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GANONG, GILBERT WHITE, instituteur, homme d’affaires, homme politique et fonctionnaire, né le 22 mai 1851 à Springfield, comté de Kings, Nouveau-Brunswick, fils de Francis Daniel Ganong et de Deborah Ruth Kierstead ; le 18 octobre 1876, il épousa à St Stephen (St Stephen–Milltown, Nouveau-Brunswick) Maria Famicha Robinson, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé à cet endroit le 31 octobre 1917.
Fervent baptiste toute sa vie, Gilbert White Ganong était le descendant de Jean Guenon, huguenot exilé de La Rochelle, en France, qui avait immigré en 1657 là où se trouve aujourd’hui New York. L’arrière-grand-père paternel de Ganong, Thomas, était arrivé au Nouveau-Brunswick en 1783 avec d’autres loyalistes. Avant-dernier d’une famille de six enfants, Ganong fut élevé dans le confort à Springfield, où son père était marchand et fermier. Comme bon nombre de ses contemporains, il obtint un brevet d’instituteur en vue de satisfaire de plus grandes ambitions. En 1873, après quatre ans d’enseignement, il avait épargné plus de 400 $. Son intention était d’entrer dans une école de médecine, mais son frère James Harvey le convainquit d’investir plutôt son argent et ses énergies dans une épicerie de gros et de détail et une maison de commission à St Stephen, centre commercial de quelque 5 000 habitants sur la rivière Sainte-Croix, dans le comté de Charlotte.
Afin d’assurer l’approvisionnement de leur épicerie, les frères Ganong ouvrirent en 1876 une boulangerie et une confiserie. Ayant survécu à un gros incendie en 1877, ils étaient bien placés pour profiter du tarif protectionniste instauré par les conservateurs fédéraux après leur retour au pouvoir en 1878 [V. sir Samuel Leonard Tilley*]. En 1879, ils ouvrirent une savonnerie. En 1885, pour faciliter l’expansion de leurs entreprises, ils se dissocièrent. La St Croix Soap Manufacturing Company passa à James Harvey ; Gilbert White conserva les autres entreprises sous la raison sociale de Ganong Brothers.
L’année suivante, Gilbert White Ganong construisit une confiserie de trois étages dans la grand-rue de St Stephen. Financée en partie par une hypothèque de 8 000 $ consentis par les administrateurs d’une succession de Saint-Jean, la nouvelle usine employait 100 personnes. La municipalité de St Stephen en favorisa le développement en l’exemptant de toute taxe durant dix ans. Cette concession fut renouvelée périodiquement et des avantages semblables furent consentis pour permettre les aménagements ultérieurs de la confiserie. Par deux fois, en 1888 puis en 1903, l’usine fut reconstruite au même endroit, après avoir été détruite par le feu.
Selon le recensement de 1891, la Ganong Brothers était une entreprise importante aussi bien sur le plan national que régional. Elle produisait près de 7 % de tous les bonbons fabriqués au Canada, employait 5 % du personnel des confiseries du pays et détenait 5 % des marchés dans l’ensemble du Canada, à Terre-Neuve et aux Bermudes. En 1892, Ganong la fit reconnaître juridiquement, selon la loi du Nouveau-Brunswick, sous le nom de Ganong Brothers Limited. En 1916, la compagnie provinciale fut liquidée, mais l’entreprise continua de fonctionner avec une charte fédérale et conserva le même nom. Même après sa constitution juridique, l’entreprise resta aux mains d’un petit groupe de parents et d’employés de longue date ; ils détenaient les actions et se partageaient les postes du conseil d’administration. Gilbert White Ganong était le principal actionnaire, le président et le directeur général.
En 1894, l’entreprise abandonna la boulangerie pour se spécialiser dans la confiserie. Au fil des 20 années suivantes, elle ouvrit des bureaux de vente dans tout le Canada et créa deux filiales : la Home Paper Box Company, à l’usine de St Stephen, qui produisait des emballages pour la Ganong Brothers et d’autres industries locales, et la Corona Company Limited, qui fabriquait des sucreries à Saint-Jean. Ganong s’enorgueillissait d’utiliser l’équipement le plus moderne et de recruter en Nouvelle-Angleterre des confiseurs hautement qualifiés pour superviser les étapes de la fabrication. Les femmes étaient affectées à l’emballage, comme c’était le cas en général dans l’industrie de la confiserie. Les procès-verbaux de la compagnie font souvent état de discussions sur les moyens d’attirer plus de jeunes filles à St Stephen. La compagnie faisait par exemple des tournées de recrutement en Grande-Bretagne et ouvrit en 1906 une pension pour les employées, l’Elm Hall. Pour avoir une chambre, les candidates devaient présenter une lettre de recommandation de leur ministre du culte.
Fervent conservateur, Ganong représenta la circonscription de Charlotte à la Chambre de communes de 1896 à 1908. Au cours de sa première campagne, en mai 1896, il s’engagea à soutenir la politique commerciale du Parti libéral-conservateur ainsi que tous les projets de loi favorables au mouvement de tempérance. Il remporta la victoire sur Arthur Hill Gillmor* par 472 voix, principalement grâce aux électeurs des régions intérieures et des petites localités. Député de l’opposition durant ses trois mandats au Parlement, il prit la parole sur des questions qui touchaient ses affaires. Il appuya le projet de loi sur la main-d’œuvre étrangère de 1897, au risque de voir restreindre son droit d’embaucher des ouvriers vivant de l’autre côté de la rivière, à Calais, dans le Maine. Il s’opposa à l’instauration de normes d’étiquetage permettant aux consommateurs de différencier le sucre d’érable pur et les produits contenant du sucre d’érable et d’autres sucres. Il reprocha au gouvernement libéral de ne pas avoir réussi à instaurer la prohibition même si la majorité des électeurs s’était prononcée en faveur de cette mesure à l’occasion du plébiscite de 1898. Ganong défendit également les intérêts de ses commettants : maintes fois, il réclama des aménagements portuaires et l’amélioration des moyens de communication desservant les villages côtiers et les îles. En ces occasions, il faisait appel au « nativisme » qui teintait si souvent le discours public de l’époque. Le gouvernement, reprochait-il par exemple, « dilapid[ait] les fonds publics en les donnant à des Doukhobors, à des Galiciens et à des Finlandais ».
Notamment parce qu’il avait soutenu financièrement le journal conservateur local, et dirigé le recrutement de volontaires et la collecte de fonds pour la Première Guerre mondiale, Gilbert White Ganong fut nommé lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick en 1917. Il succédait à Josiah Wood*, mais il mourut peu après son entrée en fonction. Ni dans son testament, ni à l’occasion de la réorganisation de la compagnie en 1916, il n’avait pris de dispositions en prévision de la transmission de l’entreprise à la génération suivante. Un de ses neveux, Arthur Deinstadt Ganong, prit sa place, et la compagnie survécut. Ganong avait fait fortune dans les affaires. Il avait investi dans des hypothèques et dans d’autres sociétés, mais ses actions de la Ganong Brothers constituaient le plus gros morceau de sa succession. Il légua la plupart de ces actions à sa veuve, Maria Famicha Robinson. Lorsque celle-ci mourut, le 30 novembre 1934, on estima sa succession à plus d’un million de dollars. La Ganong Brothers, qui dans les années 1990 demeure l’un des principaux employeurs de St Stephen et est toujours dirigée par un membre de la famille, n’a pas été aussi profitable aux générations suivantes.
APNB, MC 1247, 16 : 255–257 ; RS63, 1917 ; RS362, particulièrement A. D. Ganong à R. S. Barker, 31 oct. 1917 ; RS420, A/1 : 20 févr., 6 mars 1886 ; A/2 : 7 déc. 1891, 1er févr. 1892.— Charlotte County Registry Office (St Andrews, N.-B.), Record books, 38 : 333–338 ; 85 : 161–165.— Ganong Brothers Limited (St Stephen-Milltown, N.-B.), Company records, exemplaires dactylographiés de rapports de fin d’exercice de G. W. Ganong, 1874–1878.— Musée du N.-B., Ganong Brothers Limited (St Stephen), records.— Calais Advertiser (Calais, Maine), 16 mai 1877, 27 déc. 1905, 10 janv. 1906.— Saint Croix Courier (St Stephen), 10 juill. 1879, 22 janv., 12 févr. 1885, 11 mars, 11 nov. 1886, 29 nov. 1888, 22 nov. 1894, 14 août 1902, 19 mars 1903, 4, 18 janv., 28 juin 1906, 2 mars 1911, 21 juin, 5 juill., 2 août, 8 nov. 1917, 6 déc. 1934, 14 févr. 1935.— Canada, Recensement du Canada, 1890–91 (4 vol., Ottawa, 1893–1897), 3, table no I : 109 ; Chambre des communes, Débats, 9 sept. 1896 : 942s. ; 1897 : 2565 ; 1898 : 4177–4178, 5643–5644, 6102s. ; 1899 : 1098–1113, 1131–1133, 7373s., 7718s., 8140 ; 1901 : 3530 ; 1902 : 3291 ; 1903 : 13235 ; 1904 : 3761 ; 1906 : 1397, 1418s. ; 1906–1907 : 6076s., 6080, 6271–6274 ; Parl., Doc. de la session, 1897, no 20 : 262s.— David Folster, The chocolate Ganongs of St. Stephen, New Brunswick (Fredericton, 1990).— A genealogy of the New Brunswick branch of the descendants of Thomas Ganong [...], W. F. Ganong, compil. (Cambridge, Mass., 1893) ; (2e éd., E. R. Ganong, compil., à compte d’auteur, Toronto, 1978).— M. E. McCallum, « Family, factory and community : a social history of Ganong Bros., confectionery manufacturers, St. Stephen, New Brunswick, 1873–1946 » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1987).— Maritime Merchant and Commercial Rev. (Halifax), 16 févr. 1911 : 27 ; 18 janv. 1912 : 29.
Margaret E. McCallum, « GANONG, GILBERT WHITE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ganong_gilbert_white_14F.html.
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Auteur de l'article: | Margaret E. McCallum |
Titre de l'article: | GANONG, GILBERT WHITE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |