HAMILTON, ALEXANDER, homme d’affaires, officier de milice, juge de paix, fonctionnaire et juge, né le 3 juillet 1790 à Queenston (Ontario), fils de Robert Hamilton* et de Catherine Askin, veuve de Samuel Robertson ; le 25 janvier 1816, il épousa à Niagara (Niagara-on-the-Lake, Ontario) Hannah Owen Jarvis, fille de William Jarvis*, et ils eurent huit filles et trois fils ; décédé le 19 février 1839 à Queenston.
Alexander Hamilton fréquenta des écoles de Queenston et de Niagara puis s’embarqua pour l’Écosse en 1795 afin d’y poursuivre ses études. À son retour, il travailla quelque temps dans les entreprises de son père, mais il n’eut guère l’occasion d’en bien connaître les rouages avant d’hériter en 1809, avec son frère George, des stocks et installations des grosses compagnies de vente au détail, de commerce transitaire et de portage que Robert Hamilton possédait dans la région des chutes du Niagara. Déjà affaiblies par les changements qui avaient touché l’économie haut-canadienne, ces compagnies naguère florissantes ne tardèrent pas à péricliter en raison de l’inexpérience des deux héritiers et du testament complexe de leur père, qui gelait pratiquement la succession jusqu’à ce qu’un de leurs demi-frères, John*, atteigne l’âge de la majorité, en 1823. Les deux frères compliquèrent davantage leur situation en 1811 en louant de Benjamin Canby, avec leur oncle Charles Askin, des scieries et des moulins à farine situés dans le canton de Canboro. L’année suivante, Askin et Alexander achetèrent ces installations en promettant de verser £22 000. Toutefois, lorsque la guerre éclata, ce dernier renonça à renflouer les entreprises de son père.
Hamilton participa beaucoup à la guerre de 1812, particulièrement au sein de petits détachements de coup de main et de reconnaissance. Devenu, le 1er mai 1812, capitaine dans les Niagara Light Dragoons, alors sous le commandement du major Thomas Merritt, il servit plus tard sous William Hamilton Merritt* dans la même unité puis dans les Provincial Light Dragoons. Le major général Roger Hale Sheaffe* cita son nom dans des dépêches sur la bataille de Queenston Heights ; il était présent lorsque les troupes britanniques se retirèrent du fort George (Niagara-on-the-Lake) ainsi qu’à nombre d’autres engagements majeurs qui eurent lieu dans la presqu’île du Niagara.
Au sortir de la guerre, Hamilton se trouva aux prises avec les dettes contractées avec ses frères avant le début des hostilités. Il s’enfonça encore davantage en empruntant sur la succession de son père près de £1 000 qu’il engloutit dans les moulins du canton de Canboro ; ces efforts ne purent empêcher leur faillite en 1817, de sorte que Charles Askin et lui en furent réduits à tenter de les vendre dans l’espoir d’en éponger les dettes. Toutefois, pour un temps, la chance sembla tourner en faveur de Hamilton. Au cours de l’hiver de 1817–1818, il fut pressenti par William Smith (manifestement un ancien membre d’une compagnie de traite des fourrures de Detroit), à qui on avait offert un contrat pour le portage des marchandises de la North West Company à Niagara. Les établissements montréalais de cette compagnie étaient disposés à prêter de l’argent à Hamilton et à Smith en vue de l’achat d’installations. Cependant, celles-ci étaient coûteuses et la concurrence serrée, puisque trois compagnies se disputaient le marché du portage qui, à Niagara, était restreint et fragmenté. Dès 1821, ce fut la catastrophe pour Hamilton et Smith : la North West Company fusionnait avec la Hudson’s Bay Company et cessait de faire passer ses marchandises par les lacs Érié et Ontario. Non seulement les deux hommes étaient-ils privés de contrats, mais ils n’avaient pas remboursé les grosses sommes empruntées pour l’achat des installations.
Ce coup dur acheva d’épuiser l’héritage que Hamilton avait reçu de son père. Déjà, il en avait dépensé toute la portion pécuniaire et, pour rembourser sa part des dettes de la Hamilton and Smith, il dut renoncer à sa portion des terres paternelles. En 1828, il ne lui restait plus rien de la succession.
Depuis la fin de la guerre de 1812, Hamilton s’était de plus en plus détourné des affaires pour rechercher les faveurs des autorités et poser systématiquement sa candidature aux postes importants qui devenaient vacants dans le district de Niagara. En 1817, il reçut sa première commission de juge de paix. Ses chances de se placer étaient sans doute d’autant plus grandes que, même s’il applaudit d’abord à l’agitation que suscitait Robert Gourlay*, son appui ne fut pas bruyant, contrairement à celui de plusieurs de ses frères. Le prestige de sa famille et ses relations suivies avec des gens influents l’aidèrent également. Sa correspondance indique qu’il comptait sur l’intervention de son beau-frère, Samuel Peters Jarvis*, et du révérend John Strachan*. Celui-ci était lié depuis longtemps aux Hamilton – c’était Robert Hamilton qui l’avait fait venir d’Écosse pour qu’il devienne précepteur des enfants de Richard Cartwright* – et avait accepté d’être l’un des exécuteurs testamentaires de Hamilton. De toute évidence, l’admiration de Strachan pour les « manières aimables et [la] conduite distinguée » d’Alexander fut très utile à ce dernier. Parmi les principales fonctions qu’il exerça pendant diverses périodes entre 1821 et 1839 figurent celles de maître de poste et receveur adjoint des douanes à Queenston, de juge de la Cour de surrogate et de shérif du district de Niagara. En 1833, sa situation était redevenue assez florissante pour qu’il entreprenne à Queenston la construction d’un manoir, Willowbank, qui existe encore.
Pilier de sa communauté, Hamilton s’intéressa à maints projets concernant Queenston : ainsi il fut l’un des premiers présidents de l’Erie and Ontario Railroad Company et commissaire de la Niagara River Suspension Bridge Company. En lançant ces deux entreprises, des hommes d’affaires intéressés à la rivière Niagara, en particulier ceux de Queenston, visaient avant tout à concurrencer le canal Welland et à ranimer le commerce riverain.
Alexander Hamilton s’embarqua en décembre 1837 avec un corps de volontaires qui tenaient à participer à la défense de Toronto ; il fit partie du groupe qui affronta les rebelles de William Lyon Mackenzie*. Le gouvernement provincial le chargea, à titre de shérif du district de Niagara, de recueillir des renseignements sur les séditieux de la région, ce en quoi l’aidèrent des magistrats comme George Rykert*, de St Catharines. En outre, il participa à la surveillance de la frontière du Niagara et mena une enquête sur le raid de Short Hills [V. Linus Wilson Miller*]. Le 30 juillet 1838, comme le bourreau qui devait exécuter la sentence de mort prononcée contre James Morreau, l’un des chefs du raid, ne s’était pas présenté, Hamilton le remplaça. Il fit en sorte, « par bonté », que Morreau tombe d’une hauteur de 18 pieds avant que la corde ne lui rompe le cou. Par la suite, le gouvernement le félicita pour la « manière calme et ferme » avec laquelle il avait mené l’exécution.
AO, MU 1726.— APC, MG 19, A3, 19 : 623–644, 6265–6268, 6277 ; 38 : 304–306 ; MG 24, D45, Alexander Hamilton à James Hamilton, 28 juin 1821 ; I26, 1–2, 4, 6, 10–15, 64–65 ; RG 5, A1 : 35123, 109369–109374, 109742–109745, 109931–109932, 110292–110294, 110419–110424 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 428, 539, 668.— DPL, Burton Hist. Coll., John Askin papers, Charles Askin ledger, 1813–1815 ; G. Hamilton à C. Askin, 11 déc. 1817.— MTRL, Alexander Wood papers, John Strachan à Wood, 13 juin 1806.— Doc. hist. of campaign upon Niagara frontier (Cruikshank), 4 : 72 ; 5 : 138–139 ; 6 : 178–181, 209.— « Early records of St. Mark’s and St. Andrew’s churches, Niagara », Janet Carnochan, compil., OH, 3 (1901): 38, 43, 48–49, 60, 75.— John Askin papers (Quaife), 1 : 539.— « The Niagara frontier in 1837–38 ; papers from the Hamilton correspondence in the Canadian Archives [...] », A. H. U. Colquhoun, édit., Niagara Hist. Soc., [Pub.], no 29 (1916).— « Reminiscences of American occupation of Niagara from 27th May to 10th Dec. 1813 », Niagara Hist. Soc., [Pub.], n° 11 (s.d.) : 27–28.— St. Catharines Journal, 21 févr. 1839.— Chadwick, Ontarian families, 1 : 146.— Read, Rising in western U.C., 150.— B. G. Wilson, Enterprises of Robert Hamilton.
Bruce Wilson, « HAMILTON, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hamilton_alexander_7F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
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