GAY, JAMES, charpentier, aubergiste, armurier, serrurier, musicien et poète, né le 24 mars 1810 à Bratton Clovelly, Angleterre ; le 27 août 1833, il épousa au même endroit Elizabeth Stanlake, et ils eurent cinq enfants ; décédé le 23 février 1891 à Guelph, Ontario.
James Gay fit son apprentissage de charpentier auprès de son grand-père, puis il monta une petite entreprise à Plymouth avant d’immigrer dans le Haut-Canada en 1834. Cet été-là, il s’installa à Guelph et commença à travailler avec les hôteliers John Thorp, propriétaire du British Hotel, et William Dyson, à qui appartenait la Red Lion Tavern. Gay connut la prospérité et construisit en 1842 un immeuble de deux étages appelé Gay’s Inn, qu’il exploita jusqu’à ce qu’il le vende en 1865. Il était aussi propriétaire du Bullfrog Inn en 1847 et, à un certain moment au cours de cette période, il dirigea un troisième hôtel, le Durham Ox. Après la vente du Gay’s Inn, il reprit son travail de charpentier et pratiqua par la suite les métiers d’armurier et de serrurier dans son magasin situé sur la place du marché. Gay était également connu pour son talent de flûtiste et l’on avait souvent recours à lui pour jouer de la musique aux danses en plein air qui suivaient les foires agricoles.
Probablement vers la fin des années 1860, Gay fut atteint d’une « fièvre cérébrale » qui affaiblit ses facultés intellectuelles et, semble-t-il, fit naître chez lui une passion pour la rimaillerie qui, tout au long de sa vie, suscita la production enthousiaste de vers de mirliton. Fort de la publication de ses vers dans divers journaux et anthologies, il se proclama « poète lauréat du Canada et maître de tous les poètes ». Au début des années 1870, il fit l’acquisition d’un poulain à deux têtes qu’il emmena avec lui, vraisemblablement en 1873–1874, pour un périple de 15 mois en Angleterre, en Irlande et dans les îles Anglo-Normandes. De retour au Canada en 1875, il exhiba l’animal aux foires d’automne à Guelph et dans d’autres villes de l’Ontario. Il faisait payer 0,10 $ pour voir le poulain et, contre un supplément de 0,05 $, on pouvait acheter des exemplaires de ses poèmes. À la fin des années 1870, il semble que Gay se soit porté garant d’un percepteur qui, selon lui, ne remit pas les sommes requises aux autorités, ce qui entraîna sa ruine. Peut-être est-ce à la suite de cette mésaventure qu’en novembre 1879 il alla s’installer à Belleville, en Ontario, mais pas avant que le Guelph Daily Mercury and Advertiser n’ait qualifié sa poésie de « foutaise ». Immédiatement après avoir établi son commerce d’armurerie et de serrurerie à Belleville, il intenta au début de janvier un procès en diffamation contre le Mercury et le Free Press de Belleville. Le jury se prononça en faveur de Gay, mais on porta la cause en appel. À l’occasion d’un simulacre de procès tenu quelques jours plus tard, le verdict alla contre le poète et l’affaire fut close. Gay demeura à Belleville jusqu’en septembre 1881, puis revint à Guelph.
Il semble que Gay soit retourné en Angleterre au moins à deux autres reprises, en 1860–1861 et en 1882–1883. Apparemment, c’est ce dernier voyage qui lui inspira son premier recueil de vers, Poems by James Gay, poet laureate of Canada, master of all poets ; written while crossing the sea in 1882. Ce livre fut publié à Guelph en 1883, de toute évidence aux frais de Harry P. Dill, consul des États-Unis, qui en expédia des exemplaires à ses amis américains à titre d’échantillon de la poésie canadienne. Une critique du livre parue dans le Detroit Free Press incita un éditeur britannique à demander à Gay un volume de ses poèmes. Le poète répondit en envoyant une liasse d’écrits non publiés. Achetés pour la somme de £25, les poèmes parurent, en 1885 probablement, sous le titre de Canada’s poet : yours alway James Gay, poet laureate of Canada & master of all poets this day. L’introduction citait l’une des lettres du poète : « Alors vous pouvez publier / Ces poèmes et les envoyer / Partout en Angleterre / Et décidément vous verrez / Qu’ils se vendront comme / Des petits pains. » On trouvait également à l’intérieur de Canada’s poet une dédicace à Tennyson qui commençait ainsi : « Maintenant [que] Longfellow n’est plus, il ne reste plus que nous deux. Il ne doit pas y avoir de rivalité entre nous. »
Vers la fin de sa vie, James Gay continua d’être un personnage connu à Guelph qui se distinguait par sa redingote à l’ancienne mode et son chapeau de soie cabossé, sa flûte omniprésente et l’habitude qu’il avait de faire des rimes en parlant et de citer ses derniers vers. William Arthur Deacon l’a immortalisé comme personnage folklorique dans The four Jameses.
Il reste très peu de poèmes de James Gay à part ceux qu’on trouve dans les sélections de W. A. Deacon, The four Jameses (Ottawa, 1927 ; éd. rév., Toronto, 1953 ; réimpr. avec introd. de Doug Fetherling, 1974), et dans le volume publié sous le titre de Canada’s poet [...], introd. de James Millington (Londres, [1885]). Le seul exemplaire connu de Poems by James Gay [...] written while crossing the sea in 1882 (Guelph, Ontario, 1883), est un facsimilé dactylographié daté de 1927–1928, conservé avec quelques lettres et des renseignements biographiques au sujet de Gay parmi les notes de recherche de Deacon pour The four Jameses, à la UTFL,
Daily Intelligencer (Belleville, Ontario), 12 nov. 1879–13 sept. 1881.— Guelph Daily Herald, 24 févr. 1891.— Guelph Daily Mercury and Advertiser, 9 mai 1879–24 mars 1883, 24 févr. 1891.— Guide to the literary heritage of Waterloo and Wellington counties from 1830 to the mid–20th century ; an historical bibliography of authors and poets, G. [A.] Noonan et al., compil. (Waterloo, Ontario, 1985).— A. L. Hinds, Pioneer inns and taverns of Guelph (Cheltenham, Ontario, [1977]).— L. A. Johnson, History of Guelph, 1827–1927 (Guelph, 1977).— « James Gay, « The Poet of the Day », was a genial old man », Guelph Evening Mercury, éd. du centenaire, 20 juill. 1927 : 118.
John Lennox, « GAY, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gay_james_12F.html.
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Auteur de l'article: | John Lennox |
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
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