HAMILTON, DANIEL SALMON, ministre congrégationaliste et travailleur social, né le 8 mars 1864 près de Forest, Haut-Canada, fils de David Hamilton, fermier, et d’Elizabeth Macpherson ; le 31 décembre 1910, il épousa à Odell, Middlesex County, Ontario, Edna Irene Walker, institutrice, et ils eurent une fille (qui pourrait être morte avant son père) et un fils ; décédé le 22 avril 1929 à Winnipeg.

Daniel Salmon Hamilton fréquenta d’abord une école publique de Forest et le Business College de Toronto. Il fit par la suite des études à la McGill University, à Montréal. Athlète réputé, il joua dans l’équipe championne provinciale de rugby de l’université. Après avoir obtenu une licence ès arts en 1892, il entreprit des études en théologie au Congregational College of Canada, dans la même ville, qu’il termina en 1894. Il fut aisément premier de sa classe, et reçut la médaille d’or Barbour et la médaille d’argent Calvary Church.

En 1894 et en 1895, Hamilton était au service d’une église congrégationaliste de Forest. Probablement vers le milieu des années 1890, il entreprit des études de deuxième cycle en sociologie chrétienne au Chicago Theological Seminary auprès de Graham Taylor. Il s’occupa aussi, sous la tutelle de ce dernier, d’œuvres sociales. Il exerça ensuite son pastorat à Pointe-Saint-Charles (Montréal), de 1898 à 1902, puis à London, en Ontario, à l’église First Congregational, de 1902 à 1908. Son travail fut particulièrement fructueux à London, où il institua une congrégation solide. Il devint membre du conseil scolaire, occupa pendant quatre ans le poste de président de la London Temperance League, et fut conseiller auprès des Royal Templars of Temperance. Membre du Charities Organization Board de l’endroit, il tenta de sensibiliser la population à ses devoirs envers les nécessiteux ; toutefois, c’est en tant que membre du conseil de la Children’s Aid Society qu’il réalisa probablement son meilleur travail.

Hamilton devint une personnalité importante dans les conseils de l’Église congrégationaliste et fut président de la Western Association en Ontario. Favorable au projet d’unification des Églises presbytérienne, méthodiste et congrégationaliste, il estimait que cette fusion aiderait à accroître l’efficacité du travail de l’Église. Il participa en 1906 au comité national mixte sur l’unification des Églises. En 1909, il partit exercer son ministère dans l’Ouest pour s’occuper d’une congrégation à Creelman, en Saskatchewan, mais quitta l’endroit peu de temps après en raison de la dissension qu’il y constata au sujet de la question de l’unification. Dès juin 1910, il avait accepté un poste d’adjoint à l’église Central Congregational de Winnipeg. Actif au sein de la Congregational Church Extension Society of Western Canada, il avait, au printemps de 1910, organisé une communauté de fidèles à Calgary. Il devint surintendant de cette société l’année suivante. Même s’il quitta ce poste et son ministère peu de temps après, il continua à être actif au sein de la congrégation pendant encore de nombreuses années. En 1925, il avait été déjà trois fois président de la congrégation Central Congregational.

En 1911, Felix John Billiarde, surintendant provincial de l’enfance abandonnée, nomma Hamilton inspecteur des foyers nourriciers. La première loi sur la protection de la jeunesse du Manitoba, le Children’s Protection Act, avait été adoptée en 1898 pour protéger les enfants de parents cruels ou incompétents et pour éviter à la société d’être aux prises avec des délinquants. Cette loi avait permis d’ajouter aux orphelinats privés et aux foyers nourriciers déjà existants des sociétés d’aide à l’enfance à caractère officiellement privé ainsi qu’un surintendant à temps partiel nommé par le gouvernement et dont le rôle consistait à fournir des services à l’enfance dans les régions où ces organismes n’en offraient pas. Billiarde, le premier surintendant à temps plein, avait été nommé au début de 1908, en prévision de l’adoption de la Loi des jeunes délinquants par le gouvernement fédéral au cours de cette même année ; Billiarde fut aussi nommé agent de probation en chef lorsque le tribunal de la jeunesse fut créé et assuma à l’occasion le rôle de juge. D’autres pouvoirs lui avaient été conférés en 1910 afin d’informer et de superviser les sociétés d’aide à l’enfance et, en 1912, afin de surveiller les foyers nourriciers et les orphelinats. Hamilton avait été nommé pour alléger la surcharge de travail du surintendant. Selon Billiarde, le travail de Hamilton exigeait « une forte dose de discernement et de tact ». Le surintendant rapporta par la suite que les visites des foyers nourriciers sélectionnés par Hamilton avaient amené ce dernier à parcourir plus de 10 700 milles par année.

Hamilton succéda à Billiarde comme surintendant en 1919. Il apporta peu de changements aux programmes de son prédécesseur. Le nombre de dossiers ruraux qu’il étudia demeurait relativement constant (212 en 1921–1922, 182 en 1922–1923, et 232 en 1923–1924), mais le nombre d’enfants placés augmenta (63, 92 et 93, respectivement). La majorité de ces enfants étaient confiés aux sociétés d’aide à l’enfance alors que les autres étaient placés dans divers établissements. De plus, Hamilton s’occupa de cas nécessitant la collaboration d’autres organismes gouvernementaux, supervisa les relations avec d’autres organismes d’aide à l’enfance, agit comme médiateur dans des différends opposant ces organismes et exerça un suivi de la qualité de leur travail, étudia les demandes d’adoption, fournit de l’aide à la population, fit connaître le travail de son bureau, recueillit des statistiques et produisit des rapports sur tout ce qui précède au gouvernement. Même s’il portait toujours le titre d’inspecteur, il ne fit nullement état de visites aux établissements ni aux foyers nourriciers. Il s’en remettait aux personnes soucieuses du bien-être public pour informer son bureau de tout problème et il chercha à faire naître localement un sens des responsabilités à l’égard des nécessiteux.

Le surintendant cumulait aussi des responsabilités en vertu de la Loi des jeunes délinquants, dont celle d’agir à l’occasion comme juge, de collaborer avec l’agent principal chargé de surveiller la fréquentation scolaire et d’aider à trouver du travail aux garçons. Suivant les méthodes modernes d’intervention auprès de la jeunesse, Hamilton tenta de « préserver les foyers, plutôt que de les défaire, et de réduire les placements en milieu institutionnel plutôt que de les accroître », en plaçant le plus d’enfants possible en probation plutôt qu’en prison.

En 1924, le gouvernement de John Bracken* promulgua le Child Welfare Act. La loi adoptée par le gouvernement de Tobias Crawford Norris* en 1922 visait à l’origine la création d’un ministère central du bien-être social qui coordonnerait l’ensemble du travail effectué dans la province. Cette loi, une fois modifiée et mise en application par un gouvernement soucieux de réaliser des économies, regroupa l’administration de la protection de l’enfance et celle des allocations maternelles, et relégua au second plan les programmes de protection de l’enfance. Par ailleurs, lorsque la division de la protection de l’enfance du nouveau ministère fut créée en 1924, Alfred Percy Paget, ancien secrétaire de la Mothers’ Allowance Commission, fut nommé directeur et Hamilton obtint le poste subalterne d’inspecteur en chef. Ce dernier prit sa retraite l’année suivante.

Élu président du Social Workers’ Welfare Club de Winnipeg en 1925, Hamilton mourut en 1929, au terme d’une maladie qui dura trois ans. Sa femme et son fils lui survécurent.

Au cours des années de service de Daniel Salmon Hamilton, la responsabilité de la protection de l’enfance passa progressivement des organismes privés de bienfaisance au gouvernement provincial. Bien que cette transition ait été surtout attribuable à la législation adoptée par le gouvernement, l’enthousiasme et le travail des deux premiers surintendants y contribuèrent dans une certaine mesure. Hamilton poursuivit la voie de son prédécesseur et accrût son influence. Même s’il manqua souvent de ressources et si la législation en vigueur ne fut pas toujours appropriée pour répondre aux besoins de la population, il contribua à jeter les bases du réseau moderne de protection de l’enfance au Manitoba.

Len Kaminski

AO, RG 80-5-0-416, no 15348.— Winnipeg Tribune, 2, 23 juin 1910, 23 avril 1929.— Annuaires, London, Ontario, 1902, 1908 ; Montréal, 1900–1910.— Conference of the Joint Committee on Church Union, Proceedings of the second conference [...] together with the reports of the sub-committees as adopted by the joint committee (Toronto, 1906).— « The Congregational churches of Canada : a statistical and historical summary », Douglas Walkington, compil. (texte polycopié, [Toronto], 1979 ; copie aux EUC-C).— EUC, Conference of Manitoba, Minutes (s.l.), 1929.— L. F. Hurl, « An analysis of social welfare policy : a case study of the development of child welfare policies and programmes in Manitoba, 1870–1924 » (mémoire de m. serv. soc., Univ. of Manitoba, Winnipeg, 1981) ; « The politics of child welfare in Manitoba, 1922–1924 », Manitoba Hist. (Winnipeg), no 7 (printemps 1984) : 2–9.— McGill Univ., Annual calendar (Montréal), 1889–1892.— Manitoba, Dept. of Education, Annual report (Winnipeg), 1913–1925.— Pioneers and prominent people of Manitoba, Walter McRaye, édit. (Winnipeg, 1925).— P. T. Rooke et R. L. Schnell, Discarding the asylum : from child rescue to the welfare state in English Canada (1800–1950) (Lanham, Md., 1983).— F. H. Schofield, The story of Manitoba (3 vol., Winnipeg, 1913).

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Len Kaminski, « HAMILTON, DANIEL SALMON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hamilton_daniel_salmon_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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