GUION (Guyon), FRANÇOIS, flibustier dont le champ d’action s’étendait depuis l’Acadie jusqu’en Nouvelle-Angleterre, né le 3 mars 1666 du mariage de Denis Guion et d’Élisabeth Boucher de l’île d’Orléans ; il épousa Marie-Anne Roberge le 4 avril 1688 et mourut avant le 12 juillet 1701.

Robinau* de Villebon nomme Guion à plusieurs reprises dans sa correspondance, quelquefois en l’associant à un autre flibustier, Pierre Maisonnat dit Baptiste, mais le prénom François n’y figure qu’une fois. Quand il est fait mention de Guion dans les archives, il est difficile d’établir s’il s’agit du père ou du fils, et l’identification se complique encore du fait que, dans la famille Guion, on retrouve souvent des prénoms identiques. D’après Webster, Guion est né en 1635, mais ce serait plutôt, semble-t-il, la date de naissance d’un oncle du même nom. Pour sa part C. Alice Baker confond François Guion et Pierre Maisonnat. Toutefois il existe encore deux actes notariés – le contrat de mariage de Guion et un acte de vente de butin – portant la signature de François Guion qui nous permettent d’établir qu’il est né en 1666.

Guion était le beau-frère d’Antoine Laumet dit de Lamothe Cadillac, qui épousa sa sœur Marie-Thérèse, mais il n’était pas le beau-frère de Louis Damours de Chauffours et de Mathieu Damours* de Freneuse, comme l’a prétendu Antoine Bernard. Ceux-ci épousèrent deux de ses cousines. Parfois, un frère cadet, Joseph, accompagnait François en qualité de second, mais Joseph montait aussi ses propres expéditions. Ils étaient tous deux au nombre des « loups de mer » dont parle Bernard. À partir de leurs ports d’attache qui étaient à l’époque Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.), Beaubassin (Chignecto) et Les Mines (Grand-Pré, N.-É.), ces flibustiers attaquaient les navires anglais pour les piller, s’en prenant en particulier aux navires de pêche.

Le 4 juin 1695, François Guion enleva trois vaisseaux à une frégate anglaise qui s’était échouée sur un récif au sud de Grand Manan et avant septembre de la même année il captura neuf autres navires de pêche. Il en mit cinq à la rançon pour une somme de 1 500#. Comme Guion habitait Québec, il y ramenait beaucoup de ses prises pour les vendre. Un document de l’époque nous révèle en outre que son frère Joseph recruta un équipage dans cette ville en 1695 pour le sloop de François, le Philibusquier.

Une frégate anglaise captura le navire de Guion en avril ou en mai 1696 et celui-ci fut amené prisonnier à Boston. On l’échangea bientôt contre des Anglais qui avaient été faits prisonniers par Pierre Le Moyne d’Iberville à Pemaquid. Guion revint à Port-Royal vers la fin de l’été avec la nouvelle que les Anglais rassemblaient des troupes à Boston en vue d’une attaque contre les établissements français, en particulier contre le fort Saint-Joseph (Naxouat) sur la rivière Saint-Jean, où Villebon assurait le commandement.

Après cette date il semble bien que les archives ne fassent plus état de l’activité de Guion. De toute façon sa carrière fut brève puisque, selon Tanguay, il était déjà mort à la naissance de son cinquième enfant en juillet 1701. Comme sa femme fit une demande d’inventaire de succession en août, on peut croire en effet que Guion est mort peu avant la naissance de son dernier enfant.

W. Austin Squires

AJM, Greffe de Michel Lepallieur, 19 janv. 1702.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., II : 222, 250, 282.— Jug. et délib., III : 513–516.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), IX : 617, 643, 667.— A. Roy, Inv. greffes not., VII : 51 ; XVIII : 191, 322.— P.-G. Roy, Inv. testaments, I : 274.— Webster, Acadia, 77s., 81, 82, 148, 149, 150s., 178.— Tanguay, Dictionnaire, I : 296.— Bernard, Le drame acadien, 189, 220.— C. A. Baker, The adventures of Baptiste, Pocumtuck Valley Memorial Assoc. Hist. and proc., 1899–1904, IV (Deerfield, Mass., 1905) : 342–477.— É.-Z. Massicotte, Flibustiers montréalais, BRH, XLII (1936) : 583s.— R. Roy, Le flibustier Baptiste, BRH, V (1898) : 11s.

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W. Austin Squires, « GUION (Guyon), FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/guion_francois_2F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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