GIGAULT, GEORGE (Georges)-AUGUSTE, notaire, homme politique et fonctionnaire, né le 23 novembre 1845 à Saint-Mathias, Bas-Canada, fils de Pierre Gigault, aubergiste, et de Marguerite Wait ; le 12 juillet 1870, il épousa à Saint-Mathieu (Belœil, Québec) Isabella Dillon (décédée le 14 décembre 1930), et ils eurent quatre filles et deux garçons, dont un seul survécut ; décédé le 25 avril 1915 à Sainte-Foy, Québec.

Après des études classiques au séminaire de Saint-Hyacinthe et une formation en droit à Montréal, George-Auguste Gigault est reçu notaire en octobre 1867. Il exerce à Saint-Césaire de 1867 à 1892, puis à Sainte-Foy, occasionnellement, de 1907 à 1914. En parallèle au notariat, qui ne l’occupe pas pleinement (il rédige entre 150 et 300 actes par an), il remplit les fonctions de maître de poste de 1870 à 1874. Aux élections fédérales de 1874, il se présente comme candidat conservateur dans sa circonscription de Rouville, au moment du scandale du Pacifique [V. sir Hugh Allan* ; sir John Alexander Macdonald*], et il subit une cuisante défaite au profit du libéral Guillaume Cheval. Déjà actif sur le plan local à titre de secrétaire-trésorier de la commission scolaire de Saint-Césaire (1867 à 1879), Gigault devient, en janvier 1875, maire du village de Saint-Césaire, poste qu’il occupe jusqu’à la fin de 1877. C’est durant son mandat que le village est doté de son premier système d’aqueduc. Aux élections fédérales de 1878, Gigault prend sa revanche sur le député libéral sortant et le défait par une très faible majorité de 35 voix. Il représentera Rouville jusqu’en 1891.

Par intérêt personnel, tout autant qu’à titre de représentant d’une circonscription rurale, Gigault s’attaque tout spécialement aux questions agricoles en Chambre. Il défend avec constance la Politique nationale, en insistant sur ses retombées dans le domaine agricole. En janvier 1884, il propose, et obtient, la formation d’un comité spécial « pour étudier les moyens les plus propres à encourager et à développer les industries agricoles du Canada ». Présidé et animé par Gigault lui-même, le comité de huit membres mène une vaste enquête auprès de 1 500 agriculteurs et spécialistes agricoles canadiens « sur les désavantages et les besoins éprouvés par les cultivateurs ». L’analyse détaillée des 385 réponses reçues révèle au comité que les agriculteurs connaissent peu les variétés de céréales et leurs méthodes de production les plus économiques et les plus efficaces, la valeur des engrais, les conditions de fabrication des produits laitiers, les moyens d’améliorer les races et les méthodes d’élevage et, enfin, la culture des fruits et ses problèmes. Le comité entend 14 autres spécialistes, dont il analyse également les positions et l’information. Il constate que le département fédéral de l’Agriculture se préoccupe essentiellement des brevets d’invention, des recensements et de l’immigration, et que, à l’exception du contrôle des maladies animales, il s’occupe peu de l’agriculture, à l’instar de son homologue américain [V. sir John Carling]. Le comité propose la création d’un bureau central d’agriculture et d’une ferme expérimentale où seraient faites des études et recherches agricoles dont les résultats seraient publiés dans des rapports et bulletins destinés aux sociétés et associations agricoles. Le rapport donne lieu à des études supplémentaires et amène, en 1886, la création du réseau des fermes expérimentales du dominion [V. William Saunders].

L’exécution de Louis Riel*, le 16 novembre 1885, vient bouleverser l’avenir politique de Gigault. Avec d’autres députés conservateurs francophones aux Communes, il a tenté d’empêcher cette exécution en faisant pression sur les ministres francophones sir Hector-Louis Langevin* et surtout Joseph-Adolphe Chapleau* pour qu’ils démissionnent. Devant leur refus et à la suite de l’exécution de Riel, Gigault s’associe au regroupement, dans un mouvement national, des conservateurs dissidents et des libéraux. Le 11 mars 1886, il appuie sans équivoque, dans le meilleur discours de sa carrière, la proposition du député conservateur Philippe Landry, qui blâme le gouvernement pour l’exécution de Riel. Au moment du vote, il confirme sa dissidence. Aux élections générales de 1887, Gigault se présente comme conservateur indépendant ; il est un des trois conservateurs récalcitrants auxquels le parti ne suscite pas d’opposants, dans l’espoir sans doute de les réintégrer à un moment donné. Réélu sans opposition, Gigault n’appuie pas pour autant un gouvernement conservateur reporté au pouvoir de justesse. Il n’intervient plus guère par la suite que quand D’Alton McCarthy* attaque les francophones et leurs institutions. De moins en moins actif en Chambre, Gigault est défait par 69 voix aux élections fédérales de 1891. Il se tourne alors vers la scène provinciale et tente en mars 1892 de déloger le député libéral Alfred Girard de la circonscription de Rouville. Défait par à peine 25 voix, il doit se préparer à réorienter sa carrière publique.

L’arrivée au pouvoir des conservateurs à Québec le favorise : le 11 avril 1892, il obtient le poste de sous-commissaire de l’Agriculture et de la Colonisation, vacant depuis la décès du curé François-Xavier-Antoine Labelle* le 4 janvier 1891. En dépit des réactions de l’opposition libérale devant cette nomination, il demeure que Gigault est bien préparé à remplir cette fonction, en raison de son expérience et de ses contacts dans le monde agricole. Ses qualités personnelles, notamment son dynamisme et sa probité, lui gagnent rapidement les milieux agricoles. Il joue un rôle déterminant dans l’expansion des cercles et coopératives agricoles, des écoles d’agriculture, du Journal d’agriculture illustré (Montréal) [V. Édouard-André Barnard*] et de l’industrie laitière (le beurre en particulier). Pour améliorer la qualité et la productivité de cette industrie, il se rend en Europe, au Danemark notamment, y chercher les techniques les plus récentes.

Après la scission du département de l’Agriculture et de la Colonisation en janvier 1897, Gigault se retrouve sous-commissaire dans le nouveau département de l’Agriculture, au sein duquel il terminera sa carrière sous différents gouvernements libéraux. À compter de 1909, il trouve en la personne du ministre de l’Agriculture, Joseph-Édouard Caron*, un allié dynamique. Ensemble, ils participent très activement au démarrage des coopératives agricoles et à leur regroupement, tout en faisant de grands efforts pour les soustraire à l’influence des Fermiers unis [V. Edwin Carswell]. Ils s’ingénient à promouvoir l’industrie laitière au Québec et à organiser la formation des producteurs et transformateurs. Ils vont ainsi contribuer de façon notable à l’essor de cette industrie et lui assurer la place prépondérante qu’elle occupe depuis.

Après avoir résidé quelque temps à Québec, dans un appartement de l’avenue des Érables, George-Auguste Gigault s’installe en 1897 dans une ferme sise à Sainte-Foy. Très actif dans le cercle agricole local, il agit également comme préfet du comté de Québec. Son fils Pierre-Horace assure le bon fonctionnement de l’exploitation agricole. À près de 70 ans, Gigault décède en fonction, le 25 avril 1915. Une cérémonie officielle à l’église Saint-Jean-Baptiste de Québec rassemble de nombreux représentants du monde politique et de la fonction publique provinciale, tout particulièrement des collègues qui partageaient ses intérêts pour les questions agricoles. Le service funèbre et l’inhumation ont lieu à Notre-Dame-de-Foy, à Sainte-Foy.

Marc Vallières

AC, Québec, Minutiers, J.-A. Charlebois, 2 août 1897 ; G.-A. Gigault, 1867–1914.— ANQ-M, CE1-49, 12 juill. 1870 ; CE2-22, 24 nov. 1845.— ANQ-Q, CE1-20, 28 avril 1915.— L’Événement, 26, 28 avril 1915.— La Patrie, 28 avril 1915.— La Presse, 26 avril 1915.— Le Soleil, 26, 28 avril 1915.— T. H. Anstey, Cent moissons : Direction générale de la recherche, Agriculture Canada, 1886–1986 (Ottawa, 1986).— Canada, Chambre des communes, Débats, 27 mars, 18 avril 1879, 16 mars 1880, 14 mars, 2 avril, 19, 21–22 mai 1883, 30 janv. 1884, 13 avril 1885, 7 mai 1886, 26 avril 1887, 20 mars 1888, 14 févr., 14 mars 1889, 13 févr. 1890 ; Journaux, 1884, app. 6.— Canadian directory of parl. (Johnson).— V. C. Fowke, Canadian agricultural policy : the historical pattern (Toronto, 1946 ; réimpr., 1978).— Jean Hêtu, Album souvenir, 1878–1978 ; centenaire de la faculté de droit de l’université de Montréal (Montréal, 1978).— Québec, ministère de l’Agriculture, Rapport, 1914–1915.— Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, 7 : 31.— Statistiques électorales fédérales du Québec, 1867–1980, Pierre Drouilly, compil. (Montréal, 1983).

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Marc Vallières, « GIGAULT, GEORGE (Georges)-AUGUSTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gigault_george_auguste_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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