HAMILTON, PETER STEVENS (il publia un recueil de poèmes sous le nom de Pierce Stevens Hamilton), avocat, journaliste, auteur et fonctionnaire, né le 3 janvier 1826 à Brookfield, près de Truro, Nouvelle-Écosse, fils aîné de Robert Hamilton et de Sophia Stevens ; le 8 décembre 1849, il épousa à New York Annie Brown, et ils eurent quatre fils et deux filles ; décédé le 22 février 1893 à Halifax.
Peter Stevens Hamilton était issu d’une famille d’Écossais de l’Ulster établie en Nouvelle-Écosse au xviiie siècle. Il fit ses études à Wolfville, d’abord à la Horton Academy puis à l’Acadia College. Forcé de quitter cet établissement pour des raisons de santé et par manque d’argent, il étudia le droit au cabinet d’Ebenezer F. Munro, à Truro ; par la suite, il fit son stage dans la même ville, chez Adams George Archibald. Reçu au barreau de la Nouvelle-Écosse en 1852, il ouvrit son propre cabinet à Halifax. L’année suivante, il devint secrétaire-trésorier de la Nova Scotia Electric Telegraph Company et représentant local de la New York Associated Press. C’est lui qui, dès leur arrivée à Halifax, décodait et retransmettait les dépêches en provenance d’Europe. Pour déjouer la concurrence, il imagina le système suivant : on plaçait les dépêches dans une boîte de métal étanche qui était lancée par-dessus bord dès que le vapeur entrait au port. Un assistant les recueillait alors et les portait en toute hâte au bureau de Hamilton qui les télégraphiait à New York au moment même où le vapeur touchait le débarcadère.
Lecteur vorace et « scribouilleur depuis l’enfance », comme il le disait lui-même, Hamilton n’était jamais aussi heureux que lorsqu’il écrivait, et c’est donc comme journaliste qu’il se fit connaître. Dès 1846, il collaborait au Halifax Morning Post & Parliamentary Reporter, et moins d’un an après son admission au barreau il abandonnait son cabinet d’avocat, peu rentable, pour devenir rédacteur en chef de l’Acadian Recorder. Il occupa ce poste jusqu’en 1861 puis collabora sporadiquement au journal jusqu’en 1874. Devenu un journal engagé, sous sa direction, l’Acadian Recorder soutenait tout un éventail de causes qui allaient de l’amélioration du réseau scolaire à la création de nouvelles industries en Nouvelle-Écosse. Cependant, la plus importante de toutes était la Confédération, pour laquelle Hamilton menait une campagne ardente. Unir la Nouvelle-Écosse aux autres colonies d’Amérique du Nord britannique était loin d’être une idée neuve, mais il fut l’un des premiers Néo-Écossais à l’appuyer catégoriquement. Les éditoriaux réfléchis qu’il publiait dans le Recorder, son infatigable labeur de publiciste et sa correspondance contribuèrent à galvaniser les forces proconfédérales de la colonie.
Au début de 1855, Hamilton publia à Halifax Observations upon a union of the colonies of British North America. Cet opuscule, largement diffusé dans la colonie et à l’extérieur, fut reproduit dans la Quebec Gazette et l’Anglo-American Magazine de Toronto. Hamilton y résumait les arguments classiques à l’appui de l’union, et faisait surtout valoir que des colonies divisées seraient « inévitablement » gobées par les États-Unis. Il préconisait une union législative plutôt que fédérale et donnait un avant-goût intéressant des conflits fédéraux-provinciaux. « Quelle sera la prérogative de ce gouvernement fédéral, et dans quels domaines ce Parlement légiférera-t-il ? De quels pouvoirs les chambres provinciales peuvent-elles se départir pour les confier à la chambre fédérale ? [...] Il est évident qu’en ce qui concerne l’administration des affaires intérieures de chaque province, aucune division des pouvoirs ne saurait satisfaire toutes les parties et faire l’objet d’une entente à l’amiable ; et même s’il y avait quelque entente, elle ne pourrait mener qu’à des affrontements de prétentions rivales sans perspective de bénéfice général. »
Au printemps et à l’été de 1858, Hamilton passa trois mois à parcourir le nord-est des États-Unis, le Haut et le Bas-Canada. De juillet à octobre, il publia une série de longs articles sur cette tournée dans l’Acadian Recorder sous le titre de « Notes of a flying visit among our neighbours ». Ce voyage lui donna la possibilité de s’entretenir avec de grands personnages politiques, dont John Alexander Macdonald, John Rose*, Christopher Dunkin* et Thomas D’Arcy McGee*, et ainsi de jauger de près l’appui des Canadiens à la Confédération. Il revint à Halifax plus résolu que jamais à la promouvoir et garda des liens épistolaires avec les Canadiens qu’il avait rencontrés. C’est McGee qui le pressa de profiter de la visite du prince de Galles en 1860 pour répandre l’idée de la Confédération. Dans la brochure qu’il rédigea à cette fin pour le secrétaire d’État aux Colonies, le duc de Newcastle (qui accompagnait le prince), Hamilton reprenait les arguments économiques et politiques à l’appui de l’union et proposait que le duc s’efforce de connaître les opinions à ce sujet en Amérique du Nord britannique, « dans la mesure où il en aura[it] le loisir et où cela lui conviendra[it] ».
Tout Néo-Écossais connu qui avait une opinion sur la Confédération devait nécessairement, un jour ou l’autre, côtoyer les grandes vedettes du débat, Charles Tupper* et Joseph Howe*. Hamilton et Tupper avaient fréquenté la Horton Academy à la même époque et, même si tous deux soutenaient le parti conservateur, ils se méfiaient l’un de l’autre. Pendant la plus grande partie de sa carrière, Hamilton connut des difficultés financières ; les pressions qu’il exerçait en vue d’obtenir une sinécure politique devaient ennuyer Tupper. Nommé registrateur du comté de Halifax en 1859, Hamilton perdit ce poste dès le début de l’année suivante, à la défaite du gouvernement conservateur de James William Johnston*. Après le retour des conservateurs au pouvoir en 1863, il occupa le poste de commissaire de l’or, puis vit ses fonctions s’élargir à celle de commissaire des mines. Il exerça ouvertement des pressions pour être secrétaire de la conférence de Charlottetown en 1864, mais Tupper, devenu premier ministre de la colonie en mai, l’écarta. De 1864 à 1867, ses relations avec ce dernier se détériorèrent graduellement. En avril 1867, les deux hommes se disputèrent l’investiture de la circonscription de Halifax en prévision des élections fédérales ; cette « joute du Vendredi saint » constitua leur dernier affrontement. Le 1er mai, Tupper eut le dernier mot en congédiant Hamilton du poste de commissaire des mines deux mois seulement avant la fin de son mandat.
Au début des années 1860, les deux hommes avaient eu des relations assez cordiales, et Tupper avait demandé à Hamilton de la documentation pour ses discours sur la Confédération. En 1866 cependant, leurs liens étaient si tendus que Hamilton flaira quelque chose de louche lorsque Tupper lui demanda de réfuter publiquement les arguments de Howe contre le projet confédératif. « Je soupçonnais fortement, confia-t-il plus tard dans ses mémoires, que Tupper s’apprêtait à me jouer un mauvais tour. Si je ne l’avais pas connu à l’école, peut-être n’aurais-je pas songé à une chose pareille. » Néanmoins, la brochure qu’il publia à Halifax en 1866, British American union : a review of Hon. Joseph Howe’s essay, entitled Confederation considered in relation to the interests of the empire, fut l’un de ses meilleurs textes journalistiques. Il démolit les arguments de Howe en citant abondamment les nombreux discours que ce dernier avait déjà prononcés à l’appui d’une union intercoloniale et en ridiculisant son « imagination de feu follet » ; selon lui, en rédigeant son essai, Howe avait pour but d’« induire en erreur les dirigeants de l’Angleterre » et d’« égarer la population de la Nouvelle-Écosse ». Ironie du sort, les deux hommes allaient changer de camp après 1867. Howe se joignit aux conservateurs ; Hamilton se rapprocha du parti libéral et, fut quelque temps, en 1875–1876, inspecteur des pêches de la Nouvelle-Écosse sous le gouvernement fédéral d’Alexander Mackenzie.
Par la suite, Hamilton reprit sa carrière de journaliste, avec plus ou moins de succès. Correspondant de l’Acadian Recorder à Ottawa au début des années 1870, il eut accès à la tribune de la presse au Parlement et on le nomma vice-président de la Canadian Press Association. De temps à autre, il faisait un peu de poésie ; un recueil intitulé The feast of Saint Anne and other poems, paru sous le nom de Pierce Stevens Hamilton, fut publié à Halifax en 1878 et réédité à Montréal en 1890. Une histoire inédite du comté de Cumberland, qui remporta l’Akins Historical Prize [V. Thomas Beamish Akins] en 1880, date également de cette période de sa carrière. Il passa apparemment quelque temps dans l’Ouest et assista en 1886 à l’arrivée du premier train de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique à Port Moody, en Colombie-Britannique.
En 1899, six ans après la mort de Peter Stevens Hamilton, un groupe d’amis érigea un monument à sa mémoire au cimetière de Camp Hill à Halifax. À la cérémonie d’inauguration, le procureur général James Wilberforce Longley* déclara : « Quelle qu’ait été l’ampleur de l’opposition [que suscitaient] certaines de ses déclarations sur des questions d’intérêt public, tous reconnaîtr[ont] qu’il était un homme capable, un écrivain intelligent et un patriote intègre dans les positions qu’il adopta à l’égard de [ces] questions. » En rapportant l’événement, le Morning Chronicle fit ce commentaire : « Ceux qui ont profité de ses efforts en vue de l’union lui ont tourné le dos et l’ont laissé se tirer d’affaire seul. On ne doit pas s’étonner que l’injustice et l’ingratitude des milieux politiques l’aient rendu amer. »
Les publications de Peter Stevens Hamilton sur la Confédération comprennent : A union of the colonies of British North America considered nationally (Halifax, [1856]) ; et Letter to His Grace the Duke of Newcastle, upon a union of the colonies of British North America (Halifax, 1860) ; les deux ont été réédités, de même que Observations upon a union of the colonies of British North America, dans Union of the colonies of British North America : being three papers upon this subject, originally published between the years 1854 and 1861 (Montréal, 1864). Il est aussi l’auteur de : Nova-Scotia considered as a field for emigration (Londres, 1858) ; et The repeal agitation ; and what is to come of it ? (Halifax, 1868). Ses commentaires sur Toronto publiés à l’origine dans l’Acadian Recorder, 21 août 1858, comme un épisode de « Notes of a flying visit » ont été reproduits sous le titre de « A Nova Scotian in Toronto », P. B. Waite, édit., OH, 55 (1963) : 155–159. L’essai de Hamilton, « History of Cumberland County » (1880), fait partie de la collection des Akins Hist. Prize Essays qui se trouve à la Univ. of King’s College Library (Halifax). Il n’a pas été publié, mais une copie faite en 1976 est disponible aux PANS.
Les P. S. Hamilton papers aux PANS (MG 1, 335) constituent la principale source manuscrite. Hamilton était un épistolier infatigable et correspondait avec les personnages en vue de toutes les colonies, favorables au projet confédératif. Malheureusement, il subsiste peu de ses lettres personnelles ; toutefois, la plus grande partie de cette correspondance se retrouve dans les Macdonald papers aux AN (MG 26, A). Il existe aussi des lettres intéressantes écrites en 1860 dans les Mackenzie-Lindsey papers aux AO (MS 516). On peut se référer à l’Acadian Recorder, particulièrement pour les années 1853–1861. Sa notice nécrologique est publiée dans l’Acadian Recorder, 22 févr. 1893. Le généalogie familiale se trouve dans l’ouvrage de Thomas Miller, Historical and genealogical record of the first settlers of Colchester County [...] (Halifax, 1873 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).
Les principales études sont : M. J. Shannon, « Two forgotten patriots », Dalhousie Rev., 14 (1934–1935) : 91–98 ; et W. M. Whitelaw, The Maritimes and Canada before confederation (Toronto, 1934 ; réimpr., 1966). W. B. Hamilton dans « P. S. Hamilton – the forgotten confederate », N.S. Hist. Soc., Coll., 36 (1968) : 67–94 (photographie face à la page 67), souligne la contribution de Hamilton au débat sur la Confédération. On trouve une évaluation littéraire dans Lit. hist. of Canada (Klinck et al. ; 1976). [w. b. h.]
William B. Hamilton, « HAMILTON, PETER STEVENS (Pierce Stevens Hamilton) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hamilton_peter_stevens_12F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
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Date de consultation: | 1 décembre 2024 |