HALL, LYDIA ELIZABETH, évangéliste méthodiste, née en 1864 dans le canton d’Eramosa, Haut-Canada, deuxième des trois filles de Joseph Hall et d’Ann Duggan ; décédée le 15 mai 1916 à Guelph, Ontario.
On sait peu de chose sur les jeunes années de Lydia Elizabeth Hall, qui était généralement connue sous le nom d’Eliza Hall ou, en tant qu’évangéliste, sous le nom de Lyda Hall. Après la mort de son père, survenue avant 1871, sa mère épousa un veuf, George Wrigglesworth, fermier du canton de Halton ; lorsqu’il cessa de pratiquer l’agriculture, la famille s’installa à Georgetown, où Lyda et sa sœur aînée, Margaret, travaillèrent comme modistes. Vers 1883, la famille s’établit à Guelph.
Lyda Hall avait grandi dans la foi méthodiste. Après avoir assisté à des services évangélistes tenus par le révérend David Savage à l’église méthodiste Norfolk Street de Guelph en avril 1885, elle décida de consacrer sa vie à son Église. À l’époque, bon nombre de congrégations méthodistes organisaient des campagnes annuelles, et il était courant que les ministres s’entraident. Cependant, la campagne de Guelph présentait une nouveauté. Au cours de l’année précédente, Savage avait commencé à recruter des laïques dans des réunions de ferveur, à leur donner une formation et à les rassembler en « groupes de prière » afin qu’ils l’assistent dans son travail. Lorsqu’il se rendit à Guelph, 12 jeunes hommes l’accompagnaient.
Les chants, les prières et les témoignages de ces laïques contribuèrent au succès de la campagne de Guelph. En outre, leur exemple dut inspirer Lyda Hall puisque, moins d’un an après, elle œuvrait comme évangéliste dans l’un des groupes de prière. À l’automne de 1886, Savage commença à utiliser des équipes réduites ; Lyda Hall et un autre évangéliste se rendirent avec lui dans les Cantons-de-l’Est, dans la province de Québec. En outre, il fit les arrangements nécessaires pour que quelques-unes des jeunes femmes qu’il avait formées aillent deux par deux dans des congrégations qui lui demandaient son aide. C’est ainsi que Lyda Hall et Sarah (Sadie) Jane Williams, de Tottenham, firent équipe en 1887. Peu après, comme Sarah Jane Williams avait décidé de travailler seule, Lyda Hall prit pour partenaire sa jeune sœur Ann Jane, avec qui elle allait œuvrer durant une vingtaine d’années.
Au début, Lyda et Ann Jane Hall tinrent des réunions de ferveur dans des églises méthodistes du sud de l’Ontario. Ces revivals avaient ordinairement lieu le soir durant deux semaines, mais ils pouvaient s’échelonner sur un mois ou plus. La soirée commençait souvent par des chants ; selon le Christian Guardian de Toronto, les chants des sœurs Hall étaient « aussi éloquents que des sermons ». Lyda était la prédicatrice la plus douée ; ses prêches étaient fervents, intelligents et pratiques, avec « quelques accents pathétiques ». Ann Jane, elle, se distinguait dans les exhortations : elle savait toucher le cœur des gens et convaincre certains fidèles de rester pour la période de questions qui suivait le service régulier. Selon des observateurs, les deux sœurs savaient particulièrement bien diriger cette dernière partie de la soirée. Et, durant toutes ces réunions qui visaient à mener les fidèles sur la voie du salut, elles manifestaient « un tact exemplaire et un saint bon sens » ainsi qu’une finesse qui leur permettait de faire face à « toutes les urgences ».
La renommée des sœurs Hall s’étendait peu à peu. Au printemps de 1895, leur congrégation à Guelph les invita à tenir des rencontres. Le journal local rapporta : « les préjugés, s’il y en avait, ont été balayés au fil des réunions ». Elles recevaient une foule d’invitations, souvent de la part de congrégations plus nombreuses ou plus éloignées, dont certaines à Hamilton et à Toronto. La plupart des demandes provenaient d’églises méthodistes de l’Ontario, mais les sœurs Hall prenaient aussi la parole dans des revivals organisés conjointement par plus d’une confession religieuse et tenaient des réunions de ferveur aux États-Unis.
Bien que, traditionnellement, l’Église méthodiste ait davantage recouru aux femmes que bon nombre d’autres organisations chrétiennes, elle ne les autorisait pas à devenir ministres. Lyda et Ann Jane Hall n’avaient donc pas de statut officiel. Elles attendaient d’être invitées par des ministres qui souhaitaient leur assistance. Les invitations adressées aux « demoiselles Hall » ne précisaient pas la somme qui leur serait versée ; à la fin de chaque série de réunions, la congrégation en question recueillait un « don de remerciement » à leur intention. En 1898, après avoir passé cinq semaines à la First Methodist Church de London, elles reçurent 150 $ de la congrégation, et l’Epworth League, l’organisation de la jeunesse méthodiste, remit une montre en or à Lyda et une bourse d’or à Ann Jane.
Les sœurs Hall avaient gardé un pied-à-terre à Guelph et elles y retournaient le plus souvent possible pour se reposer de leurs tournées. Leur beau-père et leur mère habitèrent cette maison jusqu’à leur décès (lui mourut en 1898, elle en 1902). Lyda et Ann Jane Hall abandonnèrent leur travail d’évangélistes seulement lorsque Lyda fut frappée de paralysie, c’est-à-dire à l’été de 1907. Invalide et atteinte d’une maladie cardiaque, elle mourut neuf ans plus tard, le 15 mai 1916. Ann Jane ne reprit jamais son travail d’évangéliste une fois que sa sœur fut malade, mais elle continua d’œuvrer à la congrégation de Guelph. Elle mourut le 5 août 1932.
Lydia Elizabeth Hall faisait partie des quelques femmes qui œuvrèrent comme évangélistes au Canada à la fin du xixe et au début du xxe siècle. Il est probable que, parmi ces « dames évangélistes », seule Sadie Williams travailla aussi activement et aussi longtemps qu’elle. Bien que Lyda Hall n’ait pas occupé de position officielle dans son Église, elle prit la parole devant des milliers de personnes et exerça de l’influence sur un grand nombre de ses auditeurs. Un des ministres de Guelph a écrit après sa mort : « Son œuvre lui survit. »
AN, RG 31, C1, 1871, Eramosa Township, Ontario ; 1881, Esquesing Township, Ontario ; 1891, Guelph, Ontario.— AO, RG 22-318, no 7873.— Christian Guardian (Toronto), 1885–1916, particulièrement le 5 juill. 1916.— Guelph Mercury, 17 avril 1885, 7 janv.–15 avril 1895, 23 oct. 1897, 16 mai 1916, 4 août 1932, 24 janv. 1946.— London Advertiser (London, Ontario), 16 avril–10 mai 1898.— P. D. Airhart, Serving the present age : revivalism, progressivism, and the Methodist tradition in Canada (Montréal et Kingston, Ontario, 1992), 62–93.— M. F. Whiteley, « Modest, unaffected and fully consecrated : lady evangelists in Canadian Methodism, 1884–1900 », Canadian Methodist Hist. Soc., Papers ([Toronto]), 6 (1987) : 18–31.
Marilyn Färdig Whiteley, « HALL, LYDIA ELIZABETH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hall_lydia_elizabeth_14F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |