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FROTHINGHAM, JOHN, négociant, né en juin 1788 à Portland, Maine, fils du juge John Frothingham de la Cour supérieure du Massachusetts et de son épouse Martha, décédé le 22 mai 1870 à Montréal.
John Frothingham dut apprendre très jeune à ne compter que sur lui-même. Il entra au service de la firme de quincaillerie de Samuel May à Boston et, en 1809, fut envoyé à Montréal pour y ouvrir une succursale. À son arrivée, il s’associa à un petit groupe sans cesse croissant d’Américains, la plupart de la Nouvelle-Angleterre et de l’état de New York, intéressés au commerce montréalais en voie d’expansion. Même si la communauté américaine de Montréal fut l’objet de discrimination sociale et commerciale après la guerre de 1812, elle continua cependant à s’accroître et à prospérer. Frothingham connut lui-même au début des insuccès en affaires mais se lança une seconde fois dans le commerce de quincaillerie, en société avec son jeune frère Joseph May Frothingham ; ce dernier mourut en 1832 à l’âge de 32 ans. En 1836, Frothingham s’associa à William Workman*, et leur firme devint la plus importante entreprise de commerce de gros en quincaillerie et en ferronnerie de l’Amérique du Nord britannique. En 1853, les associés s’installèrent dans des locaux plus grands et entreprirent, à peu près à la même époque, la fabrication d’une partie de leur propre marchandise.
Frothingham fut membre fondateur et actionnaire de plusieurs sociétés et associations qui furent créées pendant la période d’expansion des années 40 ; mentionnons, entre autres, le Bureau de commerce de Montréal, la Compagnie du chemin à lisses du Saint-Laurent et de l’Atlantique, la Bourse de Montréal et la Compagnie canadienne de navigation à vapeur de l’intérieur. Il faisait également partie de la Société d’école anglaise et canadienne de Montréal et de la Société d’horticulture de Montréal. En dehors de son commerce cependant, Frothingham s’intéressait surtout à la Banque de la Cité de Montréal. Instituée en 1831, ce fut la première banque qui réussit à briser le monopole de la Banque de Montréal dans la cité. Il se peut que les Montréalais qui mirent sur pied la nouvelle banque n’aient pu obtenir de crédit de la Banque de Montréal mais la liste des premiers actionnaires nous laisse plutôt croire que les bailleurs de fonds américains, la plupart de l’état de New York, qui fournirent la majeure partie du capital initial, étaient mus par l’appât du gain. Frothingham participa aux affaires de la banque, dès sa création, avec John Molson*, William Ritchie*, François-Antoine Larocque, Thomas A. Begley, Joseph Vallée, John Easton Mills, Stanley Bagg et William Lyman, groupe constitué surtout d’Américains et de Canadiens français. Frothingham détenait une quantité importante des actions ; il fut membre du conseil d’administration pendant au moins 16 ans et président, de 1834 à 1849, date à laquelle il remit sa démission. La banque subit de lourdes pertes en 1849 et peut-être se sentit-il obligé d’assumer sa part de responsabilité. Workman lui succéda à la présidence.
À mesure que ses affaires prospéraient, Frothingham, comme bon nombre de ses collègues, se mit à vivre de façon plutôt fastueuse. Au cours des années 40, lorsque la mode se répandit chez les marchands locaux d’abandonner leurs quartiers au-dessus de leurs magasins de la rue Saint-Paul et de s’installer dans de vastes résidences sur les flancs du mont Royal, Frothingham construisit la somptueuse résidence Piedmont qui servit à loger le gouverneur général lorsque le parlement siégea à Montréal.
Frothingham ne se mêla ni de politique provinciale ni de politique municipale et était satisfait, semble-t-il, de sa participation au monde des affaires. Le journal qu’il tint pendant de longues années ne dévoile qu’un intérêt passager pour les événements politiques courants. Son fils John se joignit à l’entreprise et, en 1859, Frothingham prit sa retraite et mena une vie paisible dans sa propriété. Presbytérien, il contribua généreusement au soutien des écoles protestantes de Montréal, de Queen’s College de Kingston et de McGill University. Deux fils et une fille, Louisa Goddard, épouse de John Henry Robinson Molson, lui survécurent.
APC, MG 27, I, E10A.— Archives privées, J. I. Cooper (Tillsonbury, Ont.), John Frothingham diary.— Musée McCord, Antiquarian autographs.— B.-C., Statutes, 1833, c.32 ; House of Assembly, Journals, 1835, app.J.— Canada, prov. du, Statutes, 1841, c.90, c.97 ; 1844, c.25 ; 1852, c.146 ; 1857, c.169 ; 1859, c.122 ; Legislative Assembly, Journals, 1843, 2, app.S.— Gazette (Montréal), 10 févr., 8, 15, 19, 29 mars 1831, 12 mars 1849, 23 mai 1870.— La Minerve, 25 mai 1870.— Montreal Herald, 23 mai 1870.— Montreal Transcript, 15 févr. 1840.— Pilot (Montréal), 2, 5 avril 1844, 11 mai 1853.— Lower Canada almanack [...], 1840.— Montreal almanac [...], 1839.— Montreal directory, 1841–1850.— Gerald Tulchinsky, The Montreal business community, 1837–1853, Canadian business history, selected studies, 1497–1971, D. S. Macmillan, édit. (Toronto, 1972), 131.
Gerald Tulchinsky, « FROTHINGHAM, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/frothingham_john_9F.html.
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Auteur de l'article: | Gerald Tulchinsky |
Titre de l'article: | FROTHINGHAM, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |