HAGAN, MICHAEL, journaliste, éditeur, auteur, directeur d’école et fermier, né vers 1831 ; décédé le 2 novembre 1896 à Kelowna, Colombie-Britannique.
On sait peu de chose de la jeunesse de Michael Hagan, sinon qu’il était d’origine irlandaise et qu’il reçut apparemment une bonne instruction. Selon un rapport, il passa un certain temps dans les champs pétrolifères de la Pennsylvanie et de l’Ontario ; un autre document nous apprend qu’il fut associé durant quelque temps avec son compatriote irlandais et collègue journaliste, Thomas D’Arcy McGee*. En juillet 1875, Hagan fonda le Thunder Bay Sentinel à Prince Arthur’s Landing (Thunder Bay, Ontario), où l’on construisait le chemin de fer qui devait se rendre au Pacifique. Il en fut le rédacteur en chef durant trois ans avant d’aller vivre quelque temps au Manitoba.
Hagan s’établit en Colombie-Britannique en 1879 et commença à publier un journal à Emory Bar, dans le canyon du Fraser, à l’endroit où débuta dans la province la construction du chemin de fer du Pacifique. Il y bâtit une maison et un atelier d’imprimerie et, le 29 mai 1880, publia le premier numéro de l’Inland Sentinel. Ce journal, qui ne contenait que quatre pages composées sur cinq colonnes, donnait surtout des nouvelles de la construction du chemin de fer. En juin 1881, Hagan se procura une vieille presse française que Mgr Modeste Demers* avait apportée en Colombie-Britannique et qui avait servi à Victoria et à Barkerville.
Journaliste d’esprit libéral qui ne mâchait cependant pas ses mots, Hagan écrivit dans le Sentinel plusieurs lettres ouvertes qui critiquaient la compagnie ferroviaire. En prenant parti pour les Indiens et les travailleurs chinois du chemin de fer, il se tailla rapidement une réputation de défenseur des groupes opprimés. Catholique dévot et abstinent, Hagan avait acquis, selon ce qu’on écrivit à sa mort dans le Vernon News, « le respect et l’estime des gens de toutes classes et conditions. Il était scrupuleusement honorable dans ses relations, droit dans sa vie privée, observateur perspicace et raisonneur profond. »
Hagan, semble-t-il, ne s’était jamais marié et n’avait pas de famille. Il se consacrait à son journal et l’utilisait aussi pour diffuser ses propres écrits. En 1882, par exemple, il y publia un roman sentimental intitulé Myra, or the broken hearted. Quand s’amorça le ralentissement de l’activité à Emory Bar, il alla s’établir dans le village voisin de Yale, en octobre 1880, et continua à y publier le Sentinel. Il fit savoir en août 1881 qu’il était président de la Yale Force Pump Placer Mining Company.
En effectuant une tournée de reconnaissance à l’intérieur de la Colombie-Britannique en 1882, Hagan passa par Kamloops et décida de s’installer dans ce centre ferroviaire plein d’avenir. Le premier numéro de l’Inland Sentinel publié à Kamloops parut le 31 juillet 1884. Hagan continua d’asséner ses critiques à la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, et plus particulièrement à son principal entrepreneur dans la province, Andrew Onderdonk*. Mais comme il était aussi favorable au progrès, il fit valoir à maintes reprises les possibilités qu’offrait Kamloops comme « capitale de l’intérieur ».
En 1886, « l’âge et l’affaiblissement de sa vue » forcèrent Hagan à vendre le Sentinel à l’homme d’affaires Hugh McCutcheon. L’ex-éditeur alla s’établir dans la mission d’Okanagan (qui fait aujourd’hui partie de Kelowna), où il acquit, par droit de préemption, une terre qu’il commença à cultiver. Il fit cependant de fréquents voyages vers l’intérieur et continua à écrire des articles et à donner son avis sur toutes sortes de sujets : la préservation de la faune, l’empaquetage du porc, le premier voyage du vapeur Okanagan en 1888, et le projet de chemin de fer entre le sud de la Colombie-Britannique et l’Alaska qui, selon lui, augmenterait les voyages et les échanges et favoriserait l’amitié entre les gens de la côte du Pacifique.
Hagan revint à Kamloops en 1889 comme directeur de la nouvelle école professionnelle indienne, poste qu’il avait obtenu sur la recommandation du député John Andrew Mara et qu’il devait surtout à sa réputation d’honnêteté, à ses aptitudes administratives et à son expérience de fermier. Cependant, la controverse qui entourait la nomination d’un laïque amena les Sœurs de Sainte-Anne à quitter, en juillet 1891, cet établissement où elles enseignaient [V. Marie-Angèle Gauthier]. Le gouvernement décida de confier l’école aux Oblats de Marie-Immaculée, et Hagan remit sa démission au mois de juin suivant. Pendant quelque temps encore, il continua à s’occuper des affaires locales ; il parla de la nécessité de construire un réseau d’irrigation dans la réserve indienne de même qu’un nouveau moulin à farine, et de promouvoir l’érection de Kamloops en municipalité.
Plus tard en 1892, Hagan retourna dans sa ferme de 640 acres, mais il n’en continua pas moins à faire parvenir ses « brillantes et vigoureuses critiques sur les questions d’intérêt provincial » au Sentinel, au Vernon News et au British Colonist. Il se préparait à se lancer dans l’élevage du porc et la fabrication du bacon quand il tomba malade. Il mourut le 2 novembre 1896 et on l’inhuma dans la mission d’Okanagan. Un grand nombre de personnes assistèrent à ses funérailles.
Michael Hagan fut, comme l’écrivit le Vernon News, « quelqu’un que sa nature bienveillante et sa valeur avaient rendu cher à tous ceux qui l’avaient connu ». Il avait « marqué l’histoire du pays de manière indélébile ». Son plus grand legs, l’Inland Sentinel, fut publié durant 107 ans sous diverses auspices et sous différents titres jusqu’en décembre 1987.
Le roman de Michael Hagan, Myra, or the broken hearted, a paru en feuilleton dans l’Inland Sentinel (Yale, C.-B.), 5 janv.–2 mars 1882. D’autres numéros pertinents de ce journal sont ceux des 4 août 1881 et 29 mai 1884 (pendant qu’il était publié à Yale), et ceux des 2 sept. 1886, 4 juin 1892, 27 mai 1893, et 29 mai 1905 (pendant qu’il était publié à Kelowna, C.-B.).
AN, RG 10, B3, 3799, file 48432-1. — Kelowna Land Titles Office, Pre-emption records, township 26, sect. 25, west half ; sect. 26, east half. — Thunder Bay district, 1821–1892 : a collection of documents, introd. de [M.] E. Arthur, édit. (Toronto, 1973). — Vernon News (Vernon, C.-B.), 12 nov. 1896. — Mary Balf, « Michael Hagan », Kamloops Daily Sentinel (Kamloops, C.-B.), vers 1964. — B. R. Campbell, « From hand-set type to linotype : reminiscences of fifty years in the printing trade », BCHQ, 10 (1946) : 266.
Ken Favrholdt, « HAGAN, MICHAEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hagan_michael_12F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
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