HAMEL, PIERRE, prêtre, jésuite, professeur et supérieur, né le 23 février 1832 à Sainte-Claire-de-Dorchester, Bas-Canada, fils de Joseph Hamelle, cultivateur, et de Marguerite Fournier ; décédé le 6 juin 1905 à Montréal.

Après des études au petit séminaire de Québec, Pierre Hamel entre au noviciat des jésuites à Montréal le 8 septembre 1851. Il enseigne ensuite le français et le latin au collège Sainte-Marie, à Montréal, en 1853–1854 avant de poursuivre au même endroit ses études en philosophie pendant deux ans. De 1856 à 1862, il est professeur de latin et probablement d’anglais aux collèges St John à Fordham (New York) et St Francis Xavier à New York. Après quatre années de théologie à Boston et à New York, Hamel est ordonné prêtre le 26 juillet 1865 et reprend son enseignement à New York de 1866 à 1869. Il se rend ensuite en Belgique pour vivre une année de spiritualité (Troisième An). Pendant les 15 années suivantes, plusieurs postes différents lui sont confiés : assistant du supérieur au collège St Francis Xavier (1870–1871), professeur de philosophie au collège Sainte-Marie (1871–1872), ministère paroissial à Guelph, en Ontario (1872–1873), assistant du supérieur au noviciat des jésuites à Sault-au-Récollet (Montréal-Nord) (1873–1874), et préfet des études et de discipline au collège Sainte-Marie (1874–1875).

Hamel entreprend ensuite une carrière remarquable comme missionnaire en Ontario. Supérieur de la résidence des jésuites à Guelph et curé de la paroisse de 1875 à 1882, il fait construire l’église Our Lady of the Immaculate Conception sur le modèle de la cathédrale de Cologne ; elle sera reconnue comme l’un des plus beaux temples d’inspiration gothique du Canada. De 1882 à 1887, il est curé de la paroisse St Andrew à Port Arthur (Thunder Bay).

Le 9 novembre 1887, à la suite de la visite du père Jean-Baptiste Lessmann, envoyé par le supérieur général des jésuites pour s’enquérir de la situation de la mission du Canada, Hamel est nommé pour quatre ans supérieur général de la mission. En 1846, la mission du Canada avait été rattachée à la mission New York-Canada puis, en 1879, à la province d’Angleterre, mais en 1887, estimant qu’elle peut se suffire à elle-même, on l’élève au rang de mission indépendante. Durant le mandat d’Hamel, deux questions à la fois délicates et importantes sont débattues publiquement : la question des biens des jésuites, confisqués par le gouvernement britannique au moment du décès en mars 1800 du dernier jésuite au Canada, Jean-Joseph Casot*, et la question universitaire. Le 9 avril 1888, Hamel donne au père Adrien-Déséry Turgeon, recteur du collège Sainte-Marie, plein pouvoir pour négocier avec le gouvernement d’Honoré Mercier* le règlement des biens des jésuites. L’accord final, intervenu en juin 1888, qui prévoit une allocation de 60 000 $ aux écoles protestantes et une indemnité de 400 000 $ à l’Église catholique québécoise – les jésuites en recevront 160 000 $ – satisfait toutes les parties. De même, la publication de la bulle Jamdudum du pape Léon XIII, en février 1889, dénoue les tensions créées par l’établissement d’une succursale de l’université Laval à Montréal [V. Édouard-Charles Fabre*]. Les jésuites obtiennent une quasi-indépendance en matière d’enseignement, c’est-à-dire que les élèves du collège Sainte-Marie ne sont pas tenus de subir les examens de l’université Laval comme c’est le cas pour les étudiants des autres collèges affiliés à l’université.

Ces deux mesures, conjuguées avec la reconnaissance civile de la Compagnie de Jésus par le Parlement de la province de Québec le 12 mai 1887, permettent à la mission de prendre son véritable envol au Canada. En 20 ans, de 1887 à 1907, son effectif passe en effet de 214 à 308 membres. C’est également au cours de ses quatre années de supériorat que, soucieux du bien spirituel des catholiques de langue anglaise, Hamel établit au collège Sainte-Marie le cours classique anglais, prélude à la fondation en 1896 du Loyola College [V. Gregory O’Bryan], et qu’il fonde à leur intention en 1891 une revue de spiritualité, le Messenger of the Sacred Heart, publiée à Montréal.

De la fin de 1891 à 1903, à l’exception de quelques mois passés à Québec en 1896 pour refaire sa santé, Pierre Hamel exerce son ministère dans les missions du nord de l’Ontario, tantôt auprès des travailleurs des forêts dans les régions de Sudbury, de Byng Inlet et dans celle de Sault-Sainte-Marie, au Michigan, tantôt auprès des Amérindiens de la région de Garden River. De retour à Montréal en 1903, il meurt deux ans plus tard, le 6 juin 1905, au scolasticat de l’Immaculée-Conception. Il est inhumé le 8 juin au cimetière de la communauté à Sault-au-Récollet. Le jésuite Édouard Lecompte a décrit ce missionnaire infatiguable en ces termes : « C’était un homme de savoir, aux pensées nobles et vastes, d’une imagination qui planait au-dessus des calculs mesquins, très bon d’ailleurs, très zélé, très surnaturel. »

Gilles Chaussé

AC, Montréal, État civil, Catholiques, La Visitation (Montréal-Nord), 8 juin 1905.— ANQ-Q, CE6-6, 23 févr. 1832.— ASJCF, A-4-1 ; A-16-1 ; BO-35-16 ; BO-62-1 ; BO-72-42 ; BO-78-12 ; D-7 ; R-11-6 ; R-21-4.— Northwest Review (Winnipeg), 17 juin 1905.— La Patrie, 7, 8 juin 1905.— La Presse, 7 juin 1905.— The College of St. Francis Xavier ; a memorial and a retrospect, 1847–1897 (New York, 1897), 58, 76.— Édouard Lecompte, « les Jésuites du Canada au XIXe siècle », Lettres du Bas-Canada (Montréal), 4 (1950) : 154–155.— Litteræ annuæ missionis canadensis Societatis Jesu, a die 1a aug. 1903 ad diem 1am aug. 1907 (Montréal, 1910), 134–136.

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Gilles Chaussé, « HAMEL, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hamel_pierre_13F.html.

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Auteur de l'article:    Gilles Chaussé
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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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