GRIFFITH, JOHN, fabricant de chaises et commerçant ; le 18 août 1825, il épousa à Montréal Sarah McGinnis, et ils eurent dix enfants ; circa 1825–1847.

On ne connaît pas les origines de John Griffith ni la date de son arrivée à Montréal. Son nom ne figure pas dans l’annuaire de Montréal de 1819 mais on sait, d’après les registres, qu’il était un « résident de cette ville » en 1825, quand il se maria à la Christ Church, devant le révérend John Bethune*. Il semble improbable qu’il ait été dans les affaires pour son propre compte à ce moment-là. Quelques années plus tard, cependant, il avait mis sur pied une manufacture de chaises dans le faubourg Québec, banlieue de l’est de Montréal. L’existence de sa manufacture au début des années 1830 est attestée par ses cartes d’affaires et les étiquettes qu’il collait sous ses meubles ; celles-ci lui étaient fournies par l’imprimeur George Perkins Bull, qui eut une entreprise à Montréal de 1831 à 1833.

À la différence des ébénistes, qui utilisaient des types de bois de meilleure qualité et souvent importés,les premiers fabricants de chaises à Montréal produisaient des meubles bon marché, non peints ou non vernis. C’est pourquoi ils faisaient presque toujours le commerce des peintures, comme c’était le cas pour Griffith. Celui-ci avait débuté comme peintre (c’est le métier qu’on lui attribua au moment de son mariage) et ce champ d’activité était souligné sur ses étiquettes : « John Griffith, peintre – bâtiments, enseignes, décorations –, fabricant de chaises, etc. » Au fil des années, il continua de s’annoncer entre autres comme peintre d’enseignes « soigneusement exécutées ». Il vendait également des peintures de tous genres, y compris du matériel d’artiste, mais c’est surtout comme fabricant de meubles peints, de chaises en particulier, qu’il cherchait à se faire connaître. Au cours des années 1830, son titre de peintre, dans les registres officiels, sera remplacé par celui de fabricant de chaises.

En plus d’exploiter sa manufacture en banlieue dès 1840, Griffith louait un grand entrepôt pour ses meubles, rue Saint-Paul, dans ce qui était alors le principal secteur commercial de Montréal, et se lançait tant dans le commerce de gros que de détail. En 1843, il faisait de la publicité pour un stock de 2 000 chaises : des chaises cannées, paillées ou Windsor. Il gardait en magasin des châlits, des tables et des consoles de toilette et il fabriquait ce qu’on appelait des « chaises de fantaisie ». Il reste encore de ces chaises de fantaisie dont la traverse supérieure laisse voir des traces de la décoration originale qui représentait des fleurs ou des fruits. Les pieds faits au tour empruntaient parfois l’aspect du bambou, et l’imitation devait être accentuée à l’origine par la peinture. Griffith annonçait généralement dans sa publicité « plusieurs modèles différents » de chaises, tous de qualité supérieure garantie. Il faisait parfois des ventes à l’encan où il écoulait jusqu’à 700 chaises à la fois.

À Montréal, dans la première moitié du xixe siècle, peu de fabricants de chaises signaient leurs produits, ce qui rend maintenant toute attribution hasardeuse. Griffith, quant à lui, apposait des étiquettes imprimées dessous ses chaises, et certaines sont demeurées intactes. En outre, il marquait souvent ses pièces de l’inscription « GRIFFITH / MONTREAL ». À cette époque, il y avait un certain nombre de fabricants de chaises à Montréal, mais Griffith avait, sur la plupart de ses concurrents, l’avantage d’exploiter à la fois une manufacture et un point de vente. Il était sûrement respecté de ses pairs, puisqu’à plusieurs reprises il agit à titre de témoin à des baptêmes ou à des funérailles dans leurs familles. Bien qu’il se soit marié à la Christ Church et qu’il ait fait baptiser ses cinq premiers enfants à cette église anglicane, il finit par se joindre à la congrégation méthodiste St James Street à laquelle appartenaient bon nombre de ses collègues, y compris John Hilton*.

Pendant plus d’une douzaine d’années, l’entreprise connut la prospérité, et Griffith fit même des placements dans l’immobilier. En 1846, il mit en vente six lots de terrain à bâtir « de grande valeur », ce qui annonçait probablement des difficultés financières. L’année suivante, on mettait en vente aux enchères le bail de son entrepôt de la rue Saint-Paul en le présentant comme un « local de premier ordre » pour le commerce. Griffith était en faillite : son mobilier personnel et tout son stock furent vendus. Son aventure dans le commerce du meuble à Montréal eut toutefois une dernière répercussion : en 1850, un certain William Griffith, peut-être son fils aîné, tenait un magasin de peinture à la même adresse, rue Saint-Paul, mais cette entreprise ne dura pas longtemps.

John Griffith s’était lancé dans la fabrication des chaises avec de grandes ambitions. Malheureusement pour lui, cette spécialité de la menuiserie se trouvait en voie de disparition. Dès les années 1860, les annuaires de Montréal, dans leur classification des métiers, ne mentionnaient plus que rarement la fabrication des chaises comme spécialité distincte. Les ébénistes, qui pouvaient offrir à la fois des chaises bon marché et des meubles de luxe, avaient déjà commencé à absorber ce secteur dans les années 1840. Les usines qui utilisaient des machines à vapeur remplaçaient le type d’atelier que Griffith avait établi dans les années 1830. Malgré tout, celui-ci s’était un moment hissé au premier rang des entreprises montréalaises spécialisées dans la fabrication de chaises.

Elizabeth Collard

Quelques chaises fabriquées par John Griffith font partie de la collection du Musée canadien des civilisations (Ottawa). D’autres, dont quelques-unes possèdent toujours l’étiquette, font partie de collections privées.

ANQ-M, CE1-63, 18 août 1825, 21 mai 1826, 3 févr. 1828, 28 mars 1830, 9 avril 1831 ; CE1-109, 22 juin, 17 juill. 1833, 10 sept. 1835, 6 avril 1837, 17 avril 1839, 3 janv. 1844.— La Minerve, 29 mai 1843.— Montreal Gazette, 20 août 1825, 5 nov. 1831, 2 mars, 6 avril 1833, 9 mai 1844, 24 mai 1845, 28 avril, 20 oct. 1847, 21, 31 mai 1849.— Montreal Transcript, 2 avril 1840, 14 sept. 1843, 9, 14 mai, 8 oct. 1844, 2 mai 1846, 24 avril 1847.— Pilot (Montréal), 15 avril 1848.— Montreal directory, 1842–1847.— Elizabeth Collard, « Montreal cabinetmakers and chairmakers, 1800–1850 : a checklist », Antiques (New York), 105 (janv.–juin 1974) : 1132–1146.

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Elizabeth Collard, « GRIFFITH, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/griffith_john_7F.html.

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Auteur de l'article:    Elizabeth Collard
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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