiskenæsset », Grpnland (Charlottenlund, Suède), 4 (avril 1956) : 144–149.— Mads Lidegaard, « Hans Hendrik fra Fiskenæsset », Grpnland, 8 (août 1968) : 249–256.— H. [J.] Rink, « Om Grpnlænderen Hans Hendriks Deltagelse i Nordpolsexpeditionenne, 1853–1876, under Kane, Hayes, Hall og Nares [...] », Geografisk Tidskrift ([Copenhague]), 1 (1877) : 24, 186–192.— C. [H.] Ryder, « Grpnlænderen Hans Hendrik », Geografisk Tidskrh, 10 (1889–1890) : 140–143.

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Clive A. Holland, « HANS HENDRIK (Hans Christian) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hans_hendrik_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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