GATTY, JULIANA HORATIA (Ewing), écrivain, née le 3 août 1841 à Ecclesfield (South Yorkshire, Angleterre), fille d’Alfred Gatty, vicar d’Ecclesfield, et de Margaret Scott, auteur bien connu de littérature enfantine ; le 1er juin 1867, elle épousa Alexander Ewing, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédée le 13 mai 1885 à Bath et enterrée à Trull, près de Taunton, Angleterre.

Comme ses trois sœurs, Juliana Horatia Gatty reçut son éducation à la maison. Les enfants Gatty lurent et gardèrent en mémoire, entre autres, les histoires de Hans Christian Andersen, des frères Grimm et de Frederick Marryat. Les frères et sœurs de Juliana Horatia lui donnèrent le surnom d’« Aunt Judy », à cause de ses talents de conteuse et de mime. Sa mère utilisa ce surnom pour son livre à succès Aunt Judy’s tales (1858) et le magazine mensuel pour enfants qu’elle fonda en mai 1866, Aunt Judy’s Magazine. De même qu’elle jouait le rôle de conteuse dans la famille, de même la jeune fille montait des pièces de théâtre familiales et inventait des jeux.

Juliana Horatia Gatty commença sa carrière littéraire comme rédactrice en chef et « principale collaboratrice » d’un journal de famille non publié ; celui-ci exista de 1856 jusqu’au début des années 1870 sous divers titres, mais fut surtout connu sous le nom de « The Gunpowder Plot Magazine ». Son premier conte publié, « A bit of green », parut dans le Monthly Packet de Charlotte Mary Yonge en juillet 1861. On retrouve ce conte dans son premier livre, Melchior’s dream and other tales (1862), illustré par sa sœur aînée et édité par sa mère. La plupart des autres contes et poèmes qu’elle écrivit par la suite allaient d’abord paraître dans l’Aunt Judy’s Magazine.

Peu après son mariage célébré le 1er juin 1867, Juliana Horatia Ewing, qui signera ainsi ses œuvres désormais, s’embarqua avec son mari pour le Canada. Le major Ewing, attaché au 22e d’infanterie, fut affecté à Fredericton, où le couple demeura jusqu’à son retour en Angleterre en octobre 1869. Bien qu’elle ait eu occasionnellement le mal du pays, il est clair d’après les nombreuses lettres qu’elle envoya à sa famille que la jeune femme aima son séjour à Fredericton. Au début, elle demeura dans une grande maison qu’elle nomma Reka Dom, c’est-à-dire « maison au bord de la rivière ». Elle décrit dans une lettre le plaisir qu’éprouva son mari en découvrant que Fredericton était à la même latitude que le jardin d’Éden, et on a l’impression que ce coin devint pour eux une sorte de paradis durant les deux premières années de leur vie conjugale. Mme Ewing, qui était fascinée par la flore et la faune canadiennes, cultiva un jardin. Elle peignit à l’aquarelle des paysages du Nouveau-Brunswick, apprit à canoter sur la rivière et à faire de la raquette dans les collines environnantes. Elle étudia l’hébreu avec l’évêque John Medley*, fréquenta la cathédrale toute proche et fit la connaissance des Malécites de l’endroit, dont elle collectionnait les objets d’artisanat.

Pendant son séjour au Canada, Mme Ewing continua d’écrire. En septembre 1867, l’Aunt Judy’s Magazine publia « An idyll of the wood », qui comporte une description du Nouveau Monde : « Il y avait tout près une pinède et une éclaircie apparut [...] ce n’était pas le pays natal, mais c’était un coin d’une merveilleuse beauté estivale. » En décembre de la même année, « Three Christmas trees », dont l’action se passe « dans [une] petite ville d’une colonie éloignée », parut dans le même magazine. Mrs. Overtheway’s remembrances (1869), souvent considéré comme son meilleur livre, avait été publié à l’origine dans l’Aunt Judy’s Magazine, et les deux dernières parties du livre, qui en comprenait quatre, furent terminées pendant qu’elle était à Fredericton. La troisième partie parut dans le magazine de juin à octobre 1868 sous le titre de « Reka Dom » ; la quatrième partie, « Kerguelen’s Land », dont elle tira l’inspiration d’un livre appartenant à l’évêque Medley, parut aussi dans le numéro d’octobre 1868. Quelques-unes de ses œuvres écrites après son retour en Angleterre en 1869 sont le reflet de ses expériences au Canada. Dans ses contes, elle parlé de fleurs indigènes telles que le trillium et le pied-de-veau, et elle fait la description de plusieurs chiens qu’elle eut au Canada et auxquels elle était très attachée. Un poème, Canada home, parut dans l’Aunt Judy’s Magazine, en 1879, et dans l’édition de 1895 de Verses for children [...]. Il fut publié de nouveau, en même temps qu’un mémoire de Mme Ewing, huit de ses aquarelles canadiennes et 22 de ses lettres écrites de Fredericton, dans Leaves from Juliana Horatia Ewing’s « Canada home » (1896).

Après son retour en Angleterre, non seulement Juliana Horatia Ewing poursuivit sa carrière d’écrivain, mais elle travailla aussi quelque temps à l’édition d’Aunt Judy’s Magazine. À la mort de leur mère, en 1873, elle et sa sœur, Horatia Katharine Frances Eden, continuèrent la publication du magazine ; Mme Ewing se retira deux ans plus tard, et Mme Eden poursuivit seule le travail jusqu’en 1885, année où celle qui avait été sa plus précieuse collaboratrice mourut. Au cours des dix dernières années de sa vie, malgré une santé délicate, Mme Ewing était parvenue à publier presque un livre en moyenne par an. Dans son autobiographie, Rudyard Kipling parle ainsi de Six to sixteen [...] (1876) : « De façon indirecte, je dois plus à cette histoire que je ne peux l’exprimer. Je l’ai apprise et m’en souviens encore, presque par cœur. » En 1877, elle dédicaça A great emergency [...] à l’évêque Medley et à son épouse « en souvenir reconnaissant d’un heureux séjour au Nouveau-Brunswick ». Henry James a qualifié Jackanapes (1884) de « véritable petit chef-d’œuvre, merveilleux petit mélange de nature et d’art ». Quelques-unes de ses autres œuvres connues sont Lob Lie-by-the-fire [...] (1874), Jan of the windmill [...] (1876), The story of a short life (1885), et une collection publiée après la mort de l’auteur, Verses for children (1888). Une édition autorisée de ses œuvres parut en 18 volumes de 1894 à 1896.

L’œuvre littéraire de Juliana Horatia Ewing est caractérisée par un réel sentiment d’humanité. Ses plus grandes qualités résident dans son habileté à exprimer les plaisirs normaux de l’enfance dans un style naturel et non protecteur ; son don de décrire fidèlement et en détail la vie à la campagne ; son humour aimable, léger et ironique ; son sens commun, simple et pratique, ainsi que sa piété. Ses contes peuvent avoir le style de l’époque victorienne, mais ils ont encore leur place dans l’histoire de la littérature enfantine.

Desmond Pacey en collaboration avec Judith St. John

Juliana Horatia Gatty (Ewing) est l’auteur de « A bit of green », Monthly Packet (Londres), 22 (juill.–déc. 1861) : 80–91 ; Melchior’s dream and other tales, Mme Alfred Gatty [Margaret Scott], édit. (Londres, 1862) ; « An idyll of the wood », Aunt Judy’s Christmas volume for young people (Londres), 3 (mai–oct. 1867) : 257–266 ; « Three Christmas trees », Aunt Judy’s May-Day volume for young people (Londres), 4 (nov. 1867–avril 1868) : 80–88 ; « Mrs. Overtheway’s remembrances », Aunt Judy’s Christmas volume for young people, 5 (mai–oct. 1868) : 67–74, 162–167, 195–206, 259–275, 323–347 ; Mrs. Overtheway’s remembrances (Londres, 1869) ; Lob Lie-by-the-fire, or the luck of Lingborough ; and other tales (Londres, 1874) ; Jan of the windmill ; a story of the plains (Londres, 1876) ; Six to sixteen : a story for girls (Londres, 1876) ; A great emergency, and other tales (Londres, 1877) ; Jackanapes (Londres et New York, 1884) ; The story of a short life (Londres, [1885]) ; Verses for children and songs for music (Londres, 1888 ; éd. augmentée, Londres et New York, [1895]) ; [Works] (18 vol., Londres, 1894–1896). Un recueil, Leaves from Juliana Horatia Ewing’s « Canada home », E. S. Tucker, compil. (Boston, 1896), a également été publié. Pour une liste plus complète de ses ouvrages, voir British Museum general catalogue ; National union catalog ; The Osborne collection of early children’s books, [1476]–1910 : a catalogue, Judith St John, compil. (2 vol., Toronto, 1958–1975) ; H. K. F. [Gatty] Eden, Juliana Horatia Ewing and her books (Londres et New York, 1885).

G. [E.] Avery, Mrs Ewing (Londres, 1961).— Marghanita Laski, Mrs. Ewing, Mrs. Molesworth and Mrs. Hodgson Burnett (Londres, 1950).— Christabel Maxwell, Mrs Gatty and Mrs Ewing (Londres, 1949).— [M. O.] Oliphant et al., Women novelists of Queen Victoria’s reign : a book of appreciations (Londres, 1897), 298–312.— A. I. Hazeltine, « Aunt Judy : Mrs. Gatty and Mrs. Ewing », Horn Book Magazine (Boston), 16 (1940) : 320–330, 457–466.— « Juliana Ewing’s world : morality with fun ; interpreter of Victorian childhood », Times Literary Supplement (Londres), 9 août 1941 : 380.— Marjorie Thompson, « Mrs. Ewing in Fredericton », Atlantic Advocate (Fredericton), 55 (1964–1965), n6 : 38–42.

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Desmond Pacey en collaboration avec Judith St. John, « GATTY, JULIANA HORATIA (Ewing) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gatty_juliana_horatia_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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