GILKISON, DAVID, homme d’affaires, fonctionnaire et commis dans un collège, né vers 1803 à Sandwich (Windsor, Ontario), fils aîné de William Gilkison* et d’Isabella Grant ; le 10 juin 1835, il épousa Margaret Geddes, et ils eurent au moins sept enfants, dont trois atteignirent l’âge adulte ; décédé le 8 mai 1851 à Toronto.

David Gilkison naquit dans le Haut-Canada où son père, originaire d’Écosse, avait commandé un schooner et où il exploita, à partir de 1811, un commerce transitaire. David fit probablement la plus grande partie de ses études à Glasgow, après que son père eut emmené sa famille en Écosse en 1815 afin de parfaire l’éducation de ses fils. À son retour dans le Haut-Canada en 1827, David se lança en affaires et ouvrit le premier magasin général de la communauté naissante de Guelph fondée en avril de la même année par un ami intime et cousin de son père, John Galt*, qui était surintendant de la Canada Company.

Apparemment, Gilkison arriva au pays avec un certain capital et s’associa à William Leaden, officier militaire à la retraite, pour fonder la D. Gilkison and Company. Les deux associés bénéficièrent de la clientèle de la Canada Company qui se procurait chez eux et payait comptant les provisions destinées aux très nombreux employés engagés pour défricher l’emplacement de la ville embryonnaire et pour construire les installations de la compagnie, ainsi qu’à quelques immigrants dans le besoin. Gilkison et Leaden tirèrent aussi parti des possibilités qu’offrait l’énergie hydraulique de la rivière Speed, à Guelph. Tout d’abord, leur offre de louer et, finalement, d’acheter un moulin que devait construire la Canada Company fut rejetée par les membres du conseil d’administration de cette firme à Londres. Néanmoins, au mois d’août 1827, les deux associés acquirent pour moins de £10 un bon emplacement pour un moulin et y construisirent un barrage et une scierie. La demande de bois de charpente étant très forte à Guelph, véritable ville-champignon, la scierie fonctionnait jour et nuit. Toutefois, la croissance rapide de la ville dépendait de l’activité ininterrompue de la Canada Company, qui cessa brusquement au début de 1829 après le congédiement de Galt. Il s’ensuivit une sévère dépression qui provoqua la faillite d’un certain nombre d’entreprises, dont celle de Gilkison. Leaden semble avoir continué à exploiter le magasin de son associé, mais les créanciers finirent par se saisir du reste des avoirs de la firme.

Pendant les quelques années qui suivirent l’échec de son commerce à Guelph, Gilkison travailla dans le canton de West Flamborough en qualité de commis au magasin de James Crooks, un autre associé de son père. Le sort de David s’améliora lorsque William Gilkison décida de revenir d’Écosse en 1832. Celui-ci fut incapable de faire revivre la scierie de son fils, mais il acheta à l’automne de 1832 environ 14 000 acres dans le canton de Nichol et fonda la ville d’Elora à une dizaine de milles au nord-ouest de Guelph, là où se trouvait un magnifique endroit pour bâtir un moulin. La mort soudaine de William Gilkison en avril 1833 eut pour conséquence que David, en tant qu’aîné de la famille, prit la direction du projet d’établissement, même si son père avait envisagé de confier cette tâche à un de ses fils plus jeune, Jasper Tough. Les biens du père furent partagés également entre ses six fils survivants, mais il semble que David ait vendu des terres pour chacun d’eux.

Tout en veillant au développement de la localité, Gilkison la dota d’une infrastructure afin de rendre attrayants pour les futurs acheteurs de terres le village et les sols arables avoisinants. Selon toute apparence, Gilkison s’établit à Elora vers le mois de mai 1833. La maison où il vécut en premier lieu et dans laquelle se trouvait son magasin servit de centre communautaire pour des réunions de fidèles et des événements mondains. Il joua plus tard un rôle actif dans l’érection d’une église anglicane. Gilkison remplit aussi la fonction de commissaire de canton et, à ce titre, il surveilla la construction de certaines routes de la région. Enfin, il s’intéressa vivement au sort de ceux à qui il avait vendu des terres. George Elmslie, un des colons écossais qui avaient acheté des terrains dans le secteur nord du canton et qui fondèrent un établissment nommé Bon-accord, parla de la « bonté et [de la] prévenance » de Gilkison, ajoutant que « l’achat [de terrains effectué là] par son père ainsi que [le] rude labeur [de David] donnèrent indéniablement la première impulsion à la colonisation de cette région florissante du Haut-Canada ». Gilkison décida pourtant de quitter Elora, peut-être parce que la vente des terrains traînait en longueur, et, en 1837, il vendit à l’encan son équipement de ferme et quelques propriétés, laissant à son beau-père, Andrew Geddes, le soin de veiller sur ses biens fonciers. On mentionne qu’il était établi de nouveau à Elora en septembre 1838 ; peu après, il tenta, apparemment sans succès, d’exploiter un commerce à Queenston, dans le Haut-Canada, et à Genesee (Geneseo, New York). En raison de la santé délicate de sa femme, il était allé se fixer à Toronto où il habitait en octobre 1841 ; toutefois, en 1842, lui et ses frères possédaient encore dans le canton de Nichol plus de 3 000 acres de terre indéfrichée et 40 acres propres à la culture.

Quoique la situation financière de Gilkison ait dû être extrêmement précaire à l’époque où il vécut à Toronto, sa femme et lui, avec d’autres anglicans, fréquentèrent le monde des musiciens et des intellectuels. En 1845, Gilkison obtint le poste de deuxième commis à l’économat du King’s Collège de Toronto. Sa femme devint un professeur de chant bien connu et l’organiste de la cathédrale St James, mais elle était malheureusement affligée de maux chroniques. Sa santé vacillante était probablement reliée au fait qu’entre 1846 et 1849 les Gilkison perdirent quatre enfants en bas âge, dont des jumeaux.

La carrière de David Gilkison, marquée par des déplacements continuels, par le jeu capricieux des circonstances et par des incursions dans de nombreux domaines d’activité, semble avoir été caractéristique de la vie d’un entrepreneur à cette époque dans les régions éloignées. Bien qu’il ait pu tirer parti de ses relations avec des Écossais pour se lancer dans diverses entreprises, la vie commerciale dans le Haut-Canada était remplie d’incertitude, et les expériences que tenta Gilkison échouèrent plus souvent qu’elles ne réussirent.

Gilbert A. Stelter

AO, MS 497 ; MS 564, Corr., Thomas Smith à John Galt, 15 nov. 1828 ; RG 1, A-I-6 : 17525–17529 ; RG 21, Wellington County, Nichol Township assessment rolls, 1842 (mfm au Wellington County Museum, Wellington County Arch., Fergus, Ontario).— Arch. privées, Charles Corke (Guelph, Ontario), William Gilkison letters.— Brant County Museum (Brantford, Ontario), Gilkison papers, William Gilkison corr.— MTL, Canada Company papers.— St James’ Cemetery and Crematorium (Toronto), Record of burials, 12, 14 mai 1847, 18 janv. 1849, 10 mai 1851.— Univ. of Toronto Arch., A68–0010, I/A/3, 45 : 2.— UWOL, Regional Coll., Canada Company, records and papers ; William Gilkison papers, diary (transcription).— Wellington County Museum, Mary Grant, Nichol Township map, 1948 ; Map of Elora, 30 nov. 1832.— [L. W. V.] Smith, Young Mr Smith in Upper Canada, M. L. Smith, édit. (Toronto, 1980).— British Colonist (Toronto), 9 mai 1851.— Toronto directory, 1846–1847 : 27 ; 1850–1851 : lix.— C. A. Burrows, The annals of the town of Guelph, 1827–1877 (Guelph, 1877).— J. R. Connon, « Elora » (s.l., 1930) ; publié à nouveau sous le titre de The early history of Elora, Ontario, and vicinity, introd. de Gerald Noonan (Waterloo, Ontario, 1974).— A. D. Ferrier, Reminiscences of Canada and the early days of Fergus ; being three lectures delivered to the Farmers’ and Mechanics’ Institute, Fergus [...] (Guelph, 1866 ; réimpr., Fergus, 1923).— Johnson, Hist. of Guelph.— A. I. G. Gilkison, « Captain William Gilkison », OH, 8 (1907) : 147–148.

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Gilbert A. Stelter, « GILKISON, DAVID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gilkison_david_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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