GUY, PIERRE, négociant, officier de milice à Montréal, né à Paris le 5 mai 1701, fils de Nicolas Guy et d’Élisabeth Leduc, décédé à Montréal le 14 avril 1748.

Pierre Guy arriva en Nouvelle-France à une date inconnue. En 1725 il était à Montréal où il épousait, le 18 novembre, Élisabeth Carreau, veuve de Jean Lalande. L’aveu et dénombrement de Montréal en 1731 mentionne un « S. Guy » qui possédait une maison de pierre à deux étages rue Saint-Joseph. Peut-être s’agit-il de Pierre Guy ; il semble bien, en tout cas, que ce soit lui qui ait reçu en 1730 la commission d’enseigne de milice accordée au « Sr Guy négociant ». L’année suivante. Guy devint lieutenant de milice et il reçut en 1738 une commission de capitaine en second.

Le 29 septembre 1734, quelques mois après le décès de son épouse, dont il avait eu huit enfants en neuf ans de mariage, Pierre Guy contractait une nouvelle alliance avec Jeanne Truillier, dit Lacombe : De ce second mariage naquirent cinq enfants dont Pierre* qui jouera un rôle assez important à Montréal après la Conquête.

Même si en 1730 Pierre Guy était déjà connu à Montréal comme « négociant », ce n’est qu’à partir des années 1740 que nous découvrons des renseignements utiles sur sa carrière commerciale. Il avait toutefois déjà acquis une certaine aisance, car il possédait en 1741 quatre terrains à Montréal, dont le dernier avait été acheté pour 1 600#. Les détails de la comptabilité de Guy qui sont encore accessibles indiquent, même s’ils sont incomplets, un niveau d’affaires assez élevé. Guy faisait l’importation de marchandises générales, de vin et d’eau-de-vie, et il exportait des pelleteries en France par l’intermédiaire de François Havy et de Jean Lefebvre, ses principaux correspondants de Québec. Guy eut quelquefois recours à d’autres marchands de cette ville et, à l’occasion, communiqua directement avec ses fournisseurs métropolitains, mais le gros de ses affaires se fit avec Havy et Lefebvre de qui il achetait parfois pour des sommes considérables. Mentionnons par exemple ce compte courant du 18 octobre 1743 qui faisait état de nombreux envois de tissus, de plomb, de vin et de papier, dont le montant s’élevait à 19 857# 5s. 7d. Guy payait assez promptement ses fournisseurs avec des fourrures ou des lettres de change et se montrait parfois difficile sur la qualité des marchandises reçues.

Pour Pierre Guy, le commerce ne fut pas toujours chose facile. Il lui arrivait de commettre des erreurs de jugement qui furent l’occasion d’interventions de la part de Havy et Lefebvre. En 1745, alors que la guerre entravait le transport entre la colonie et la métropole et que les articles d’importation devenaient plus rares, Havy et Lefebvre écrivaient à Guy : « Nous voyons que vous vendez tant que vous pouvez nous ne pouvons pas dire que vous faisez absolument bien vous vendez a petit Profit et suivant toutte aparence vous acheterz Bien cher. »

En août 1745, alors qu’on craignait l’invasion de la Nouvelle-France par les troupes britanniques, Guy descendit à Québec avec les officiers de Montréal pour repousser une éventuelle attaque. Il fut vite de retour à Montréal, mais l’on peut penser que la crainte d’une invasion anglaise continua de faire partie de ses préoccupations, car, en 1745 et 1746, il fit passer en France des fonds considérables, qu’il ne voulait faire servir à son commerce qu’au retour de la paix. Il est permis de supposer qu’il prévoyait retourner en France si la colonie tombait aux mains des Anglais car certains Canadiens pressentaient déjà la chute de la colonie.

José Igartua

AN, Col., B, 46, f.101 ; 47, f.1219 ; Col., C11A, 85, ff.72–81.— ANQ-M, Greffe de F.-M. Lepailleur, 28 sept. 1734 ; Greffe de Michel Lepailleur, 18 nov. 1725 ; Registre d’état civil, Notre-Dame de Montréal, 18 nov. 1725, 29 sept. 1734, 15 avril 1748.— APC, MG 8, C3, 38, 15 juin 1748 ; MG 18, H28, III, Liste des habitants de Montréal, 1640–1800 ; MG 23. GIII, 25, Pierre Guy, Grand Livre no 4, 1735–1740 ; Livre de comptes, 1742–1745, ces deux livres de comptes contiennent les ventes au détail, et n’ont rien révélé d’important pour cette biographie  [j. i.] ; MG 23, GIII, 28, Pierre Guy, 1739–1749 ; MG 24, L3, 2, pp. 543–555, 558–563, 566–579, 582–589, 592–633, 637–663, 670–671, 677–718, 722–726, 730–775, 776–1 130, 1 131–1 135, 1 139–1 150 ; 28, 17 756–17 761 ; 35, 22 417–22 435, 22 469–22 476 ; 39, 25 147 ; 40, 25 537–25 546 ; 43, 28 127–28 129 ; 46, 29 617–29 620, 29 622–29 623.— Aveu et dénombrement pour l’île de Montréal, RAPQ, 1941–1942, 25s.— Claude de Bonnault, Le Canada militaire, RAPQ, 1949–1951, 441.— Tanguay, Dictionnaire.

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José Igartua, « GUY, PIERRE (1701-1748) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/guy_pierre_1701_1748_3F.html.

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Auteur de l'article:    José Igartua
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024