GLASIER (Glasior, Glazier), BEAMSLEY (Bemsley, Bensley) PERKINS, officier, agent des terres et fonctionnaire, baptisé le 4 juillet 1714 à Ipswich, Massachusetts, fils de Stephen Glasier et de Sarah Eveleth ; il épousa à Newbury, Massachusetts, le 17 avril 1739, Mme Ann Stevens, et de ce mariage naquirent un garçon et une fille ; décédé en août 1784 à bord du Nancy qui avait quitté Halifax à destination de l’Angleterre.

Le nom de Beamsley Perkins Glasier figure dans un registre militaire pour la première fois en 1745, alors qu’il était enseigne dans le 5e régiment du Massachusetts qui participa à l’expédition de William Pepperell* contre Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Durant le siège, 40 hommes signèrent un document dans lequel ils déclaraient « aller volontairement à l’attaque de la batterie de l’Îlot [...] pourvu que Beamsley Glaizer soit [leur] capitaine lors de la dite attaque ». Au mois d’août qui suivit la capitulation de Louisbourg, Glasier obtint une commission de capitaine. Dix ans plus tard, il servit de nouveau dans les troupes du Massachusetts, cette fois en qualité de major dans le régiment de Jonathan Bagly. En septembre 1755, William Johnson le nomma adjudant général des troupes provinciales au lac George (lac Saint-Sacrement, New York), affirmant qu’il était « un homme fort actif et serviable ». Tout le monde n’était pas de cet avis, car environ 45 officiers du Massachusetts, un mois plus tard, demandèrent que Glasier et William Eyre* fussent relevés de leurs commandements ; ils qualifiaient Glasier de « murd[erer ?] » et lançaient l’avertissement que si les deux hommes n’étaient pas destitués « le camp serait un endroit très désagréable pour eux ». Les officiers commandants refusèrent de donner suite à cette requête. Peu après, Glasier fut promu lieutenant-colonel dans le régiment de New York. En juillet 1756, devenu colonel, il prit part à une réunion des officiers supérieurs des troupes coloniales qui fut tenue au fort Edward (aussi appelé fort Lydius ; aujourd’hui Fort Edward, New York) et au cours de laquelle furent mis en évidence les facteurs qui entravaient la collaboration entre les troupes coloniales et les troupes régulières [V. John Winslow].

En mars 1757, tout en conservant son grade de colonel dans le régiment de New York, Glasier reçut une commission de lieutenant dans le 60e d’infanterie (Royal Americans), unité qui avait été formée spécialement pour combattre en Amérique du Nord et dont un grand nombre des officiers étaient des Américains, des Allemands et des Suisses. En avril, Glasier se vit confier la responsabilité du fort Herkimer (Herkimer, New York). Il servit probablement dans l’Ouest pendant les campagnes de 1758, 1759 et 1760 ; on rapporte, toutefois, qu’il se rendit à Québec pour effectuer un échange de prisonniers. À cette occasion, il aurait rencontré son proche parent, le capitaine Benjamin Glasier, qui avait été capturé par les Indiens au fort William Henry (aussi appelé fort George, actuellement Lake George, New York). En 1760, Glasier fut promu capitaine.

Glasier fut l’un des principaux fondateurs de l’avant-poste du Massachusetts dans la région sud de la rivière Saint-Jean qui allait devenir petit à petit le cœur de la future colonie du Nouveau-Brunswick. Il fit partie d’un groupe d’officiers, appartenant pour la plupart au 44e et au 60e régiment, qui décidèrent à Montréal en 1764 de s’engager dans une entreprise de colonisation des terres de la Nouvelle-Écosse. Une association, appelée par la suite la Saint John River Society et, parfois, la Canada Company, fut constituée sous la direction du capitaine Thomas Falconer. Plus tard, des gens de Halifax, de Boston, de New York, de Philadelphie et d’Irlande se joignirent à cette association, laquelle compta dans ses rangs des officiers comme Thomas Gage et Ralph Burton*, qui donnèrent leur nom à des cantons, et des dirigeants coloniaux de marque tels Thomas Hutchinson, gouverneur du Massachusetts, et Philip John Livingston, de New York.

Nommé agent de l’association, Glasier quitta Québec en août 1764 pour aller choisir en Nouvelle-Écosse des terres se prêtant à la colonisation. Il arriva à Halifax à la fin d’octobre et, s’étant rendu au fort Frederick (Saint-Jean, Nouveau-Brunswick), de l’autre côté de la baie de Fundy, il fit une étude préliminaire du secteur sud de la Saint-Jean. Cette région lui plut : « Cela ressemble à un parc aussi loin que vous puissiez promener votre regard », rapporta-t-il à ses associés. Il revint à Halifax et, en décembre, il obtint du Conseil de la Nouvelle-Écosse la promesse que les terres seraient réservées jusqu’au mois de juin suivant. Au printemps de 1765, Glasier retourna à la rivière Saint-Jean, accompagné cette fois de Charles Morris*, fils, afin de mener une étude plus approfondie des lieux. Il s’y trouvait encore en avril lorsque la région fut constituée en comté de comté de Sunbury), décision qui, dans une certaine mesure, fut prise sur sa recommandation. Peu après, Glasier et Falconer devinrent les premiers représentants de la circonscription, mais Glasier ne fut jamais présent à Halifax durant les sessions de l’Assemblée ; ils n’occupèrent ni l’un ni l’autre leur siège.

Un grand nombre de gens se disputaient les terres de la Nouvelle-Écosse ; pour obtenir l’appui du conseil, Glasier avait fait entrer dans la compagnie, en décembre 1764, deux conseillers, Michæl Francklin et l’arpenteur général Charles Morris. Dans une lettre confidentielle qu’il envoyait à Glasier en juillet 1765, Francklin le pressa d’indiquer au plus tôt quelles terres il choisissait car le gouvernement, disait-il, était embarrassé d’avoir à « faire attendre par égard pour [lui] » les nombreuses personnes qui demandaient des terres. La création d’un établissement était en cours : la compagnie avait retenu les services de Richard Barlow, un ancien sergent du 44e régiment, qui devait exercer les fonctions de garde-magasin ; l’été venu, des outils, six bœufs et des provisions avaient été acheminés au fort Frederick à l’intention des futurs colons. En octobre, la compagnie reçut du gouvernement de la Nouvelle-Écosse une concession de cinq cantons, soit environ 400 000 acres de terrain, sur la rivière Saint-Jean.

Glasier passa les premiers mois de 1766 à New York où il organisa une réunion de la compagnie ; au cours de cette rencontre, on décida de constituer, sur l’emplacement d’un ancien établissement français, un canton qui serait appelé Gagetown, et de construire des moulins à Nashwaak Falls (Marysville). En juillet, Glasier s’embarqua à Newburyport, Massachusetts ; et il revint au fort Frederick en s’arrêtant à Portsmouth pour prendre avec lui cinq mécaniciens de moulins. Dans les mois qui suivirent, il s’occupa de « bâtir les moulins, arpenter [...] défricher les terres, construire des maisons, ouvrir des routes, louer des bœufs [...] et enfin tellement de choses, disait-il, [qu’il n’aurait] jamais la prétention de les écrire ». Toutefois, au printemps de 1767, il quitta la région de la Saint-Jean pour se rendre à New York et, en août, il rejoignit son régiment. La construction des moulins ne fut pas achevée, et même si les propriétaires amenèrent un certain nombre de colons sur les lieux au cours des années suivantes, les conditions de la concession à la compagnie ne furent pas respectées et la plupart des terres furent confisquées lorsque les Loyalistes arrivèrent en 1783. On peut constater, en lisant les lettres de Glasier, qu’il n’était pas dépourvu de talent en tant que promoteur, mais il fut incapable d’obtenir des propriétaires les sommes nécessaires au financement de ses activités et il est presque certain que cette parcimonie des propriétaires fut le principal motif qui le poussa à abandonner l’entreprise. Les Indiens de la rivière Saint-Jean, qui pillèrent les établissements quelques années plus tard et chassèrent les colons installés sur son propre terrain à l’embouchure de la rivière Nerepis, ne s’opposèrent pas sérieusement, semble-t-il, aux efforts accomplis par Glasier en vue de bâtir des moulins à quelques milles de leur principal village, à Aukpaque (près de Fredericton). D’ailleurs, la première fois qu’il s’était rendu dans la région de la Saint-Jean, les Indiens lui avaient semblé « bien contents de [leur] arrivée ».

Entre le 26 juillet 1768 et le 24 mai 1770, Glasier exerça les fonctions de commandant de la garnison à Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan). À cet endroit, en août 1768, il rencontra les chefs outaouais, parmi lesquels se trouvait Nissowaquet. Même s’il fut impressionné par leur attitude, il refusa de leur fournir la nourriture qu’ils réclamaient ; il déclara que les Indiens ne devaient pas « s’attendre à ce qu’il veuille les entretenir en temps de paix totale ». Glasier envoya un rapport sur la qualité et l’importance des gisements de cuivre de la région du lac Supérieur et, en juin 1769, il recommanda à Gage que le poste fût déplacé à l’île avoisinante de Mackinac. En 1772, il vivait dans le comté d’Albany, New York. Il fut promu major en 1775 et, pendant la Révolution américaine, il servit dans les Antilles et dans les colonies du Sud en qualité de commandant du 4e bataillon de son régiment. Il occupa le poste de commandant à St Augustine (Floride) en 1778 et il participa au siège de Savannah, Géorgie, l’année suivante. De février 1780 à octobre 1782, il fut de nouveau commandant à St Augustine. Son bataillon se rendit ensuite à New York puis à Halifax et fut licencié dans cette ville en octobre 1783.

La plupart des terres obtenues par la Saint John River Society furent confisquées en 1783, mais Glasier, parce qu’il avait perdu des biens en Floride et en reconnaissance des efforts qu’il avait faits pour promouvoir la colonisation, fut autorisé à garder sa concession et obtint de surcroît une terre adjacente de 1 000 acres. Peu de temps avant sa mort, il vendit ses biens fonciers au major John Coffin*.

D. Murray Young

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D. Murray Young, « GLASIER (Glasior, Glazier), BEAMSLEY (Bemsley, Bensley) PERKINS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/glasier_beamsley_perkins_4F.html.

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Auteur de l'article:    D. Murray Young
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    1 décembre 2024