GREEN, NATHAN, fabricant de cigares et marchand, né le 12 juin 1828 à Amsterdam ; il épousa Elizabeth Pizarro (décédée le 20 octobre 1853), et ils eurent un fils, puis, à New York, Jane Hart (décédée le 17 octobre 1889), et de ce second mariage naquirent deux fils et trois filles ; décédé le 26 avril 1922 à Chicago.

Nathan Green s’installa à Londres en 1842 et apprit à fabriquer des cigares chez Moses Gompers. Dans les années 1850, il partit pour New York avec ses beaux-frères Solomon Henry Hart et Henry Levy. L’Angleterre offrait beaucoup moins de perspectives d’avenir aux immigrants juifs que le Nouveau Monde. À New York, Green travailla avec le fabricant de cigares Samuel Gompers – parent de Moses et futur fondateur de l’American Federation of Labor – et se lia d’amitié avec lui.

En 1859, Green habitait à Saint-Jean avec sa femme et ses enfants ; ils formaient la deuxième famille juive à élire domicile dans cette ville du Nouveau-Brunswick. La famille de Solomon Henry Hart et de sa femme Alice Catharine Davis* les y avait précédés en 1858. Henry Levy aussi vécut quelques années à Saint-Jean. En 1871, le ménage de Green comprenait sa femme, six enfants, une domestique et un apprenti. Sa maison, imposante, avait une salle de billard. Jusqu’en 1878, la communauté juive de Saint-Jean compta tout au plus une quinzaine de membres. En 1879, Green participa aux premières célébrations tenues dans la ville à l’occasion de Roch ha-Chanah et du Yom Kippour. La cérémonie marquant la deuxième de ces fêtes faillit ne pas avoir lieu. Pour le culte public, le minyan, ou quorum, était de dix fidèles de sexe masculin âgés de plus de 13 ans, mais il en manquait un jusqu’à ce que l’on trouve un visiteur juif dans un hôtel de la ville. Trois ans plus tard, un premier mariage juif eut lieu dans les provinces Maritimes : celui du fils aîné de Green, Louis, et de la fille des Hart, Elizabeth, futurs parents de Solomon Hart Green*, avocat et député de l’Assemblée législative du Manitoba. Le premier enterrement juif à Saint-Jean datait de 1873 (en général, jusque-là, la communauté avait transporté les dépouilles de ses membres à New York pour l’inhumation). Nathan Green faisait partie du groupe qui avait acheté une parcelle de terre en vue d’en faire un cimetière. Un rabbin de Boston était venu consacrer le cimetière qui, appelé encore aujourd’hui Green-Hart, abrite les restes des premiers colons juifs et de leurs descendants.

La vie de Green à Saint-Jean tournait autour de l’entreprise établie par lui en 1861 : à la fois fabrique de cigares et commerce de tabac en gros et au détail, elle était la plus importante de la ville. Sa maison et son magasin, situés rue Prince William, furent détruits dans le grand incendie des 20–21 juin 1877 [V. Sylvester Zobieski Earle*], mais on dit que Green reprit les affaires moins de 24 heures après. La publicité de son magasin annonçait un large éventail de marchandises dont il était le distributeur exclusif. À compter de 1880, un personnage en bois sculpté représentant un Écossais se tenait à la devanture.

Premier Juif des Maritimes à faire partie de l’ordre maçonnique, Green figura sur la liste des membres de la St John’s Lodge No. 2 durant de nombreuses années et, à sa mort, il était le plus âgé d’entre eux. C’était aussi un philanthrope, réputé surtout pour son aide à l’asile des pauvres du comté et aux immigrants démunis qui arrivaient dans la ville. Il fut le dernier résident de Saint-Jean à recevoir le droit de cité avant la Confédération. Ce privilège, payé par ceux qui avaient l’intention de faire des affaires dans la ville, était enregistré dans les comptes municipaux sous la rubrique des taxes d’affaires.

En 1888, à l’âge de 59 ans, Green se départit de l’inventaire de son magasin de tabac, alors situé rue Charlotte, et prit sa retraite avec 100 000 $ d’épargnes. Convaincu que cette somme lui suffirait jusqu’à la fin de ses jours, il alla s’installer à Chicago avec sa femme, son fils Solomon et ses filles Sarah et Frances. D’autres membres de la famille y vivaient déjà. Un autre fils des Green, Henry (Harry), y avait élu domicile en 1885 et avait fondé une entreprise de vente de tabac en gros et au détail. Leur fille Elizabeth avait épousé un résident de Chicago en 1886 et deux des sœurs de Green vivaient aussi dans cette ville. Green acheta un îlot de maisons pour lui-même et sa famille. Il y habita de nombreuses années, d’abord avec sa femme, puis, après la mort de celle-ci en 1889, avec l’une de ses filles. Pendant un temps, il eut des liens avec la Harry Green and Company, dont Solomon était devenu l’un des associés. Malgré la distance, il restait en contact avec la communauté juive de Saint-Jean. Son fils Louis, qui était demeuré dans cette ville, lui achetait chaque année un billet de train pour qu’il lui rende visite. En 1899, Nathan Green commandita deux prix modestes à la Saint John Hebrew School. Six ans plus tôt, il avait tenu une réception pour la City Cornet Band de Saint-Jean, qui s’était produite à l’Exposition universelle de Chicago. Il se vantait d’aimer les voyages et traversa l’Atlantique plus de 70 fois.

Nathan Green s’éteignit pendant son sommeil à Chicago à l’âge de 93 ans.

Katherine N. E. Biggs-Craft

BAC, RG 31, C1, 1871, Saint John County (mfm à la Saint John Regional Library, Saint-Jean, N.-B.).— Fernhill Cemetery Company (Saint-Jean), Burial records.— Saint John Jewish Hist. Museum Arch., Corr. de Richard Berger, 21 juin 1988 ; Green–Hart–Isaacs family tree, Phyllis Green, compil. (1976) ; Hart–Green family tree ; Hist. of Jewish businesses, Saint John City directory, 1880–1989 ; Shaarei Zedek Cemetery database ; Joseph Tanzman, « The story of the Jewish community of Saint John, N.B. » (texte dactylographié, s.d.).— Saint John Regional Library, Misc. index, SB (scrapbook) 18 (mfm).— Jewish Times (Montréal), 7 juill., 22 déc. 1899.— St. John Daily Sun (Saint-Jean), 30 sept. 1893.— St. John Daily Telegraph and Morning Journal (Saint-Jean), 1er mai 1871 ; publié par la suite sous le nom de Daily Telegraph, 28 sept. 1881, 16 déc. 1896, et plus tard de Telegraph-Journal, 28 avril 1926, 3 févr. 1966.— Saint John Globe (Saint-Jean), 11 oct. 1882, 1903–1913.— Annuaire, Saint-Jean, 1865–1890.— Eli Boyaner, « The settlement and development of the Jewish community of Saint John », N.B. Hist. Soc., Coll. (Saint-Jean), no 15 (1959) : 79–86.— Grand Lodge of the Ancient and Honorable Fraternity of Free and Accepted Masons of N.B., Proc. (Saint-Jean), 1868–1888.— The Jew in Canada : a complete record of Canadian Jewry from the days of the French régime to the present time, A. D. Hart, édit. (Toronto et Montréal, 1926).— Marcia Koven, Weaving the past into the present : a glimpse into the 130 year history of the Saint John Jewish community (Saint-Jean, 1989).— The Lakeside annual directory of the city of Chicago (Chicago), 1888–1890.— Sheva Medjuck, Jews of Atlantic Canada (St John’s, 1986).— S. E. Rosenberg, The Jewish community in Canada (2 vol., Toronto et Montréal, 1970–1971), 1.— Vital statistics from N.B. newspapers (Johnson), 27–83.

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Katherine N. E. Biggs-Craft, « GREEN, NATHAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/green_nathan_15F.html.

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Année de la publication:    2005
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