GOOD, JAMES, ferronnier, fabricant de locomotives et homme politique, né probablement entre les années 1814 et 1818 en Irlande ; en 1839, il épousa Eleanor Bull, et ils eurent au moins six filles et un fils ; décédé le 12 septembre 1889 à Toronto.
James Good quitta Dublin pour aller s’établir à York (Toronto) en 1832. Il se peut qu’il ait trouvé dès son arrivée un emploi dans la firme d’Amos Norton ou celle de Reason Williams, deux ferronniers de la ville. En 1840, grâce au soutien financier de son beau-père, Bartholomew (Bartley) Bull, méthodiste et orangiste d’origine irlandaise qui possédait des propriétés immobilières, Good put se porter acquéreur de l’Union Furnace Company. La compagnie se fera connaître sous diverses appellations dont la Toronto Engine Works, la Toronto Locomotive Works et la James Good and Company.
Peu après un incendie qui rasa les bâtiments de la firme en 1841 et réduisit 50 employés au chômage, Good s’associa à James Rogers Armstrong*, mais leur association fut éphémère ; le bruit courut par la suite que Good aurait « roulé » son associé. En 1845, la R. G. Dun and Company de New York (maison déterminant la cote de crédit des compagnies) estima la fortune de Good à $5 000 ou $6 000 et jugea que l’on pouvait accorder en toute sécurité un crédit modéré à sa firme, même si Good était lent à faire honneur à ses engagements. Sept ans plus tard, on estimait la fortune de Good à $50 000, et lui-même était considéré comme « tout à fait digne de confiance » en matière de crédit.
À titre de propriétaire d’une grande fonderie, Good fit des soumissions pour la fabrication de plusieurs locomotives au début du premier grand boom de la construction de chemins de fer au Canada. Entre 1853 et 1855, il en fabriqua neuf, au prix moyen de $5 000, pour l’Ontario, Simcoe and Huron Railroad Union Company, première compagnie de transport de voyageurs du Haut-Canada. Il en fabriqua au moins cinq autres pour d’autres compagnies canadiennes de chemin de fer.
Construite selon la tradition américaine, la locomotive Toronto sortit de l’usine de Good en avril 1853 ; elle était la première à être fabriquée au Haut-Canada et peut-être même dans une colonie britannique. Elle pesait 25 tonnes et ses cylindres avaient une largeur de 16 pouces et un mouvement de piston de 22 pouces. Sur les chemins de fer canadiens, construits par des ingénieurs britanniques, on avait utilisé à l’origine des locomotives fabriquées en Angleterre. On constata toutefois qu’elles étaient beaucoup trop légères et peu adaptées aux dures conditions d’exploitation de l’Amérique du Nord. Aussi, une locomotive robuste, passablement grossière selon les normes britanniques, mais beaucoup plus appropriée fit son apparition ; le modèle évolua aux États-Unis durant les décennies 1840 et 1850 et fut connu sous le nom de locomotive « américaine ». Toutes les locomotives de Good respectaient l’écartement normal des chemins de fer canadiens de cinq pieds six pouces. La plupart, sinon toutes ses machines furent mises au rancart lorsque les divers chemins de fer adoptèrent l’écartement standard nord-américain de quatre pieds huit pouces et demi à la fin des années 1870 et au cours de la décennie suivante
Good vendit son entreprise au début de 1856. Il revint à la fabrication de locomotives environ quatre ans plus tard, après que se fut atténuée la crise financière commencée en 1857. Bien qu’il eût contracté des dettes précédemment, Good régla la question de la propriété de ses biens et de sa machinerie de telle façon qu’il put éviter des poursuites. La firme montréalaise Frothingham and Workman [V. Thomas Workman] ;accepta en 1860 une hypothèque sur biens meubles d’une valeur de $1 200 ; mais il semblerait qu’au cours des 30 années qui suivirent Good n’ait bénéficié d’« aucun crédit local ». Il demeura néanmoins dans les affaires jusqu’à sa mort. En 1867, il employait 45 personnes, et son entreprise comprenait alors des ateliers de construction mécanique, de moulage, de forge et de dessin, ainsi qu’un atelier de montage de poêles, un entrepôt et un bureau de comptabilité. On y fabriquait de la machinerie pour les minoteries et les scieries, des poêles, des articles de cuisine, des articles en étain, en cuivre, en fer, et des chaudières à potasse. En 1875, un deuxième incendie rasa de nouveau les bâtiments de l’entreprise qui survécut pourtant au sinistre.
Good était un artisan aux ressources indéniables, mais ses talents d’administrateur furent mis en doute par ses contemporains. On rapporte dans une inscription au journal de la firme R. G. Dun and Company, datée du 23 mai 1855, que Good s’était « lancé dans une [entreprise] beaucoup trop vaste pour ses capacités de gestion ». Le journal ajoutait qu’un grand nombre de saisies-arrêts contre lui se trouvaient alors dans les mains du shérif. Good était cependant populaire à Toronto et il fut élu conseiller du quartier St James en 1854. L’année suivante, il y remporta l’élection au poste d’échevin. Il prit aussi une part active à la vie de la communauté méthodiste jusqu’en 1879, année où il dut accepter d’y jouer un rôle moindre en raison de son ouïe défaillante. Il mourut subitement chez lui le 12 septembre 1889, au moment où il se préparait à se rendre au travail.
La participation de Good à la fabrication de locomotives suivit le cheminement nord-américain typique. Des premières années de la construction des chemins de fer jusqu’aux années 1860, de modestes fonderies et ateliers de construction mécanique disséminés sur tout le continent se lancèrent dans la fabrication d’un nombre limité de locomotives. La technologie était simple et l’outillage requis, relativement peu coûteux. Lorsque la demande de locomotives augmenta, les petits ateliers se révélèrent incapables d’y répondre. Certaines entreprises ne disposaient pas d’assez de capitaux pour prendre de l’expansion ; d’autres décidèrent de continuer à fabriquer les mêmes produits. Il semble que l’entreprise de Good ait appartenu à cette dernière catégorie.
Je voudrais exprimer ma reconnaissance à Chris Andreae pour son aide lors de la préparation de cette biographie.
APC, RG 30, 1 597 : 225 ; 2 028 : 98, 385.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 26 : 16, 54 ; 27 : 91.— Henry Scadding, Toronto of old, F. H. Armstrong, édit. (Toronto, 1966).— W. S. et H. C. Boulton, [Plan of Toronto] (Toronto, [1858]).— C. E. Goad, Atlas of the city of Toronto and suburbs from special survey and registered plans showing all buildings and lot numbers (Montréal, 1884).— Toronto directory, 1867.— F. R. Berchem, The Yonge Street story, 1793–1860 : an account from letters, diaries and newspapers (Toronto, 1977).— W. H. Pearson, Recollections and records of Toronto of old [...] (Toronto, 1914).— Robertson’s landmarks of Toronto.— J. H. White, American locomotives : an engineering history, 1830–1880 (Baltimore, Md., 1968), 449–458.— R. R. Brown, « British and foreign locomotives in Canada and Newfoundland », Railway and Locomotive Hist. Soc., Bull. (Boston), 43 (avril 1937) : 6–22.— John Loye, « Locomotives of the Grand Trunk Railway : recollections of the picturesque engines that served the great Canadian railway together with historic notes in passing », Railway and Locomotive Hist. Soc., Bull., 25 (mai 1931) : 12–31.— R. D. Smith, « The Northern Railway : its origins and construction, 1834–1855 », OH, 48 (1956) : 24–36.
George Graham Mainer, « GOOD, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/good_james_11F.html.
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Auteur de l'article: | George Graham Mainer |
Titre de l'article: | GOOD, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |