GRIDLEY, RICHARD, officier, ingénieur militaire et entrepreneur, né le 3 janvier 1710/1711 à Boston, fils de Richard et Rebecca Gridley ; il épousa le 25 février 1730/1731, à Boston, Hannah Deming, et ils eurent neuf enfants, puis, en secondes noces, le 21 octobre 1751, à Boston, Sarah Blake ; décédé le 21 juin 1796 à Stoughton, Massachusetts.

Richard Gridley devint de bonne heure apprenti chez un négociant de Boston mais dans les années 1740 il était apparemment « élève » de John Henry Bastide*, ingénieur britannique qui s’occupait de perfectionner les défenses coloniales. Le fait qu’il ait étudié le génie militaire pourrait peut-être expliquer pourquoi on le choisit comme lieutenant-colonel pour commander l’artillerie lors de l’expédition de William Pepperrell* contre Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), en 1745. Pendant le siège, Gridley eut la « direction des batteries », en particulier celle de la pointe à la Croix (Lighthouse Point), et entreprit quelques travaux de génie de moindre importance. S’étant attiré pour son travail les éloges du gouverneur William Shirley du Massachusetts, Gridley se vit récompensé d’une commission de capitaine dans les Shirley’s American Provincials (67e d’infanterie) qui furent en garnison à Louisbourg de 1746 à 1749.

Mis à la demi-solde lors du licenciement de son régiment en 1749, Gridley ne refit pas de service militaire avant 1755, date à laquelle il fut nommé colonel d’un régiment du Massachusetts participant à l’expédition de William Johnson contre le fort Saint-Frédéric (près de Crown Point, New York). Gridley commanda la garnison du fort Edward (aussi appelé fort Lydius ; aujourd’hui Fort Edward, New York) ; il construisit des fortifications en différents points autour du lac George (lac Saint-Sacrement) et fut félicité par Johnson en ces termes : « si tous les officiers de son rang dans l’armée le valaient, je me serais estimé très heureux à mon poste ». L’année suivante, Gridley devint colonel, commandant d’artillerie et ingénieur en chef dans la troupe provinciale de John Winslow. Pendant le débat acrimonieux entre Winslow et lord Loudoun, commandant en chef, au sujet du projet de fusion des troupes régulières et des troupes provinciales, Gridley appuya tellement son commandant que Loudoun crut qu’il était le véritable chef des officiers provinciaux opposés à la fusion.

En 1758, en tant que volontaire sous les ordres d’Amherst, Gridley servit de nouveau à Louisbourg. Il fut consulté par le général britannique et prit également le commandement de quelques charpentiers américains après la mort de leur commandant. L’année suivante, il leva une unité analogue destinée à l’expédition de Wolfe* et aurait supposément pris part à la bataille des plaines d’Abraham.

Une fois la guerre en Amérique du Nord terminée, Gridley retourna à des occupations civiles ; en 1760, il présenta une requête à Amherst pour obtenir la concession des îles de la Madeleine dans le golfe du Saint-Laurent, ce qui lui permettrait de faire la pêche du phoque et du morse. Quoiqu’ Amherst ne pût émettre qu’un permis temporaire en attendant l’approbation du gouvernement britannique, Gridley se rendit dans les îles et, après avoir embauché des Canadiens et des Acadiens, il commença à pêcher. En 1763, il y avait 12 familles, cinq maisons, six vaisseaux et tout le matériel nécessaire pour transformer les prises en huile. Toutefois, les « dépenses considérables » qu’avait encourues Gridley n’aboutirent à rien ; à la fin de 1763, le Board of Trade refusa sa requête, vraisemblablement parce que l’on ne s’était pas encore décidé sur une politique d’ensemble concernant les pêcheries du golfe. Imperturbable, Gridley persista à aller régulièrement dans les îles ; en 1765 lui, quatre de ses fils et 22 Canadiens et Acadiens y pêchèrent pendant l’été. Son fils Samuel, marchand à Bristol, continua mais en vain à solliciter la concession des îles au nom de son père et, en 1777, après que Gridley se fut joint aux insurgés américains, en son nom propre. Néanmoins, Gridley ne s’affairait pas uniquement à la pêche ; en 1772, il exploitait un haut fourneau à Stoughtonham (Sharon), au Massachusetts.

Au début de la Révolution américaine en 1775, Gridley offrit ses services aux rebelles ; le Congrès du Massachusetts lui remit la commission de major général, colonel d’un régiment d’artillerie et ingénieur en chef des troupes de l’État. Il dirigea la construction de travaux en terre à Breed’s Hill, près de Boston, et fut blessé à la bataille de Bunker Hill qui eut lieu le 17 juin. Au mois de mars suivant, il organisa la construction de batteries à Dorchester Heights, dans les hauts de Boston ; d’après l’opinion générale, cette initiative obligea les Britanniques à évacuer la ville le 17 mars. Vu son « âge avancé », Gridley fut remplacé en novembre 1775 comme colonel d’artillerie, mais il demeura ingénieur en chef jusqu’en août 1776 et fit fonction d’ingénieur jusqu’en janvier 1781. Après avoir pris sa retraite ce mois-là, il vécut à Stoughton, semble-t-il, jusqu’à sa mort. L’actuel United States Army Corps of Engineers considère Gridley comme son fondateur.

Stuart R. J. Sutherland

PRO, CO 194/16, ff.254–257 ; 217/19, f.174 ; 217/20, ff.5–17.— Boston, Registry Dept., Records relating to the early history of Boston, W. H. Whitmore et al., édit. (39 vol., Boston, 1876–1909), [24] : Boston births, 1700–1800, 68 ; [28] : Boston marriages, 1700–1751, 154, 247.— Correspondence of William Shirley (Lincoln), I : 288 ; II. 168n., 479, 501–510.— G.-B., Board of Trade, JTP, 1759–63, 407 ;1764–67, 6, 134 ;1768–75, 288 ; 1776–82, 86.— Johnson papers (Sullivan et al.), II : 223s., 236ss, 281.— DAB. F. B. Heitman, Historical register of officers of the Continental army during the war of the revolution [...] (Washington, 1893), 201.— Rawlyk, Yankees at Louisbourg, 102.

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Stuart R. J. Sutherland, « GRIDLEY, RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gridley_richard_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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