GAGNON, GUSTAVE (baptisé Gustave-Adolphe-Mathurin), organiste, professeur, administrateur scolaire et compositeur, né le 6 novembre 1842 à Rivière-du-Loup (Louiseville, Québec), dernier des neuf enfants de Charles-Édouard Gagnon, notaire, et de Julie-Jeanne Durand ; le 9 juillet 1873, il épousa à Québec Séphora Hamel, fille du marchand Abraham Hamel et nièce du peintre Théophile Hamel*, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé dans cette ville le 19 novembre 1930.
Jeune frère du musicien et folkloriste Ernest Gagnon*, Gustave Gagnon fit ses études classiques au collège Joliette et reçut une formation musicale à Montréal auprès de son beau-frère Paul Letondal, immigré français aveugle qui se distinguerait en tant que pianiste, violoncelliste et organiste. Gagnon lui-même fut organiste à Québec durant de nombreuses années, à l’église Saint-Jean-Baptiste de 1864 à 1870 et à la basilique Notre-Dame de 1876 à 1915. À l’instar de son frère Ernest et d’autres artistes de sa génération, il alla se perfectionner en Europe, de 1870 à 1872. À Paris, il étudia l’orgue avec Charles-Alexis Chauvet, le piano avec Antoine-François Marmontel et l’harmonie avec Auguste Durand. Par la suite, à Liège, en Belgique, il suivit des cours de piano avec Félix-Étienne Ledent et d’harmonie avec Jean-Théodore Radoux. Pendant les vacances estivales de 1871 et de 1872, il visita deux centres musicaux d’Allemagne, Dresde et Leipzig, et y suivit des leçons d’orgue auprès de Benjamin Robert Papperitz et de Louis Plaidy. Ses rencontres avec Camille Saint-Saëns et Franz Liszt furent de grands moments de son séjour outre-mer. Il rencontra Liszt une première fois à Rome puis eut l’occasion d’assister à Leipzig à une répétition de la Légende de sainte Élisabeth sous la direction du compositeur.
De retour à Québec, Gagnon amorça une longue et belle carrière d’éducateur et, quelques années plus tard, il reprit un poste d’organiste. En 1868, avec Ernest, il avait participé à la fondation de l’Académie de musique de Québec, dont la mission était de fixer des critères et de préparer des examens pour l’ensemble de la province. Tout au long de sa vie, il serait un maître dévoué, attaché à des principes rigoureux. Il eut notamment comme élèves Joseph-Daniel Dussault, futur organiste à l’église Notre-Dame de Montréal, Léo-Pol Morin*, pianiste et influent critique musical, de même que son propre fils Henri*, qui lui succéderait en 1915 à titre d’organiste de la basilique et exercerait cette fonction jusqu’en 1961. En outre, il enseigna à l’école normale Laval, au petit séminaire de Québec et à la succursale québécoise du Dominion College of Music, à l’ouverture de laquelle il contribua.
En 60 ans de carrière, Gagnon acquit beaucoup de considération en tant que musicien et professeur. Le fait qu’il ait été le premier à diriger l’École de musique de l’université Laval témoigne éloquemment de l’estime qu’on lui portait. Nommé en 1922 à la direction de cet établissement où il enseigna jusqu’en 1930, il eut une grande influence sur le programme, qui mettait l’accent sur la musique sacrée, entre autres le plain-chant et le répertoire pour orgue. Il avait la réputation de bien connaître sa matière et d’être à la fois un professeur bienveillant et un bon administrateur.
On retient aujourd’hui, dans l’œuvre de Gagnon, plusieurs compositions pour piano, notamment Reflets du passé et Souvenirs de Leipzig, toutes deux dans la tradition des pièces descriptives du xixe siècle, souvent destinées à des virtuoses. Sa Marche pontificale, écrite pour le piano ou l’orgue puis orchestrée par Joseph Vézina, est bien connue aussi. Parmi ses morceaux de musique sacrée, on compte une harmonisation de la Messe royale, pièce de plain-chant populaire du compositeur français du xviie siècle Henry de Thier, dit Du Mont. Une chorale de 600 voix chanta cette œuvre en juin 1880 sur les plaines d’Abraham, lors des célébrations où fut également exécuté, pour la première fois, le Ô Canada de Calixa Lavallée*.
La carrière musicale de Gustave Gagnon, souvent évoquée en même temps que celle de son frère Ernest – leur vie présente en effet bien des points communs –, se distingua par une productivité exceptionnellement longue et soutenue. Si, tout au long du xxe siècle, au Canada français, l’exécution de la musique sacrée et des pièces pour orgue a été d’une telle qualité, c’est en partie grâce à lui.
ANQ-MBF, CE401-S15, 6 nov. 1842.— ANQ-Q, CE301-S1, 9 juill. 1873.— Le Devoir, 19 nov. 1930.— Encyclopedia of music in Canada (Kallmann et al.).— Arthur Letondal, « Gustave Gagnon », la Rev. moderne (Montréal), 2 (1921), no 8 : 13s.— J.-M. Turgeon, les Vendredis de l’oncle Gaspard (Québec, 1944), 193–200.
Gordon E. Smith, « GAGNON, GUSTAVE (baptisé Gustave-Adolphe-Mathurin) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gagnon_gustave_15F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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