GONISH (Ganishe), PETER (Piel, Pier), capitaine micmac qui vécut au Nouveau-Brunswick ; circa 1841–1846.
C’est à la suite de la présentation par 14 Indiens d’un mémoire daté de septembre 1801 que le gouvernement du Nouveau-Brunswick créa la réserve indienne de Tabusintac. Parmi ceux qui y avaient apposé leur marque, six appartenaient à la famille Gonish. Celle-ci continua de se distinguer : en 1841, John et Étienne Gonish furent élus seconds ou petits chefs pour assister Noël Briot, grand chef des Indiens de la Miramichi ; Peter Gonish, pour sa part, était capitaine.
Peter Gonish fut l’un des autochtones que rencontra le capitaine Henry Dunn O’Halloran pendant sa tournée du Nouveau-Brunswick en 1841 [V. Joseph Malie]. Ce capitaine d’armée, de foi évangélique, inspira la « mission des trois chefs » dont la visite à Londres allait occasionner un si grand embarras au ministère des Colonies en 1842. En juillet 1843, le gouvernement du Nouveau-Brunswick apprit qu’un autre Micmac projetait de se rendre en Grande-Bretagne. Alarmé, Alfred Reade, secrétaire du lieutenant-gouverneur, donna des directives pour que le commissaire aux Affaires indiennes, Moses Henry Perley*, « lui souligne fermement l’inconvenance extrême » de ce voyage et, dans le cas où l’Indien déciderait d’y aller quand même, Reade le menaçait de dire à la métropole qu’il avait laissé sa femme et ses enfants dans le dénuement. Par surcroît, Reade répéta à Perley quelques-unes des remarques acerbes que le précédent voyage avait inspirées au secrétaire d’État aux Colonies.
Gonish décida tout de même de se rendre en Grande-Bretagne, accompagné d’un autre Micmac, Joseph Dominic. Leur but était d’obtenir une assistance financière pour améliorer leurs fermes et acheter du bétail. Partis de New York, ils débarquèrent à Liverpool où, sans le sou, ils furent contraints de mettre leurs costumes en gage. Ils se rendirent ensuite à Dublin et traversèrent l’Irlande à pied pour rendre visite à O’Halloran. Ce dernier leur fit un bon accueil et les envoya à Londres, où ils reçurent de l’aide, entre autres, du célèbre artiste et ethnologue américain George Catlin qui s’occupa de dégager leurs costumes. On les dirigea ensuite vers l’Aborigines Protection Society, où un autre personnage de passage à Londres les reconnut : Reade lui-même, celui qui avait voulu les dissuader de partir. Les deux Indiens lui annoncèrent qu’ils souhaitaient, après être venus de si loin, se rendre à Paris afin qu’on les présente au roi de France ; ils voulaient, disaient-ils, demander son assistance et le soutien de leurs coreligionnaires catholiques français. Reade leur accorda « une aide immédiate », les dissuada d’aller en France et les tint à l’écart du ministère des Colonies.
Peter Gonish et Dominic revinrent au Nouveau-Brunswick vraisemblablement vers la fin de 1844. On entendit parler de Gonish pour la dernière fois en 1846, lorsqu’il présenta une demande de secours au nom de sa bande. La perte de la récolte de pommes de terre avait plongé les Indiens dans une misère extrême, mais le missionnaire Michael P. Egan, acerbe, fit remarquer que Gonish n’avait pas été mandaté par les siens et ajouta : « il n’a en vue que son intérêt ».
APNB, RG 1, RS345, A2 : 118–119 ; RG 2, RS7, 40, M. H. Perley à W. F. Odell, 2 oct. 1843 ; RS8, Indians, 1/4, M. P. Egan à J. B. Toldevray, 2 mars 1846.— UNBL, MG H54, memorial, 26 sept. 1801.— Aborigines’ Protection Soc., Proc. (Londres), 1844 : 2–3.— Source materials relating to N.B. Indian (Hamilton et Spray).— Upton, Micmacs and colonists.
L. F. S. Upton, « GONISH (Ganishe), PETER (Piel, Pier) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gonish_peter_7F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
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