GRANT, THOMAS HUNTER, homme d’affaires et officier de milice, né le 6 juillet 1833 à Québec, fils de Peter Grant, imprimeur, et de Margaret Thompson ; le 7 août 1864, il épousa à Sillery, Bas-Canada, Caroline Drum, et ils eurent un fils ; décédé le 2 juin 1917 à Brighton, Angleterre.

On ne connaît pour ainsi dire rien de l’enfance de Thomas Hunter Grant. Après avoir fait à Québec des études devant le conduire à la vie religieuse, il s’oriente finalement vers une carrière dans les affaires. Il entre d’abord au service de la H. J. Noad and Company [V. Henry John Noad*] à titre de caissier, emploi qu’il occupe au moins jusqu’en mai 1859. Au cours de la même période, il tente une première expérience de travail à son compte en s’associant, en février 1855, avec George Cappage Gibsone, de Québec, sous la raison sociale de Gibsone, Grant and Company. Les nouveaux marchands généraux investissent 400 £ et ont l’intention de faire des affaires avec les « ports d’en bas ». Pendant que Gibsone supervise les affaires en dehors de la ville de Québec, Grant s’occupe de la bonne marche de la compagnie dans la ville même. L’entreprise est finalement dissoute en février 1858.

Ayant acquis de l’expérience en affaires, désireux de réussir sans délai, mais ne possédant que peu de capitaux, Grant décide de se joindre à une entreprise déjà établie. En avril 1862, il s’associe à John Lemesurier, marchand bien connu de Québec, pour former la Lemesurier, Grant and Company. Bien qu’il possède une des trois parts d’association, Grant n’a investi que 500 $ dans l’entreprise, qui a pourtant une valeur nette de 10 000 $. Mais en août 1864, il épouse Caroline Drum, qui apporte avec elle une dot de 8 000 $. Le mois suivant, Lemesurier et Grant lui empruntent cette somme qu’ils investissent aussitôt dans leur société, dont les activités sont axées sur le commerce de gros et d’épicerie, et sur leur manufacture de tabac. La même année, les associés font construire une barque de 251 tonneaux, le Jenny-Lemelin, mais, dès le 1er avril 1865, ils mettent fin à leur association.

En janvier 1868, Grant fait une nouvelle incursion dans le domaine du commerce. Il s’associe avec un oncle maternel, Isaac Thompson, du canton de Leeds, dans le comté de Mégantic. Grant investit 2 000 $ dans l’entreprise et se dissocie de toute dette que celle-ci pourrait contracter. Sa part de profit s’élève à 300 $ par année, bon an, mal an. De plus, il a un droit de décision ainsi qu’un droit de veto. Le 1er janvier 1871, l’Isaac Thompson and Company est dissoute et Grant récupère son investissement.

Outre ces associations commerciales, Grant se fait connaître en servant les intérêts de diverses compagnies d’assurances établies à Québec. Ainsi, il est secrétaire et directeur de la Compagnie d’assurance maritime de Québec de 1866 à 1877. Puis, de 1869 à 1873, il est agent de la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie.

C’est toutefois au service de la communauté d’affaires de Québec que Grant consacre la majeure partie de sa carrière. En 1865, il est conseiller du Bureau de commerce de Québec et, dès l’année suivante, il en devient le secrétaire, fonction qu’il occupe sans interruption jusqu’en 1875. Très actif et très apprécié, il fait de cet organisme, sans grande importance à son arrivée, l’un des plus forts et des plus influents du dominion. Il instaure une foule de mesures qui améliorent grandement le commerce maritime avec le port de Québec. En 1865, le Bureau de commerce de Québec le délègue à un congrès, tenu à Detroit, où il est question de l’avenir du traité de réciprocité avec les États-Unis. C’est à l’occasion d’une plénière des délégués du dominion qu’il suggère la création d’un bureau de commerce central. La Chambre de commerce de la Puissance verra finalement le jour en octobre 1870. Grant agit également à titre de représentant commercial du Bureau de commerce de Québec à des congrès qui se déroulent à New York, Chicago, Boston, Saint Louis, dans le Missouri, à Portland, en Oregon, et dans plusieurs villes canadiennes.

En février 1867, afin de permettre l’établissement de relations commerciales stables avec les Maritimes, Grant prend une part active à la création de la Compagnie des steamers de Québec et des ports du golfe. En mars 1870, il participe à la mise sur pied de la Society for the Promotion of Local Industry, où il est élu au premier conseil d’administration. En mai 1873, avec son beau-père William Drum et quelques autres hommes d’affaires de Québec, il contribue à la création de la Banque de Stadacona, dont il sera l’un des administrateurs. En août 1873, la manufacture de meubles de Drum, qui procure du travail à des centaines d’employés à Québec, est incendiée. Faute de fonds pour la faire redémarrer, Drum et des actionnaires de la banque, comme Timothy Hibbard Dunn*, créent la Drum Cabinet Manufacturing Company. Sans participer financièrement aux destinées de cette compagnie, Grant y joue néanmoins un rôle important par l’intermédiaire des actions familiales détenues par sa femme. Nommé membre de la Commission du havre de Québec, en août 1873, il occupe cette charge jusqu’en 1876. Il s’y révèle très actif en faisant notamment la promotion des améliorations à apporter au havre de Québec. Il compte parmi les commissaires qu’on envoie à Ottawa et à Londres pour tenter de convaincre les gouvernements d’investir dans ce projet. Ces efforts conduiront à la construction du bassin Louise et de la cale sèche Lorne à Lauzon (Lévis). Enfin, en 1874, il figure au nombre des actionnaires de la Société de construction de Québec.

Loyaliste convaincu, Grant participe à Québec, peu après l’épisode du Trent en 1861 [V. sir Charles Hastings Doyle*], à la création d’une compagnie de miliciens d’artillerie. Nommé officier, il franchit tous les échelons hiérarchiques avant de se retirer, en 1873. On lui reconnaît alors le grade de lieutenant-colonel en titre. Grant n’a jamais fait de politique active, mais il a été pressenti à plusieurs reprises pour être candidat, notamment aux élections municipales de Québec en 1870 ainsi qu’aux élections provinciales de 1867 et de 1874 dans la circonscription de Mégantic.

Partisan de la Confédération canadienne, Grant affirme sa foi dans le protectionnisme à l’occasion d’une conférence prononcée devant la Société littéraire et historique de Québec en 1867 et qui sera publiée par la suite. Admiré de plusieurs, il compte également des détracteurs, parmi lesquels l’éphémère journal sarcastique Arrow, qui en fit l’une de ses victimes favorites. Le journal dénonçait en particulier son mariage « d’intérêt » avec la fille d’un riche manufacturier.

Thomas Hunter Grant quitte le Canada vers 1879 pour aller vivre en Angleterre. Il ne laisse pas derrière lui le souvenir d’un homme d’affaires prospère, mais plutôt celui d’un citoyen qui a marqué l’économie de la ville de Québec en redoublant d’efforts pour la maintenir dans la course à une époque où elle était en perte de vitesse.

Jean-François Caron

Thomas Hunter Grant a publié une brochure intitulée The future commercial policy of British North America [...] (Québec, 1867).

ANQ-Q, CE1-66, 22 sept. 1833 ; CE1-79, 7 août 1864 ; CN1-43, 29 janv., 8 sept. 1864, 28 janv. 1868, 1er nov. 1870 ; CN1-294, 26 févr. 1855, 4 avril 1862, 1er avril 1865 ; P1000, D892 ; T11–1/28, nos 534 (1858), 1567 (1874).— Arrow (Québec), 6 avril–31 déc. 1864.— Daily Telegraph (Québec), 6 juin 1917.— Morning Chronicle (Québec), 1860–1900.— Quebec Daily Mercury, 1865.— Times (Londres), 5 juin 1917.— Annuaire, Québec, 1855–1880.— Canada Gazette, 1867, 1870–1871, 1873–1874.— Canada Gazette (Canada, prov. du), 1862, 1865.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Chambre de commerce de la Puissance, Abstract of proceedings at the meeting of representatives held in Montreal to organize a dominion board of trade, 5th and 6th October 1870 ([Montréal ?], 1870).— Gazette officielle de Québec, 1875.

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Jean-François Caron, « GRANT, THOMAS HUNTER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/grant_thomas_hunter_14F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-François Caron
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    1 décembre 2024