GIROUX, ANDRÉ-RAPHAËL, sculpteur et architecte, né à Charlesbourg, près de Québec, le 21 avril 1815, fils de Michel Giroux, menuisier, et de Marie-Anne Pageot, décédé le 25 décembre 1869 à Saint-Casimir, Québec.
Le nom des Giroux est rattaché à l’architecture religieuse bien avant le début de la carrière d’André-Raphaël. En effet, une pléiade de Giroux, membres de la famille originellement établie à Beauport, sont actifs dans différents métiers de la construction à Québec, et particulièrement au faubourg Saint-Roch, au début du xixe siècle. D’après le testament de Thomas Baillairgé*, qui lui lègue ses cahiers de dessin, ses livres d’architecture et des outils, on peut supposer que Giroux fait son apprentissage auprès du maître et qu’il reçoit sa formation de sculpteur et d’architecte à travers les nombreux chantiers de Baillairgé. On retrouve le nom d’André-Raphaël Giroux, sculpteur, une première fois en 1838, lorsqu’il épouse Sélina Bédard à Québec. Celle-ci étant décédée peu après, il contracte une nouvelle union avec Adélaïde Michaud le 22 octobre 1844.
De 1847 à 1850, Giroux travaille à la chapelle de l’Hôtel-Dieu de Québec, où il sculpte les autels latéraux d’après des plans de Thomas Baillairgé. En 1853, son plan pour le nouveau maître-autel de l’église de Saint-Roch est choisi de préférence à ceux de Thomas Fournier et de Louis-Thomas Berlinguet. Il réalise cette œuvre l’année suivante, quittant l’Ancienne-Lorette, où il semble avoir vécu de 1850 à 1853, pour s’établir dans le quartier Saint-Roch, à Québec. Dès 1853, il est aussi impliqué dans le décor intérieur de l’église Notre-Dame-de-la-Victoire de Lévis. En 1854, il accepte l’entreprise de la décoration intérieure de la chapelle des sœurs de la Charité, d’après des plans de Charles Baillairgé*, neveu de Thomas ; ce travail lui vaudra des éloges dans les journaux de Québec, lors de l’inauguration de la chapelle. À l’occasion de la construction de l’aile de l’université Laval, au séminaire de Québec, en 1857, il collabore de nouveau avec Charles Baillairgé.
Parallèlement à cette carrière de sculpteur, Giroux s’affirme dès 1858 comme architecte. Il réalise d’après ses propres plans les ailes Saint-Joseph et Saint-Thomas au monastère des ursulines de Québec et trace les plans et devis d’une église à la mission de Percé en 1859. Il participe aussi aux plans de l’église Saint-Laurent, à l’île d’Orléans.
C’est à Cap-Santé en 1859 que débute la seconde partie de la carrière d’André-Raphaël Giroux, alors qu’il fait vraiment œuvre originale. S’associant avec un maître plâtrier, il y entreprend l’ensemble des travaux d’architecture intérieure de l’église (terminés en 1863) d’après ses plans. En 1861, il ouvre un second chantier d’importance à Saint-Pierre-les-Becquets (Les Becquets, Québec), où il assure le parachèvement de l’intérieur de l’église et la construction d’une sacristie (réalisés en 1866). Travaillant sans relâche, André-Raphaël Giroux accepte en 1862 un marché que lui propose la fabrique de Saint-Casimir pour le parachèvement de l’intérieur de l’église (complété en 1868). Menant de front ces trois chantiers importants sur les rives opposées du Saint-Laurent, Giroux, dont la réputation d’architecte semble désormais établie, est appelé en plus à intervenir comme expert lors de conflits entre marguilliers et entrepreneurs, notamment à Deschaillons en 1862.
La somme de travail grandissante n’assure cependant pas la prospérité à Giroux. En 1867, il est contraint, pour couvrir ses hypothèques, de résilier son contrat comme entrepreneur avec la fabrique de Saint-Casimir et de terminer cette entreprise en étant rémunéré comme simple journalier. Complètement ruiné, il entreprend malgré tout les travaux d’architecture intérieure de l’église de Gentilly en 1869, année de sa mort. Deux de ses fils, Alfred et Eugène, prendront la relève à cet endroit ; à eux viendra se joindre vers 1880 leur frère cadet, Joseph, tantôt architecte, tantôt entrepreneur, dont les fils, Albert et Laurent, seront, durant la première moitié du xxe siècle, les piliers de la dynastie des entrepreneurs Giroux de Saint-Casimir, réputés dans le domaine de l’architecture religieuse et conventuelle.
Dans ce que l’on a coutume d’appeler l’école de Thomas Baillairgé, la place occupée par André-Raphaël Giroux est importante. Il a participé à la majorité des travaux entrepris par le maître architecte vers la fin de sa carrière et les plans qu’il a conçus alors reprenaient ceux de Baillairgé. Plus intéressante cependant est la carrière personnelle du sculpteur-architecte Giroux, entreprise après la mort de Thomas Baillairgé. Dès le début, à Cap-Santé, André-Raphaël Giroux fait preuve d’un esprit créateur largement supérieur à celui des autres disciples de Thomas Baillairgé. Si, dans l’ensemble, il maintient en vie le répertoire des formes du style Louis XVI, il leur donne cependant une légèreté et une souplesse décorative inconnues auparavant. Les intérieurs de Giroux n’en demeurent pas moins très structurés, son métier de sculpteur l’aidant à mettre en évidence les éléments d’architecture plutôt qu’à les enfouir sous un décor abondant. Innovateur, il projette ses retables dans l’espace du chœur, en jouant avec des formes arrondies pour lier les ensembles. De plus, son art est caractérisé par un allongement des formes. Ainsi, plus que les Baillairgé, André-Raphaël Giroux annonce le caractère monumental de l’architecture de la seconde moitié du xixe siècle. Précédant de peu la génération des architectes qui ouvriront le Québec à l’architecture éclectique du xixe siècle européen, André-Raphaël Giroux est le maillon important de la chaîne qui les unit à Thomas Baillairgé.
AJQ, Greffe de C.-A. Lemay, 30 avril 1862.— ANQ-Q, Greffe de Joseph Bernard, 23 nov. 1859, 27 mars 1863 ; Greffe d’Henri Bolduc, 2 mars 1852 ; Greffe de Charles Cinq-Mars, 6 mars 1854 ; Greffe de C.-M. Defoy, 13 mai 1841 ; Greffe de F.-L. Gauvreau, 17 mai 1848, 13 sept. 1853 ; Greffe de James Haney, 23 déc. 1869 ; Greffe de A.-Archange Parent, 4 mars 1818.— Archives des ursulines de Québec, Journal, 18, 30 oct. 1858, 21 sept., 6 nov. 1859 ; 17, 19 juin 1860, 6 mars 1861.— Archives du monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec, Livre des dépenses de la communauté, 9, pp.301–303, 321s., 406 ; 10, pp.3s. ; Livre des recettes et des dépenses de la communauté, 1825–1857, pp.364–379, 406, 425.— Archives judiciaires, Richelieu (Sorel), Greffe de Paul Payan, 2 nov. 1864, 9 sept. 1865.— Archives paroissiales, Saint-Casimir (Saint-Casimir, Québec), Livres de comptes et de délibérations, 1868 ; Saint-Jean-Baptiste (Deschaillons, Québec), Livres de comptes, III (1861–1915), dépenses 1867 ; Saint-Laurent (île d’Orléans, Québec), Livres de comptes, V (1863–1900) ; 7 avril 1860 ; Saint-Pierre (Les Becquets, Québec), Livres de comptes et de délibérations, 1861, 1866 ; Devis de la voûte par André Paquet ; Saint-Roch (Québec), Livres de comptes et de délibérations, 21 févr., 2 avril 1848, comptes de 1853.— ASQ, C44, p.472 ; Polygraphie, XIX : 59.— IBC, Centre de documentation, Fonds Morisset, Dossiers Giroux ; Charles Baillairgé ; Dossiers Cap-Santé ; Deschaillons ; Gentilly ; Lévis ; Notre-Dame-de-la-Victoire ; Québec ; Saint-Roch ; Saint-Pierre-les-Becquets ; Yamaska.— Le Courrier du Canada, 3 janv. 1870.— Le Journal de Québec, 4 mai 1854, 13 sept. 1856, 4 août 1859.— La Minerve, 21 août 1873.— Gérard Morisset, Le Cap-Santé, ses églises et son trésor (Québec, 1944) ; L’influence des Baillairgé, Technique (Montréal), XXVI (1951) : 307–314.
Luc Noppen, « GIROUX, ANDRÉ-RAPHAËL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/giroux_andre_raphael_9F.html.
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Auteur de l'article: | Luc Noppen |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |