GEOFFRION, LOUIS-ÉLIE, commis, épicier et homme d’affaires, né le 17 mai 1853 à Varennes, Bas-Canada, fils aîné d’Élie Geoffrion, cultivateur, et de Marguerite Beauchamp ; le 4 février 1880, il épousa à Terrebonne, Québec, Angélina Lajeunesse, et ils eurent quatre filles et deux garçons ; décédé le 17 août 1923 à Carleton, Québec.
On connaît peu de chose sur la jeunesse de Louis-Élie Geoffrion. Il fait ses études au collège industriel de Varennes, puis fréquenterait une high school à New Haven, au Connecticut. En 1869, il serait entré au service de l’épicier John Hutchinson, à Montréal. Il devient orphelin de père l’année suivante, à l’âge de 17 ans. En mai 1876, il entre au service de la maison L. Chaput, Fils et Compagnie, important épicier de Montréal [V. Charles Chaput]. D’abord engagé comme simple commis, il apprend son métier, prend du galon et, en février 1884, devient finalement associé dans l’entreprise qui s’est, avec les années, engagée dans le commerce de gros. Homme d’affaires habile et respecté, Geoffrion passera les 28 années suivantes à travailler à la prospérité de la firme. Le 31 mars 1898, un article de la Presse affirme que « ce qui a surtout contribué à donner de l’importance à cette maison, c’est quand on a retenu les services de L. E. Geoffrion et qu’on l’a ensuite pris en société. M. Geoffrion possède de magnifiques talents comme homme d’affaires ; c’est un excellent acheteur ; il est considéré au premier rang parmi les épiciers de la partie ouest. » On l’y présente aussi comme un gestionnaire économe, mais qui sait prendre des risques. Pour des raisons inconnues, Geoffrion met un terme à cette association en 1912.
Geoffrion n’en est cependant pas encore à l’heure de la retraite, car il continue ses activités dans le milieu des affaires montréalais. Deux ans plus tard, il dirige la Compagnie d’auvents des marchands Limitée. Durant la Première Guerre mondiale, l’annuaire de la ville le présente comme « financier ». En 1920, à l’âge de 67 ans, il fonde une maison de courtage, Geoffrion et Compagnie, avec son fils Henri. Selon la déclaration de société, les associés entendent « faire et transiger des opérations financières comme membres de la Bourse de commerce de Montréal, et aussi comme courtiers en stocks et obligations et banquiers de placements ». Henri, qui a épousé en 1919 Juliette Bienvenu, fille de Tancrède Bienvenu*, poursuivra les activités de l’entreprise jusqu’au début des années 1930 ; il s’associera notamment à Jacques Fichet (1923) et à Horace Pérodeau (1926). Au moment de son décès, Louis-Élie est encore le président de la Geoffrion et Compagnie ; il dirige aussi l’Agence canadienne de publicité Limitée.
Parallèlement à ses activités professionnelles, Geoffrion a été très actif au sein des associations de Montréal. En 1886, il devient membre du Bureau de commerce de Montréal (organisme bilingue où il agira à titre de conseiller au cours de l’année 1906). À la Chambre de commerce du district de Montréal, dont il fait partie à compter de 1890, il assume des tâches de plus en plus importantes : conseiller (1892–1895, 1897), vice-président (1898–1899) et président (1900–1901). Il se trouve à la tête de la délégation qui se rend au Congrès des chambres de commerce de l’Empire, à Londres, en 1900. De 1904 à 1906, il préside la Montreal Wholesale Grocers’ Association – qu’il a lui-même contribué à mettre sur pied –, puis, en 1907–1908, la Dominion Wholesale Grocers’ Guild. Geoffrion est aussi membre de la Commission du havre de Montréal pendant les années 1900. Il appartient à diverses autres organisations, notamment l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal et la Ligue antialcoolique de Montréal.
Libéral en politique, Geoffrion n’a jamais tenté sa chance aux élections. Au début du xxe siècle, il préside néanmoins le Club de réforme de Montréal qui, selon les statuts publiés en 1904, veut « maintenir et développer la prospérité politique du Parti libéral du Canada ». En 1923, il fait partie du bureau de direction du quotidien libéral le Canada, de Montréal, qui constitue à cette époque l’organe de l’aile modérée du parti.
Louis-Élie Geoffrion était un homme apprécié de la communauté, tant du côté francophone qu’anglophone ; c’est du moins ce que laissent supposer les commentaires élogieux formulés au moment de son décès. Loin de se limiter à ses activités strictement professionnelles, il avait une conception large du rôle de l’homme d’affaires dans la société et a apporté sa contribution à plusieurs associations à caractère économique, socioculturel et politique de la région montréalaise.
ANQ-M, CE601-S10, 17 mai 1853 ; CE606-S24, 4 févr. 1880 ; TP11, S2, SS20, SSS48, vol. 11-O, 1er févr. 1884, no 227 ; vol. 33-O, 1er févr. 1912, no 119 ; vol. 45-O, 25 juin 1920, no 841.— BAC, RG 31, C1, 1861, 1871, 1881, Varennes, Québec.— École des hautes études commerciales, Service des arch. (Montréal), P003 (fonds de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain), G ; P019 (fonds du Bureau de commerce de Montréal), B.— Le Canada (Montréal), 18 août 1923.— Le Devoir, 18 août 1923.— Gazette (Montréal), 18 août 1923.— Montreal Daily Star, 18 août 1923.— La Patrie, 1er avril 1902, 18 août 1923.— La Presse, 31 mars 1898, 18 août 1923.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Constitution et statuts du Club de réforme de Montréal, organisé le 17 juin 1898 (Montréal, 1904).— [Télesphore Saint-Pierre], Histoire du commerce canadien-français de Montréal, 1535–1893 (Montréal, 1894).— Souvenir de Maisonneuve, esquisse historique de la ville de Montréal [...] (Montréal, [1894 ?]).
Yves Bégin, « GEOFFRION, LOUIS-ÉLIE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/geoffrion_louis_elie_15F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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