GOURLIE, JESSIE WINNIFRED (Hogg), maîtresse de maison, auteure et imprésario, née le 18 avril 1861 à Summerside, Île-du-Prince-Édouard, fille de James Gourlie et de Helen Emma, dont le nom de famille était probablement Layton ; le 19 février 1879, elle épousa à cet endroit Robert Hogg, et ils eurent cinq fils et trois filles ; elle se maria peut-être une seconde fois ; décédée le 24 février 1915 à Sherbrooke, Québec.

Jessie Winnifred Gourlie était la fille d’un membre de l’élite de Summerside : non seulement son père fut-il l’un des premiers marchands de cet endroit, mais il fut aussi fabricant de chaux, directeur de la Dominion Savings Bank et premier greffier de sa localité. Avant l’âge de dix ans, Jessie Winnifred perdit plusieurs de ses frères et sœurs ainsi que sa mère. Ces décès furent les seuls événements qui marquèrent une enfance passée à acquérir le savoir-faire et la culture d’une dame de l’époque victorienne.

En épousant Robert Hogg, appréciateur des douanes au port de Charlottetown, Jessie Winnifred resta dans un milieu aisé mais s’installa dans la capitale provinciale. Sur les huit enfants qu’elle mit au monde à intervalles rapprochés, seuls trois garçons survécurent. Avant tout maîtresse de maison et mère de famille, elle se démarquait pourtant par son souci du bien-être des autochtones habitant dans le voisinage du chalet des Hogg à Rocky Point, près de Charlottetown.

Parallèlement à ses activités domestiques, Mme Hogg s’occupait d’enfants sans foyer et composait des œuvres de fiction. Une de ses premières histoires, « Belle Marie », inspirée d’un conte micmac, parut dans le numéro de juillet 1899 du Prince Edward Island Magazine. En 1901, elle lança le Christmas Chimes, périodique annuel dont elle était rédactrice en chef et pour lequel elle rédigeait des articles. En faisant valoir à quel point l’Île-du-Prince-Édouard était un lieu de villégiature attrayant, elle attira l’attention de l’association touristique de la province, qui publia le numéro de 1905 du Christmas Chimes et s’en servit pour faire de la réclame.

Apparemment, le magazine de Mme Hogg ne parut pas après 1908, mais à ce moment-là, elle dirigeait déjà une entreprise commerciale plus ambitieuse : une salle de concert et de cinéma appelée Wonderland et située au marché de Charlottetown. D’après les programmes et le prix des places, cet établissement était destiné à un vaste public ; avant 1910, il prit d’ailleurs le nom de People’s Theatre. La maladie et la mort de son mari en 1910 obligèrent Mme Hogg à céder l’administration du théâtre à son fils William Gregory Hogg. Toutefois, la tradition familiale rapporte que, peu après, elle se remaria et acheta un deuxième théâtre avec son fils à Smiths Falls, en Ontario. Il semble qu’elle-même et son mari se soient installés dans cette localité pour exploiter l’entreprise, mais celle-ci et le mariage échouèrent, semble-t-il, et Mme Hogg retourna vivre chez William Gregory à Charlottetown. Par la suite, elle habita chez son fils aîné, Robert Wendell Hogg, à Sherbrooke, où vivait aussi son troisième fils, George Russel. Elle mourut dans cette ville, mais fut inhumée à Charlottetown.

Jessie Winnifred Gourlie Hogg se distinguait de la plupart des femmes de sa province et de son époque par son originalité et sa confiance en soi. Cependant, elle paraît avoir été guidée davantage par des aspirations personnelles que par des principes, ce qui en ferait plus une individualiste qu’une féministe. La fierté et l’esprit d’initiative dont elle fit montre lorsqu’il s’agissait de sa province reflétaient davantage la société de son temps puisque, dans les années 1900, Charlottetown connaissait une période d’optimisme prudent. En mettant en valeur les attraits touristiques de sa province natale et en se lançant dans l’industrie du spectacle, Jessie Winnifred Hogg fut même un précurseur : elle s’intéressa à deux secteurs qui allaient contribuer de façon constante à l’économie de l’Île-du-Prince-Édouard au xxe siècle.

Peter E. Rider

La source de documentation la plus utile sur la vie de Jessie Hogg est un article écrit par Lucille Elizabeth [Turnbull] Hogg en 1978. Cet article est conservé sous forme de texte dactylographié au PARO (P.E.I. Geneal. Soc. coll., reference files), et a aussi paru sous le titre « Jessie Winnifred Gourlie Hogg, 1861–1915 », dans l’Abegweit Rev. (Charlottetown), 3 (1980), n1 : 8–18. Parmi les écrits de Jessie Hogg, le plus accessible est son article intitulé « Belle Marie » paru dans le Prince Edward Island Magazine (Charlottetown), 1 (1899–1900) : 182–187. Il est plus difficile de trouver des exemplaires de Christmas Chimes (Charlottetown), 1 (1901)–8 (1908), mais une série incomplète est conservée dans la P.E.I. Coll. à la Univ. of P.E.I. Library (Charlottetown) ; cette série comprend les volumes 2 (1902) et 4 (1904)–8. De plus, un opuscule intitulé The relief of Ladysmith : how it was celebrated in Charlottetown (Charlottetown, 1900), rédigé sous le nom de plume de Jessie Hogg, « Philo », est conservé au PARO, Acc. 2334/24. Autrement, les détails de son existence doivent être rassemblés à partir de documents conservés dans la P.E.I. Geneal. Soc. coll. au PARO. On y trouve notamment les documents suivants : des transcriptions de l’épitaphe de Robert Hogg et de Jessie Gourlie provenant de la cathédrale anglicane St Peter (Charlottetown), et un autre d’Helen Gourlie provenant de l’église anglicane St John (St Eleanor’s, Î.-P.-É.) ; des références à Robert, à Jessie et à certains de leurs enfants dans l’index des noms principal ; un sommaire généalogique de la famille Hogg compilé par Lucille Hogg. On ne trouve aucune référence indiquant que Jessie Hogg se serait mariée une deuxième fois dans les dossiers de dispenses de bans de mariage ou dans les archives de la cathédrale St Peter, ni à l’église St Paul à Charlottetown, ni à la basilique catholique St Dunstan, à Charlottetown, ni à la cathédrale anglicane St Mary, à Summerside, ni à l’église St John, à St Eleanor’s.

Les journaux de l’époque sont utiles pour faire le tri de l’information sur la mort de Jessie Hogg. Des avis de décès et des notices nécrologiques figurent dans le Charlottetown Guardian, 25 févr., 1er, 2 mars 1915, et dans le Sherbrooke Daily Record (Sherbrooke, Québec.), 25 févr. 1915. On ne trouve rien dans le Rideau Record, de Smiths Falls, Ontario, sur les activités de Jessie Hogg dans cette collectivité.  [p. e. r.]

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Peter E. Rider, « GOURLIE, JESSIE WINNIFRED (Hogg) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gourlie_jessie_winnifred_14F.html.

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Auteur de l'article:    Peter E. Rider
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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