GORDON, WILHELMINA (Minnie) (Smith), laïque engagée et réformatrice sociale, née le 5 février 1849 à Pictou, Nouvelle-Écosse, fille de William Gordon et d’Amelia Miner ; le 29 octobre 1879, elle épousa dans cette ville George Frederick Smith, et ils eurent trois filles ; décédée le 16 juillet 1925 à St Andrews, Nouveau-Brunswick.
Fille d’un marchand de Pictou, Wilhelmina Gordon grandit dans un foyer que son frère Daniel Miner Gordon a qualifié de « très, très heureux ». Sous l’influence de sa mère, qui s’occupait de l’instruction religieuse des enfants, elle devint, selon son frère, une « chrétienne fervente et militante ». À la suite de son mariage avec un courtier maritime du Nouveau-Brunswick en 1879, elle s’établit à Saint-Jean, où, d’abord considérée comme une étrangère, elle gagna peu à peu « la confiance de la collectivité ». Bien qu’elle ait été élevée dans la foi presbytérienne, elle fréquentait avec son mari l’église anglicane St John (Stone). Cette congrégation avait une longue tradition évangélique et, au fil des ans, compta parmi ses membres plusieurs réformateurs sociaux. Wilhelmina Gordon Smith enseigna à l’école du dimanche de l’église St John et appartint à des comités de la Ladies’ Society of Church Workers, qui l’élut à l’unanimité présidente en 1891. En outre, elle fit partie du comité directeur de l’association féminine du Church of England Institute. Quant à son mari, George Frederick, il fut membre du conseil paroissial de St John durant 15 ans.
Après la mort de son mari, survenue le 6 mars 1894, Mme Smith continua d’élever leurs trois filles. Le fait qu’elle hérita de tous les biens de George Frederick – des propriétés immobilières d’une valeur de 9 400 $ et une fortune personnelle de 71 600 $ – allégeait cette responsabilité et lui assurait une certaine indépendance. À mesure que ses enfants grandissaient, le bénévolat l’occupa de plus en plus. Elle consacra du temps et de l’énergie à de multiples causes et œuvra dans un certain nombre d’organisations, tant sur le plan local que national.
Membre fondatrice de la section du Victorian Order of Nurses formée à Saint-Jean en 1899, Wilhelmina Gordon Smith en fut la première vice-présidente et exerça cette fonction jusqu’à sa mort. Dotée d’un esprit pénétrant, cette femme de décision présida des comités, organisa diverses manifestations et, au début des années 1920, surveilla l’établissement d’une école d’infirmières dont l’existence fut brève. De 1905 à 1911, elle représenta le Victorian Order of Nurses au Local Council of Women.
Mme Smith ne délaissait pas l’Église pour autant. En 1903, lorsque le diocèse de Fredericton fonda un chapitre de la Woman’s Auxiliary auprès de la Société des missions de l’Église anglicane en Canada [V. Roberta Elizabeth Odell], elle devint la première vice-présidente du conseil. Elle occupa ce poste jusqu’en 1919 ; puis, élue présidente cette année-là, elle le demeura jusqu’en 1925. Dans l’une et l’autre fonctions, elle montra, selon une histoire écrite ultérieurement, « un jugement éclairé sur la collaboration des femmes ». En outre, de 1911 à 1925, elle représenta les provinces Maritimes au conseil fédéral à titre de vice-présidente. Membre à vie des deux organismes, elle léguerait 500 $ au conseil diocésain.
En février 1918, Wilhelmina Gordon Smith fit partie d’un groupe féminin trié sur le volet qui, sur l’invitation du comité de guerre du cabinet fédéral, participa à Ottawa à une conférence nationale de femmes. Cette rencontre, dont le but était de définir comment les Canadiennes, au pays, pouvaient participer à l’effort de guerre, s’acheva par l’adoption de la résolution suivante : « le meilleur moyen de servir l’État en ce moment est de mener une vie simple et de consacrer nos énergies à augmenter la production et à pratiquer en tout l’épargne ». À son retour, Mme Smith encouragea le Victorian Order of Nurses à ne plus servir de rafraîchissements au cours de ses réunions, ce dont la félicita la presse locale.
Wilhelmina Gordon Smith mourut dans sa maison d’été de St Andrews en 1925, d’un cancer de l’utérus, et fut inhumée au cimetière Fernhill de Saint-Jean. Pour honorer sa mémoire, ses filles donnèrent un prie-Dieu et des grilles de chœur à l’église St John. À l’occasion d’une cérémonie d’inauguration tenue le 6 septembre 1925, le rector de l’église, Archibald Lang Fleming*, évoqua l’« esprit vif », la « remarquable compassion » et l’« étonnante capacité de travail » de Wilhelmina Gordon Smith. Sa nièce Wilhelmina Gordon nota qu’elle et son frère Daniel Miner, ministre presbytérien, avaient beaucoup de points communs, principalement « leur vie religieuse sincère et sereine et leur dévotion discrète au Seigneur ».
AN, RG 31, C1, 1901, Saint-Jean, Kings Ward : 18, dwelling 123.— APNB, RS71/1894, G. F. Smith.— Fernhill Cemetery Company (Saint-Jean), Burial records, order for interment, Wilhelmina Smith.— Pictou-Antigonish Regional Library (New Glasgow, N.-É.), « Alexander Gordon, tacksman of Dalcharn, 1732–1810 ». — Queen’s Univ. Arch. (Kingston, Ontario), D. M. Gordon fonds, reminiscences, 1 ; box 9, diary, 1925.— Victorian Order of Nurses (Saint-Jean), Arch., Minutes, 1919–1925.— Daily Telegraph (Saint-Jean), 30 oct. 1879.— Ottawa Citizen, 5 mars 1918.— Saint John Globe, 5 mars 1918, 17 juill. 1925.— Annuaires, N.-B., 1889/1890 ; Saint-Jean, 1891/1892.— Mme Willoughby Cummings [E. A. McC. Shortt], Our story : some pages from the history of the Woman’s Auxiliary to the Missionary Society of the Church of England in Canada, 1885 to 1929 (Toronto, [1929 ?]).— A. L. Fleming, A book of remembrance ; or, the history of St. John’s Church, Saint John, New Brunswick (Saint-Jean, 1925).— Wilhelmina Gordon, Daniel M. Gordon : his life (Toronto et Halifax, 1941).— A. G. McIntyre, Our first fifty years, 1903–1953 ; Woman’s Auxiliary of the Church of England in Canada, Fredericton diocesan board ([Fredericton ?, 1953 ?]).— J. P. MacPhie, Pictonians at home and abroad : sketches of professional men and women of Pictou County ; its history and institutions (Boston, 1914).— National Council of Women of Canada, Year book (Toronto), 1905–1912.— St John’s Church, Parish Notes (Saint-Jean), 1889, 1891–1892 ; publié ensuite sous le titre St. John’s Church Record and Parish Notes, 1892–1893.— J. V. Young, Brief history of the Victorian Order of Nurses, Saint John, N.B., 1899–1963 (Saint-Jean, 1963).
Peter J. Mitham, « GORDON, WILHELMINA (Minnie) (Smith) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gordon_wilhelmina_15F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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